Big Easy

Quand je suis arrivé ce matin, j'ai trouvé la veuve en déshabillé noir. Elle m'a expliqué que c'était sa tenue de deuil et a ajouté qu'elle m'accorderait une ristourne si je réparais son évier.
- Euh… Mrs Beaufort n'a-t-elle pas près de quatre-vingts ans ?
- Elle a quatre-vingt-deux ans et paraît bien ses quatre-vingt-quinze ans ! Et je ne connais strictement rien à la plomberie ! Ce qu'on ne ferait pas pour Victor Hugo, hein ?

Les femmes de la ville haute se méfiaient beaucoup du Vieux Carré et de tout ce qui lui était associé. Elles pensaient qu’il était responsable de la corruption de La Nouvelle Orléans. Elles préféraient bien entendu s’imaginer que leurs maris étaient des parangons de vertu […] et que le Quartier français les entraînait malgré eux sur la mauvaise voie, les saisissant par les chevilles pour les attirer dans les bas-fonds.

Lire était, avec fredonner, le seul moyen pour moi de chasser de mon esprit Louise et le Vieux Carré et me permettait, en outre, de m’échapper de La Nouvelle-Orléans pour partager d’autres expériences. Je me plongeais à corps perdu dans les livres. La vie des personnages étaient tellement plus intéressantes que les battements solitaires de mon cœur.

[1950, La Nouvelle-Orléans]
(...) il m'avait expliqué que je pourrais facilement obtenir une bourse de l'une ou l'autre université de la région. Mais la seule idée de revoir des élèves du lycée et d'être la fille dont la mère est une putain-qui-se-balade-toute-nue-sous-un-manteau-de-fourrure m'était insupportable. Je n'aurais jamais la moindre chance d'être normale.
(p. 59)

- Darcy ou Gatsby ? demanda Patrick.
- Oh, allons bon, Patrick ! Tu n'aurais pas pu trouver mieux ? raillai-je. C'est évident. Darcy.
- Je ne comprends pas pourquoi il est la coqueluche des femmes. Il est tellement complexé ! Gatsby, lui, a du style.
- Il n'a rien de complexé, insistai-je. Il est seulement un peu timide.

Il sortit alors de la poche intérieure de sa veste une pince à billets. L'homme possédait ce que Willie appelait "une tête de laitue". Il y avait tant de billets verts qu'ils débordaient littéralement de la pince - une véritable floraison !

Enfin, Sadie se leva à son tour. Après avoir promené son regard à la ronde, elle posa doucement les deux mains sur son cœur.
J’en fus bouleversée. La femme qui n’avait jamais prononcé un mot de toute sa vie en avait dit plus qu’aucun d’entre nous ne pourrait jamais le faire.

- Bon, laisse pas la peur te garder ici, Nouvelle-Orléans. Quique fois, on prend une route en pensant qu’on va quique part et on se retrouve aut’ part. Mais ça fait rien. L’important, c’est de commencer.

« Les grandes décisions, voilà ce qui façonne notre destinée. »

Lire était, avec fredonner, le seul moyen pour moi de chasser de mon esprit Louise et le Vieux Carré et me permettait, en outre, de m'échapper de La Nouvelle Orléans pour partager d'autres expériences. Je me plongeais à corps perdu dans les livres. La vie des personnages était tellement plus intéressante que les battements solitaires de mon cœur.