un homme de confiance restait toujours un homme qu'on n'avait pas encore soumis à la question.
Sais tu quel dernier rempart nous sauve de la domination des petits ?
C'est que le courrier est lent...
Le jour où les lettres arriveront vite et ne s'égareront plus dans les beuveries des messagers et des chevaucheurs, les petits se retrouveront, s'uniront et parlont d'une seule voix.
Ce jeune frère connaissait Aristote aussi bien que les maîtres en théologie et ne se référait qu'à lui. Il avait une mémoire prodigieuse et pouvait réciter des pages entières de ses traités. On disait entre nous qu'il était"gros d'Aristote". Et le philosophe lui allait bien. Comme lui, il mettait de la raison partout et de la spiritualité nulle part.
Dieu n'a pas de coeur, il a sa propre guise (p124)
Sa plume vous faisait effleurer la beauté des cieux. Dieux y avait mis l'encre (p189)
La vie est sèche, Antonin, c'est pour ça qu'il faut pleurer dessus (p319)
Les hommes ressemblaient aux loups que la pestilence avait rendu plus nombreux et plus redoutables. La famine et le froid avaient ramassé la faux que la maladie avait abandonnée et tuaient maintenant autant qu'elle. Les canailles vous égorgeaient pour un morceau de viande, personne n'osait plus voyager et Guillaume ne dut sa vie sauve qu'à son habit de dominicain, car les gens respectaient Dieu depuis qu'ils avaient vu le diable.
Chapitre 48 – Chassé
Le voyage jusqu'à Marseille lui montra le fracas de la peste et le bien qu'elle laissait au monde : des routes désertes, des villages silencieux, des rues et des places délabrées. Les hommes s'évitaient et masquaient leurs visages. Les regards ne portaient que terreur et découragement. Chacun se recroquevillait derrière ses murs. L'horizon s'arrêtait aux barrières des maisons. La société des hommes avait volé en éclats. Marchés, fêtes, cérémonies ne mélangeaient plus les humains. Les cœurs s'étaient fermés. Ne restaient plus que des clans qui défendaient leur famille et leur territoire.
Chapitre 48 – Chassé