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3,87

sur 244 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Août 1937. C'est ce fameux jour où un violent orage s'abattit sur le Salzkammergut, au pied des Alpes autrichiennes, que la vie de Franz Huchel bascula. Suite au décès d'un ami de sa maman, qui, substantiellement, alimentait le compte en banque de cette dernière tous les mois, le jeune homme de 17 ans se vit contraint de quitter sa Haute-Autriche pour la ville de Vienne. Là-bas, un vieil ami, Otto Tresniek, buraliste de son état, vétéran et mutilé de guerre, veut bien l'accueillir dans son commerce pour lui donner un coup de main. Très vite, même si ses montagnes et ses champs lui manquent, Franz tombe amoureux de la ville et trouve en Otto un mentor qui lui ouvre l'esprit. Mais, il ne connait pas encore l'amour. Et, sa rencontre avec une jeune bohémienne et artiste de cabaret va le bouleverser. Apprenant que le célèbre docteur Sigmund Freud fréquente la tabac d'Otto, il espère ainsi recevoir quelques conseils...

En plein coeur de Vienne, l'on fait la connaissance de Franz, venu tout droit de ses montagnes, et qui va entrer de plein pied dans la vie. Outre l'amour qui le submerge, il devra faire face à une société "nouvelle". Nous sommes en 1937, soit un an avant l'Anschulß, l'Allemagne nazie étend son pouvoir et ses convictions. Certaines personnes tentent encore de faire front, notamment Otto, en acceptant les Juifs dans son magasin. le jeune Franz, quant à lui, ne comprend pas vraiment ce que l'on peut leur reprocher. L'auteur nous plonge à la fois dans une ambiance calme, légère, drôle avec ces échanges entre Freud et Franz, et dramatique. Un beau roman d'apprentissage porté par une écriture poétique et délicate...
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Ce roman de Robert Seethaler : le tabac Tresniek ne pèche pas par excès d'originalité puisqu'il se situe en grande partie en Autriche en 1938, année l'Anschluss et du début des persécutions nazies. La littérature qui couvre cette période est riche en romans, essais et témoignages.
Ce qui m'a plu dans ce roman ne vient donc pas de la thématique mais plutôt de la perspective choisie par l'auteur dans son récit que je qualifierais volontiers de trompe l'oeil.
On croit entrer dans un roman d'apprentissage avec le départ du jeune Frantz Huchel de son Salzkammergut natal pour venir travailler à Vienne chez un ami de sa mère, Otto Tresniek, propriétaire d'un bureau de tabac où défile une clientèle hétéroclite évoquée dans une série de portraits finement croqués et fort drôles. C'est d'ailleurs l'humour de l'auteur qui a emporté mon adhésion au récit et aux personnages dans toute la première partie du récit : par exemple le clin d'oeil sans doute au Candide de Voltaire tant son jeune héros, Frantz, lui ressemble par sa candeur, sa naïveté, son intelligence et sa vivacité d'esprit. Bien sûr ses pérégrinations amoureuses avec Anezka bien plus expérimentée que lui en matière amoureuse ne sont pas non plus sans rappeler les déboires du héros voltairien dans ce domaine. Mais la trouvaille de l'auteur qui m'a beaucoup amusée est d'avoir eu le culot de faire entrer dans son roman, devinez qui ? Freud, en personne, le "docteur des fous" comme l'appellent tous les clients du tabac Tresniek, car pour donner du piment au récit c'est Otto Tresniek qui est le fournisseur attitré en havanes du célèbre docteur viennois. C'est ainsi que Freud va devenir en quelque sort le Pangloss de Frantz. Et cela va donner lieu à de savoureux dialogues entre ces deux personnages avec pour Freud une vision iconoclaste de sa personne fort drôle ! Qui imaginerait en effet le célèbre psychanalyste tenir par moments avec Frantz des conversations dignes du café du commerce, tout en arrivant à ses fins, c'est-à-dire lui parler de sa libido. Mais Frantz n'est pas en reste. Et lors de sa dernière visite à Freud avant son départ pour l'Angleterre, le rapport de protection va s'inverser. Emu par la vieillesse et la fragilité de son mentor endormi, Frantz va quitter l'appartement en prenant soin de le couvrir...
C'est d'ailleurs le point de bascule du récit : la fête est finie à Vienne, les loups nazis s'installent et avec eux leur régime de terreur qui n'épargne personne, pas même Frantz qui passe brusquement de l'adolescence à l'âge adulte dans les pires conditions qui soient... Sa candeur cède à la place à une lucidité amère et sa confiance en l'amour et l'amitié sera battue en brèche par le désespoir!
La plume de l'auteur change aussi. Elle se muscle, devient véhémente avec quelques passages violemment sarcastiques, derrière lesquels on perçoit à la fois l'indignation et l'impuissance devant le déchaînement de la folie nazie.
Dommage que l'ultime fin du récit soit un peu en rupture avec ce qui précède , surtout une très belle scène à la fois émouvante et poétique qui évoque le geste fou et dérisoire de Frantz pour entrer en résistance contre les bourreaux de son cher Otto Tresniek, son maître d'apprentissage mais bien plus encore un père de substitution pour lui qui n'avait pas connu le sien. Un ultime baroud d'honneur qui lui sera fatal...
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C'est l'histoire de Franz, jeune autrichien arrivant à Vienne et travaillant chez une connaissance de sa mère, un buraliste.
Et parmi, ses clients, il y a le grand professeur Sigmund Freud, une sacrée chance puisqu'il devient une sorte de confident au cours de son périple.
Il découvre l'amour, la traîtrise, puis la violence…
Parce que nous sommes en 1938… et ce pauvre Otto Tresniek (buraliste) est accusé de vendre des lectures dites libertines… Et Freud doit fuir son pays…
une histoire touchante… ou la haine et la trahison mènent le jeu au cours de ce récit…

