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4,07

sur 830 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Peut-être que c'est parce que j'ai lu Toni Morrison avant, mais je ne vais pas rejoindre le choeur de louanges. J'ai trouvé que le roman de Jean-Luc Seigle manquait d'ampleur, que l'auteur n'arrivait pas bien à se lâcher - une écriture un peu trop appliquée, trop prudente, pas de jaillissement, d'inattendu, une route un peu trop droite. (On se tape même pour finir un cours magistral bien lourd et bien peu romanesque)
Bon d'accord, un roman sur le désir de mort, il ne faut pas s'attendre à ce que ce soit vibrionnant de vie et de belle énergie.
Ça commençait bien pourtant, avec Prévert cité au seuil du livre:
« Un ouvrier c'est comme un vieux pneu,
Quand y'en a un qui crève,
On l'entend même pas crever »
Mais Jean-Luc Seigle est beaucoup plus comme-il-faut que Prévert, pas de dérapages contrôlés dans cette histoire d'un ouvrier de Michelin ; Albert à vrai dire n'a plus envie d'avancer avec ce monde qui a appuyé lourdement sur la pédale d'accélérateur et change à toute allure, au début des années 60, où la télé s'introduit dans les maisons, où le Formica chasse la table en bois, où l'on prend un virage brutal vers une société de consommation qui pourrait bien nous projeter dans le mur au bout de sa course folle.
L'ennui aussi c'est que les personnages féminins de Jean-Luc Seigle ne m'ont vraiment pas touchée. La femme d'Albert, Suzanne, voue un culte à la modernité, à l'électroménager… Et aussi à son apparence, mise en pli, maquillage, talons aiguilles et robes copiées sur ses héroïnes de Nous Deux. Et puis, franchement, une femme qui n'a éprouvé, nous dit-on, de jouissance que lors de son accouchement, ça me laisse un peu dubitative.
Quant à la soeur d'Albert, Liliane, l'auteur semble penser que ce qui est embêtant chez elle, c'est qu'elle a des opinions politiques, alors qu'elle est si charmante quand elle se cantonne à être une bonne fille, ha là la grâce l'habite quand elle s'en tient à exprimer son affection dans le cercle familial.

D'accord, je suis sans doute sévère, le thème du livre est intéressant, il y a des passages qui ne manquent pas de justesse, mais je dois bien avouer que cette lecture est loin de m'avoir passionnée.
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Ce sont les femmes qui pleurent d'habitude, mais pas ici, où l'auteur veille à donner ce rôle aux hommes, ou plutôt à un homme, André. Il le féminise, ainsi qu'il donne aux femmes du livre un rôle plus dominant, plus autoritaire ou plus pénible. L'un ne va pas sans l'autre, d'ailleurs. J'ai trouvé à ce livre beaucoup d'ampleur et de souffle, mais il était inégal. A un point du récit, les références au remembrement se sont faites trop nombreuses, et mon intérêt s'est amenuisé.

Nous sommes au sein d'une famille d'ouvrier de la campagne après la guerre. Un intérieur modeste, qui sent bon le café, la table en formica de la cuisine, ouverte sur le jardin. André s'affaire dans le potager, la voisine vient jouer la curieuse. Suzanne se refait une deuxième jeunesse, mais sa frivolité est mal placée, toute entière dédiée à son fils, parti en soldat loin d'elle.

D'ailleurs un jour, Suzanne demande quelque chose de terrible à André. Il doit laver entièrement sa mère. D'ordinaire, c'est elle qui le fait, mais aujourd'hui, elle n'a pas le temps. Il faut dire qu'on ne sait plus où Suzanne a la tête, depuis qu'elle veut s'épanouir. André subit, et accepte, contraint et forcé, de faire ces gestes sur sa génitrice. Il le faut bien. Les événements sont tristes. On a le coeur serré par ces moments pleins de pudeur et de non dits, poignants, et qui ont une portée symbolique aussi.
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Beaucoup de commentaires ont déjà été écrits sur ce livre et je ne peux que m'associer aux louanges sur son caractère touchant et émouvant. Mon enthousiasme est cependant quelque peu atténué par la tristesse et le pessimisme qui s'en dégagent, et que l'auteur sait rendre communicatifs. J'ai aussi regretté la vision aussi tranchée entre tradition et modernité, ou entre l'histoire des médias et celle des hommes, alors même que Jean-Luc Seigle est par ailleurs si habile à rendre les nuances. Ainsi, je n'ai pas accroché à la réponse apportée par l'auteur dans l'Imaginot, et surtout à sa parution à la suite du texte principal, beaucoup plus universel à mon sens. Quoiqu'il en soit, ceci ne remet cependant pas en cause mon avis très favorable sur le livre.
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Année 1961. Albert vit dans un village où tout le monde connait tout sur tous. Lui est ouvrier, sa femme Suzanne ne travaille pas, elle consacre ses journées à son image, la couture de ses robes, l'agencement des pièces de sa maison et l'écriture de lettres à son fils ainé Henri, parti à la guerre d'Algérie. Leur plus jeune fils, Gilles, est quant à lui plongé dans la lecture, amoureux de la littérature, au plus grand désespoir de sa mère qui n'a d'yeux que pour Henri, pour lequel elle est prête à tout. Ainsi, en ce jour estival, elle se fait livrer le premier poste de télévision du village. Au programme : un reportage sur les soldats français en Algérie, où l'on verra Henri. Tout le village est convié pour l'occasion. Un après-midi qui va définitivement faire basculer le monde d'Albert.

