En vieillissant les hommes pleurent

En vieillissant les hommes pleurent. C'était vrai. peut-être pleuraient ils tout ce qu'ils n'avaient pas pleuré dans leur vie, c'était le châtiment des hommes forts.

En général, c'est ainsi. La géographie il faut voyager pour l'aimer. L'histoire, elle vit avec nous, même si on reste sur place toute sa vie. Qu'on le veuille ou non, elle finit toujours par s'asseoir à notre table.

[Gilles, 10 ans]
Quelque chose, dans la photographie, l'intriguait depuis longtemps. Il voulait savoir si le corps des photographiés était contenu sous les vêtements dans les photographies ? L'image était-elle la personne ou seulement son apparence ? La question était de taille, et Monsieur Antoine lui apprit qu'au sujet des images tout était question de mots, que si, dans les mots et au-delà des mots, il y avait des images, il n'y avait pas d'images sans mots, aucune, pas même les photographies et encore moins les portraits. Gilles ne comprenait pas. Monsieur Antoine lui expliqua que les images étaient sources de toutes sortes de récits, qu'en regardant une photographie on pouvait se souvenir d'une personne, se rappeler son corps, sa façon d'être, de se mouvoir, de parler, mais qu'on pouvait aussi extrapoler à partir des éléments visibles jusqu'aux choses invisibles... Les images ne disent rien, elles font dires.
- C'est pour ça, conclut-il, que nous les avons inventées, nous les hommes ! hommes

Entrer dans la rivière. Disparaître. En finir avec toutes ces émotions et toutes ces questions qui l'affaiblissaient. Il enleva ses sandales, retira sa chemise puis son tricot de peau blanc, ensuite son bleu et son slip qu'il abandonna sur un rocher laissant l'ombre des noisetiers recouvrir sa peau blanche. Nu, il se croyait presque mort.
Il posa les pieds dans la rivière, laissa la fraîcheur de l'eau remonter par ses pieds pour l'irriguer tout entier. Il resta ainsi debout. Il eut l'impression de fondre, puis de s'effondrer sur lui-même, avant de finir par s'allonger sur les pierres et la vase jusqu'à ce filet d'eau glacé continue de le recouvrir, dégringole sur ses épaules, lui parle aux oreilles, l'inonde, l'immobilise et engloutisse dans le courant ce nouveau sanglot si difficile et si ancien qui le secouait tout entier. Albert ne résista plus à rien. Ce qui restait de ses pensées s'enfuyait avec ses larmes dans le gargouillis de l'eau. Il n'entendit plus que le chant des oiseaux, un battement d'ailes, supporta à nouveau le froid, les tremblements aussi, l'anesthésie totale de tous ses membres, jusqu'à devenir une autre pierre de la rivière.

Mais la mort ne vint pas.

(..) l’instant avait inoculé en lui une tristesse particulière, de celle qui, en un fragment de seconde, permet de déchirer la membrane qui nous sépare souvent de la vérité sur nous-mêmes ou sur les autres, et nous oblige à poser sur le petit monde qui nous entoure un regard sans concession

Le temps de la vaisselle après le repas était un temps presque sacré où les femmes se retrouvaient sans les hommes. C’était l’occasion pour elles de remettre les choses en place et de ranger les pensées en deux catégories, les fragiles et les ordinaires.

L’expression n’est pas suffisamment moderne pour venir de vous. Il faut croire qu’elle est remontée jusqu’à vous , de génération en génération, de la manière la plus sournoise possible. La famille est une source inépuisable de lieux communs. La famille est même LE lieu commun où l’on brasse, tous ensemble, la légende

C'est un visionnaire . Et comme tous les visionnaires, sa conviction est plus forte que les résistances qu'il rencontre.

Donc, chaque fois que son père évoquait cette Algérie lointaine, l'enfant traduisait ses paroles en images et voyait les Algériens comme les Indiens aux corps peints et emplumés dessinés sur les gravures de la biographie du grand découvreur qu'il avait lue l'an passé.Tout était parfaitement clair, cohérent et juste.Cela ne faisait aucun doute.Henri était un des hommes de Christophe Colomb et la France l'Espagne du XV ème siecle .Point de cruauté dans tout ça d'après le livre, seulement de la découverte,de la justice et du christianisme.(p84)

Les phrases étaient comme des routes de montagne avec des virages qui s'enchainent les uns aux autres et au bout desquels se révèlent des paysages magnifiques.(p 57).