Un roman à découvrir !

Bonne lecture !

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Petit ouvrage vraiment sympathique à lire.
Tout en nuance et légèreté.
Vite lu sans réelle découverte historique
Un ouvrage pour passer le temps agréablement.
Un ouvrage à dimension très humaine.
Un ouvrage qui nous rappelle de l importance des petits et grands événements.
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Autriche 1937 ...Le Preininger a été foudroyé par un orage lors de sa baignade...c'était l'un des hommes les plus riches de la contrée. Amateur de femmes, il aimait aussi la mère de Franz Huchel. Celle-ci, privée d'une partie de ses ressources qu'il lui adressait tous les mois, se voit contrainte d'éloigner son fils, de lui trouver un emploi. Ce sera chez Otto Tresniek, qui tient un bureau de tabac à Vienne. L'homme "doit une faveur" à sa mère...On n'en saura pas plus.
Après un long voyage en train, Franz découvre Otto, un invalide, amputé d'une jambe au cours de la première guerre mondiale. C'est grâce à cette jambe manquante qu'il a pu obtenir ce commerce. Franz fait connaissance avec un homme cultivé et découvre le monde des journaux. "Le poste de travail de Franz allait être un petit tabouret, près de la porte d'entrée. C'est là qu'il était censé rester tranquillement assis sans piper mot, à attendre les instructions - tant qu'aucune tâche plus urgente ne le requérait -, tout en s'employant à aiguiser sa cervelle et à élargir son horizon, autrement dit, à lire les journaux" et humer le tabac et les cigares....et l'air du temps.
Cet emploi lui laisse aussi du temps pour découvrir la vie viennoise et rencontrer Anezka, jeune fille un peu fantasque dont il tombe amoureux mais qu'il ne sait trop comment aborder. Alors il demandera à un vieux monsieur, toujours impeccablement vêtu qui fait partie des clients d'Otto Tresniesk...Sigmund Freud qui souffre d'un cancer, de l'informer, de lui parler de l'amour, de sa libido.....tendre et touchant.
Tout irait pour le mieux si les chemises brunes ne faisaient pas régner la peur qui devient terreur, lorsque des personnes disparaissent parce qu'elles sont juives, ou parce qu'elles sont trop critiques. Franz le vivra de près. Je n'en dirai pas plus.
"Ce qui se passe à l'heure actuelle dans le monde n'est rien qu'une tumeur, un cancer, un bubon de peste puant et purulent, qui va bientôt éclater et déverser son contenu répugnant sur l'ensemble de la civilisation occidentale."
La conscience politique du gamin, qui a de moins en moins de journaux à lire, va progressivement s'éveiller, du fait de ses lectures et de ses rencontres. le gamin va narguer le pouvoir et coller chaque jour un papier sur lequel figurera son rêve du jour...une résistance passive mais dangereuse face à la haine et la violence, face à Gestapo qui traque cet inconnu.
Peinture sociale d'une époque, de gens simples et de salauds.
Sujets mille fois évoqués dans la littérature. Mais Robert Seethaler le fait avec pudeur, grâce à la fraîcheur de Franz et à son ironie.
Un auteur à découvrir
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Je retrouve ici un auteur, Robert Seethaler, que j'avais découvert et apprécié lors de la lecture d'Une vie entière.

J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre une année de la vie du jeune Frantz dans l'Autriche des années 1937-38.

Ce jeune homme se retrouve à Vienne où, assis sur le tabouret qu'il occupe dans le bureau de tabac d'Otto Tresniek, il va pouvoir observer les changements dans la ville, dans le pays et bientôt dans le monde.

Parmi ses clients, il y a notamment un homme duquel il va se rapprocher au fils des semaines, le professeur Freud.

Dans la ville, il va découvrir l'amour, l'antisémitisme et la violence des nazis.