Un livre poétique, où plane le spectre De Balzac avec la lecture en continue d'Eugénie Grandet par le jeune Gilles. Quelques longueurs qui m'ont un peu dérangées mais une histoire douce, attendrissante, triste aussi et surtout touchante.
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En vieillissant, les hommes pleurent surement parce qu'ils ne s'autorisent pas, avant, à laisser les émotions les atteindre. Où est-ce générationnel ? Si je remonte dans mes souvenirs je n'ai jamais vu pleurer mon grand-père (peut-être était-il suffisamment heureux ) lui qui avait connu la Seconde Guerre. Je suis convaincue que notre génération n'est pas comme cela ! Les hommes n'attendent pas de vieillir.

Mais dans ce roman, nous sommes en 1961. En pleine guerre d'Algérie. Une période de transition avec les avancées technologies et ses deux guerres qui ont bien affaibli les hommes.

Albert est fils et petit-fils de fermiers mais pour donner le maximum à sa famille lui travaille à l'usine Michelin. Sa femme Suzanne, son fils, sa mère et lui même vivent dans la ferme familiale. Pendant son temps libre, il cultive ses terres . Albert est un homme discret, on peut même dire inexistant. Il ne parle que très peu avec les siens.

Albert ne pensait pas à mourir, il avait juste le désir d'en finir.
Mourir ne serait que le moyen.

D'ailleurs sa femme n'est guerre plus heureuse que lui. Elle rêve de quitter cette ferme, de vivre dans la modernité et de retrouver son unique amour, son fils aîné parti en Algérie combattre pour De Gaulle. Entre Suzanne qui fait disparaître petit à petit toute trace du passé et Albert qui souhaite retrouver les anciens, un gouffre se déploie entre eux. Albert pense de plus en plus à quitter cette terre .

Tout à l'heure je ne serai plus. Je ne serai plus ce que je suis maintenant et que je n'aime pas être. Je n'aime pas qui je suis. Je n'aime pas ce qu'il faudrait que je sois, je n'aime pas me réjouir de cette vie-là, je ne suis pas de cette vie, je suis d'un autre temps que je n'ai pas su retenir.

On pourrait croire que ce roman est triste, limite à vous rendre dépressif mais il n'en est rien. On suit ces personnages qui ne sont pas heureux mais qui essaie d'une façon ou d'une autre de trouver ces petites choses de la vie qui n'égratignent pas trop le coeur. Vous avez une grande part d'histoire également. La toile de fond de ce livre est tout de même la seconde guerre mondiale et sa ligne Maginot. le retour de ces hommes, de ce qu'ils ont laissé sur place. Des morceaux d'eux, une part de leurs âmes, de leurs coeurs et de leurs grandeurs.

L'auteur est un amoureux des mots, de la littérature et d'histoire. C'est le ressentie que j'ai une fois la dernière page tournée. Un roman agréable à lire, très riche en émotion. Beaucoup de délicatesse, de pudeur. Et des silences qui en disent beaucoup.
Lien : https://lesciblesdunelectric..
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Un livre d'émotion désemparée. Une fin d'époque ouvrière et rurale laissant les hommes démunis.

