Il était condamné à rester, avec ses souvenirs pour seule compagnie. Il voulait se venger de cette région maudite, de cet enfer vert qui lui avait pris son amour et ses rêves. Il rêvait d'un grand feu qui transformerait l'Amazonie entière en grand brasier.
Le ciel était une panse d'âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au-dessus des têtes.
Antonio José Bolivar essayait de mettre des limites à l'action des colons qui détruisaient la forêt pour édifier cette œuvre maîtresse de l'homme civilisé : le désert.
Il passa toute la saison des pluies à ruminer sa triste condition de lecteur sans livre, se sentant pour la première fois de sa vie assiégé par la bête nommée solitude. Une bête rusée. Guettant le moindre moment d'inattention pour s'approprier sa voix et le condamner à d'interminables conférences sans auditoire.
Nul ne peut s'emparer de la foudre dans le ciel, et nul ne peut s'approprier le bonheur de l'autre au moment de l'abandon.
Il possédait le seul antidote contre le venin de la vieillesse, il savait lire.
Tu es le chasseur des Blancs, tu as un fusil, tu violes la mort en l’entourant de douleur.
Il ne voyait pas la femelle mais il la devinait au-dessus de lui, cachée, secouée par des sanglots presque humains.
Ce fut la découverte la plus importante de sa vie. Il savait lire. Il possédait l'antidote contre le redoutable venin de la vieillesse.
Antonio José Bolivar essayait de mettre des limites à l’action des colons qui détruisaient la forêt pou édifier cette œuvre maîtresse de l’homme civilisé : le
désert.