J'ai aimé la façon dont l'auteur nous montre au fil des pages le changement.
Comment petit à petit, on s'habitue à ces nazis et à leurs idées dans le pays.
Comment petit à petit, certains vont révéler leur vrai visage.
Comment petit à petit, par conviction, par peur ou par indifférence, on peut accepter l'inacceptable.
Et comment grâce à cela, Hitler et les nazis ont réussi à faire tout ce qu'ils ont fait pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Une bonne lecture sur un sujet qui m'intéresse particulièrement.
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Franz, jeune de homme de 17 ans, innocent, ne connaissant rien du monde arrive à Vienne pour travailler avec un buraliste, mutilé de guerre et ancien amant de sa mère. Nous sommes en 1937 et Hitler a des vues sur l'Autriche.
Franz va tomber amoureux, va rencontrer Freud et s'attachera au buraliste qui continue à accueillir les juif dans son tabac.
Le regard est naïf, il ne comprend pas vraiment ce qui se passe mais il sent parfaitement que le monde ne tourne plus rond. Sa conscience lui dicte ce qu'il doit faire
Le style de Robert Seethaler est si agréable et jamais monotone. L'ambiance de cette période de l'Histoire est parfaitement rendue.
Les dialogues sont savoureux et les lettres entre Franz et sa mère un régal.
Un roman simple mais profond.
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Un jeune autrichien doit quitter sa province natale. Sa mère le fait embaucher chez un ami à Vienne qui tient un tabac. Franz va vite s attacher au buraliste unijambiste et surtout sympathiser avec un client, le vieillard Freud. Nous sommes en 1937, la propagande de Hitler envahit les journaux et le reste aussi, alors que le corps et le cerveau de Franz, comme tout adolescent, est empli des préoccupations des choses de l amour. Parce que, quel que soit le contexte, les étapes de chaque construction individuelle continue.

J ai retrouvé cette belle écriture dont j ai fait la connaissance avec « Une vie entière ».
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Un roman double : d'un côté, l'évolution, l'éclosion d'un "p'tit gars" de la campagne découvrant la ville, l'amour, la complexité des relations humaines... et la guerre.
De l'autre, l'évolution d'une ville dans ces années troubles, l'antisémitisme, les croix gammées, les arrestations, les assassinats.
Bouleversements politiques, bouleversement intimes, mais si le thème est particulièrement grave, l'écriture ne l'est pas, pas de pathos ici!
Et au milieu, le personnage de Freud, vieillissant, malade, et cette sorte d'amitié naissante entre les deux hommes, qui semblaient si peu faits pour se rencontrer, ces rêves affichés dans la vitrine, comme autant de possibilités ouvertes à la réflexion du passant... de quoi susciter aussi celle du lecteur...
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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Fin des années 1930.
Franz Huchel, dix-sept ans, est contraint de quitter son paisible village du Salzkammergut pour Vienne, afin d'y gagner une subsistance jusqu'alors assurée par un ami de sa mère subitement décédé. Celle-ci le recommande à une de ses vieilles connaissances, l'unijambiste Otto Tresniek, qui tient un tabac dans la capitale.

Le jeune homme découvre l'atmosphère étourdissante de la ville, son chaos de sons et de lumières, son grouillement permanent, sa puanteur ambiante. Il y prend bientôt ses marques, y fait l'apprentissage de l'amour mais aussi celui de la violence et de la perte.

Le tabac Tresniek accueille une clientèle hétéroclite d'ouvriers et de fonctionnaires, de retraités et d'étudiants. Il est aussi le lieu d'approvisionnement en cigares d'un hôte de marque en la personne du professeur Sigmund Freud, dont même Franz a entendu parler, la renommée du « docteur des fous » ayant atteint même les coins les plus reculés d'Autriche.

Otto, véritable institution du quartier d'Alsergrund où il démontre sa parfaite connaissance des marottes et habitudes de tous ses clients, lui enseigne le métier de buraliste, sur lequel il a des idées bien arrêtées, l'une d'entre consistant en l'obligation de lire, de la première à la dernière page, l'intégralité des journaux que vend son commerce.

Employé docile, Franz est par ailleurs en pleine effervescence hormonale. Obnubilé par l'assouvissement de désirs qui le hantent du matin au soir, il finit par rencontrer Anezka, une jeune bohémienne qui n'a pas froid aux yeux, mais qui disparaît sitôt après l'avoir dépucelé. Las, le jeune homme est mordu ! Démuni face aux émotions et aux bouleversements physiologiques que provoque cette expérience amoureuse, il ose demander conseil au Professeur Freud. Habituellement mal à l'aise avec « les petites gens », ce dernier est séduit par le bon sens, la sincérité et la fraîcheur candide de Franz.

Pendant ce temps, Vienne subit la montée du national-socialisme, une menace pour le juif Sigmund Freud mais aussi pour l'esprit libre qu'est Otto Tresniek…

Découvert avec grand plaisir lors de l'édition 2022 des Feuilles allemandes avec son titre "Le champ", Robert Seethaler ne m'a pas déçue à l'occasion de ce deuxième rendez-vous. Son roman mêle en un parfait équilibre humour et tragédie, fiction et réalité, en même temps qu'il nous attache irrémédiablement au jeune Franz, mais aussi à son buraliste au caractère bien trempé, plus droit dans ses bottes que beaucoup d'individus pourtant pourvus, eux, de leurs deux jambes !

La tendresse avec laquelle l'auteur anime ses héros rend d'autant plus absurde et atterrante l'intolérance et la cruauté dont ils sont victimes.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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