AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,55

sur 239 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un opuscule qui se boit d'une traite, en moins d'une heure, et qui glisse dans le cerveau comme un bonbon sucré ou un miel malicieux.
Dans C'était mieux avant ! Michel Serres tord le cou à la nostalgie d'un passé qu'il a vécu et dont il n'a pas oublié le goût parfois amer, toujours très rude, fréquemment bien plus mortel que notre époque. Illustrant son propos de ses propres expériences, il balaye nombre d'aspects quotidiens et démontre factuellement qu'avant ce n'était pas mieux, bien au contraire, n'en déplaise à Éric Zemmour et tous les aficionados d'un retour à ce fameux Éden des siècles précédents. Tout juste accorde-t-il à la vie communautaire et à la communication entre les gens d'hier, plus de crédit qu'à l'isolement dans lequel confine trop souvent le monde occidental d'aujourd'hui.
Le grand-papa ronchon comme il se définit lui-même fustige les élites seniors de l'argent ou ceux au pouvoir dont le conservatisme traduit la peur et le refus du progrès. Et le philosophe de finir sur une note d'espoir : ce sera sûrement mieux demain ! L'intercommunication de masse rendue possible par les réseaux sociaux devrait signifier la fin des organisations pyramidales, la naissance de la démocratie et la survivance de l'espèce humaine, si elle renonce à ses rêves de gloire et de puissance terrestre pour accepter l'humilité et la petitesse de sa condition.
J'ai eu l'occasion d'aller l'écouter la semaine dernière dans le cadre de sa tournée de promotion et je peux que recommander aux Babelionautes qui auront cette même opportunité, de la saisir. C'est peut-être une des dernières fois qu'il se déplace en France. Il est jubilatoire, plein d'humour et ses anecdotes m'ont ravi…
Commenter  J’apprécie          464
Je n'aime pas les vieux Ronchons. Michel Serres non plus. Et il va bien leur prouver dans ce tout petit opuscule que ceux-ci n'ont pas raison quand ils proclament « C'était mieux avant ».

Ah ça oui, pour les contredire, il les a contredits ! En quelques phrases bien senties, il leur a opposé, à la période actuelle soi-disant pourrie, le temps d'avant exécrable : les dictateurs monstrueux, les guerres horribles, les idéologies nauséabondes, la condition des femmes asservies aux hommes et aux idées de ceux-ci, ainsi qu'aux tâches ménagères beaucoup plus difficiles que maintenant, le travail manuel douloureux faute d'outils modernes, la xénophobie et le repli sur soi, les maladies incurables, et j'en passe.

A vrai dire, j'avais continuellement envie d'interrompre ce discours ironique et quelque peu partisan, car même si je ne suis pas une mamy Ronchonne, je n'arrive pas à affirmer sans nuance que notre époque est la meilleure. Moi aussi je pourrais opposer à Michel Serres pandémies, dérives d'Internet, course à la consommation, intégrismes de tout bord, etc !