Et les guerres qui tailladent les hommes.
Lien : http://noid.ch/en-vieillissa..
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"Ce roman est sans doute un beau roman mais j'ai eu un peu de mal à entrer totalement dedans. "
J'ai écrit cette phrase hier, 29 juin, et j'ai toujours du mal à critiquer et/ou raconter ce livre.
le personnage d'Albert , nous sommes en 1961, est intéressant, mais j'ai du mal comprendre sa décision finale alors qu'il venait de découvrir qu'il aimait son fils cadet, Gilles, jeune au bord de l'adolescence et qui découvre la littérature (Eugénie Grandet).
C'est vrai sa vie n'a pas été facile : son mariage, les années de captivité, le retour difficile car lui comme les autres il ne peut pas raconter ce qu'il a vécu, l'arrivée du 2eme fils, l'abandon de la vie paysanne pour celle de l'ouvrier Michelin, l'épouse plus jeune qui entre de plein pied dans la société de consommation (électroménager, télévision, meuble en formica...), le fils aîné qu'il ne connait pas vraiment (ou plutôt qu'il croit de pas aimer, car c'est presque le grand amour de Suzanne, mère du fils plus que épouse du père) qui a été appelé en Algérie, Madeleine, sa vieille mère totalement sénile,Liliane sa "petite soeur" qu'il a pratiquement élevée après la mort de son père : "oui, il avait aimé Liliane plus que tout, au-delà de tout".

Outre le personnage secondaire de Monsieur ANTOINE, le personnage le plus sympathique de cette histoire c'est Gilles "le littéraire", enfant mal aimé de sa mère et semble-t-il aimé trop tard par le père. Les dernières pages du livre, le chapitre "L'IMAGINOT (ligne Maginot) sont magnifiques ; elles sont non seulement un hommage au père mais également à tous ces appelés français de 1939-1940 dont il est de bon ton de se moquer, et qui malgré le silence de l'Histoire, ont su se battre avant d'être contraints de déposer les armes.
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Beaucoup d'émotion dans ce roman qui se déroule dans les années 60.Il met en scène un ouvrier de chez Michelin très pudique qui préfère lui les preuves d'amour données aux siens plutôt que les déclarations, il n'en sera pas récompensé de manière dramatique...
La construction de l'histoire se déroule sur une seule journée, le 9 juillet 1961, avec un croisement très intelligent avec le roman De Balzac: Eugénie Grandet.Le style de l'écriture est précis et délicat.C'est également une réflexion intéressante sur la modernité et le passage à la société de consommation comme l'arrivée de la télévision dans le foyer.
Les ultimes pages sont édifiantes sur le climat qui sévissait en France au moment de la chute de la ligne Maginot et sur les raisons de son édification.
Un auteur et un roman à découvrir.
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Le récit plutôt déprimant quoique très bien écrit et passionnant d'une journée bien particulière dans la famille Chassaing, en 1961. Albert, le père, se lève avec l'idée d'en finir avec la vie et toutes ses déceptions mais il lui faudra toute la journée pour transformer cet acte égoïste en acte héroïque. le drame se met en place lentement.

Le lecteur navigue dans les pensées sombres de cet ouvrier malgré lui, de ce paysan frustré, de cet ancien combattant prisonnier en Allemagne mais aussi dans les pensées troubles de Suzanne, sa femme, qui ne l'aime plus, et que le départ de son fils pour la guerre en Algérie a transformé. Gilles, le fils cadet, a trouvé le refuge dans la littérature et utilise Eugénie Grandet comme un filtre pour comprendre la réalité, comprendre ses parents, comprendre la vie.
Les guerres, L Histoire, la maternité, la France des années soixante (qui n'est pas sans faire écho aux romans d'Annie Ernaux), l'entrée dans le monde des adultes sont les thèmes principaux de ce roman vraiment triste mais illuminé par certains passages fulgurants, particulièrement réussis: la fraîcheur d'un plongeon dans la rivière, la "chute" de Suzanne avec Paul au bord de cette même rivière, la drôle de bibliothèque de Monsieur Antoine.
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Récit d'une famille dans les anées 60 : Albert Chassaing, ouvrier chez Michelin, est fils d'agriculteur tué lors de la première guerre mondiale. Adulé par sa mère (Madelaine) et sa soeur (qu'il élève), il vit dans la ferme familliale. Sa femme Suzanne gère le ménage, soigne la mère âgée et ne rêve que de moderniser cette maison. Elle s'ennuie et écrit à Henri, son fils ainé qui est en Algérie et né lors de la captivité d'Albert pendant la seconde guerre mondiale, qu'elle aurait préférée ne pas voir revenir. Gilles, 13 ans, adore lire, au grand désespoir de sa mère. le roman se déroule sur une journée et le lendemain matin. Il dépeint chaque personnage avec une justesse et une sensibilité retenue, décrivant leur histoire et leurs points de vue, leurs manoeuvres et déductions.
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