Je n'aime pas qu'un philosophe renommé comme Michel Serres soit aussi manichéen. Cela me gêne.
Au lieu de dénigrer le temps d'avant, qui certes n'était pas folichon sous divers angles mais comptait quand même bien des éléments positifs, tâchons de trouver dans notre époque tout ce qui permet de nous exalter, de nous élever et de transcender notre condition.
Et surtout, cessons d'être des grands Ronchons !
Commenter  J’apprécie          4516
Je serai beaucoup plus nuancé que l'auteur. Ce n'était certainement pas mieux avant à bien des égards et dans beaucoup de domaines. Pourtant, certains aspects des progrès de notre XXIe siècle, que cite M. Serres, comme l'avènement du portable, les voyages à l'autre bout de la planète en quelques heures, la sexualité, la santé, l'espérance de vie... s'accompagnent de bouleversements sociétaux dont on perçoit encore mal les effets et d'autres changements mettent en péril l'humanité entière. "A chaque époque, ses problèmes", me semble plus juste. Un progrès s'accompagne immanquablement d'un désagrément.
Commenter  J’apprécie          370
Michel Serres (1930-2019), d'origine modeste, fut un philosophe et un vulgarisateur, Sa forte personnalité était bien identifiée par les Français. Au cours de sa vieillesse, il a touché le grand public par ses chroniques à la radio et par des petits livres-brûlots qui ne passaient jamais inaperçus.
On peut considérer que "C'était mieux avant" est une suite d'un autre opuscule qui avait rencontré le succès: "Petite Poucette" (personnifiant la jeune génération). On la retrouve ici en face de Grand-Papa Ronchon. le titre du présent livre fait référence aux rengaines courantes des passéistes qui expriment leur nostalgie du monde d'avant, qui était celui de leur jeunesse. Michel Serres prend le contrepied en rappelant tous les indiscutables progrès apparus au cours du dernier siècle et en soulignant les énormes difficultés de la vie quotidienne d'antan. L'auteur, qui est né avant-guerre dans un milieu populaire et propulsé très tôt au travail, en sait quelque chose. C'est cette particularité qui valorise son point de vue.
J'approuve une grande partie de l'argumentaire développé ici. Entre autres choses, je trouve que le monde des années '30 où vivaient nos parents ou grands-parents, déjà empreints de modernité, était désespérant, conduisant à une guerre inévitable. Mais je regrette que Michel Serres ait écrit un exposé à sens unique, en sous-estimant toutes les incertitudes et les impasses qui caractérisent le monde d'aujourd'hui. Ce parti-pris a-t-il été volontaire ? Peut-être, car l'auteur ne rechignait pas devant la polémique et la provocation. le public appréciait ses coups de gueule et sa forme d'anticonformisme. J'ajouterai que, à la lecture, le propos de Michel Serres passe moins bien qu'à l'oral. Son écriture me semble bizarre et un peu irritante.
Commenter  J’apprécie          80
Michel Serres avait fait parlé de lui avec sa "Petite poucette" sorti en 2012. En 2017, il revient redonner la voix à "cette chômeuse ou stagiaire qui paiera longtemps pour ces retraités". Les grands-papas ronchons critiquent les jeunes qui ne font rien. Alors qu'eux quand ils étaient en pleine forme créaient une société moderne et plus juste. Certains ont connu la guerre et la misère et il ne se plaignaient jamais. Vraiment? Avant le monde était si parfait que cela? La mémoire sélective fait son travail en retirant toutes les zones noires. 

Car la société n'a jamais été idéal. Faut-il rappeler à partir de quand les femmes ont eu le droit de vote? Faut-il rappeler à partir de quand les femmes ont pu travailler et garder leur salaire? A partir de quand on ose parlé de discrimination? N'y a t'il jamais eu avant de grèves ou de mouvements sociaux pour acquérir plus de droits? La pauvreté est-elle vraiment qu'un sujet d'actualité? N'a t'on pas tondu des femmes et tuer des personnes à la libération? Les sujets ne manquent pas pour illustrer que ce passé n'est pas si glorieux que cela. Chaque période à ces forces et ces faiblesses. Mais c'est ensemble maintenant que nous pouvons choisir dans une certaine mesure qu'elle sera le monde de demain. 

Encore une fois, Michel Serres a su insuffler son incroyable énergie positive dans une réfléxion opposant les vieux ronchons à la nouvelle génération. 
Lien : http://22h05ruedesdames.com/..
Commenter  J’apprécie          80
Un peu déçue...j'espérai des réponses aux problèmes soulevés par Petite Poucette.
Comme disait Bourdieu, c'est du même pas faux; certes le "c'était mieux avant" est exaspérant mais il faut comparer le comparable et là je trouve Michel Serres un peu radoteur (je l'ai rencontré jeune, beau et posant de bonnes questions, alors là oui, c'était mieux avant!!)
Commenter  J’apprécie          70
Mazette, ça ne donne pas envie d'y aller, avant !
Commenter  J’apprécie          53
Un manifeste intéressant qui compare les maux du passé et les bienfaits actuels.
Commenter  J’apprécie          20
Petit essai que je n'ai pas beaucoup aimé à cause de son style trop ironique et parfois trop alambiqué. L'auteur fait des références pas toujours évidentes et souvent contestables. Néanmoins, il y a quelques idées intéressantes. Livre finalement décevant.
Commenter  J’apprécie          10
Un regard intéressant qui nous remet en mémoire à quel point Avant pouvait être terrible… !
Bien utile lorsqu'éreintée et râleuse on s'entasse dans le métro en rêvant de petite-maison-dans-la-prairie… !
Un texte pourtant à double sens, car l'auteur sait aussi dire que tout n'était pas à jeter aux temps d'avant,
et qu'il y a peut-être du « bon » à picorer à chaque époque !
Heureusement, car ce serait un peu simpliste de réduire le bonheur personnel à une date de naissance…!
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (568) Voir plus



Quiz Voir plus

Michel Serres nous manque déjà...

Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

petite poucette
les pouces en or
petit poucet
poucez vous de là

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thème : Michel SerresCréer un quiz sur ce livre

{* *}