Je n'aime pas les vieux Ronchons.
Michel Serres non plus. Et il va bien leur prouver dans ce tout petit opuscule que ceux-ci n'ont pas raison quand ils proclament «
C'était mieux avant ».
Ah ça oui, pour les contredire, il les a contredits ! En quelques phrases bien senties, il leur a opposé, à la période actuelle soi-disant pourrie, le temps d'avant exécrable : les dictateurs monstrueux, les guerres horribles, les idéologies nauséabondes, la condition des femmes asservies aux hommes et aux idées de ceux-ci, ainsi qu'aux tâches ménagères beaucoup plus difficiles que maintenant, le travail manuel douloureux faute d'outils modernes, la xénophobie et le repli sur soi, les maladies incurables, et j'en passe.
A vrai dire, j'avais continuellement envie d'interrompre ce discours ironique et quelque peu partisan, car même si je ne suis pas une mamy Ronchonne, je n'arrive pas à affirmer sans nuance que notre époque est la meilleure. Moi aussi je pourrais opposer à
Michel Serres pandémies, dérives d'Internet, course à la consommation, intégrismes de tout bord, etc !
Je n'aime pas qu'un philosophe renommé comme
Michel Serres soit aussi manichéen. Cela me gêne.
Au lieu de dénigrer le temps d'avant, qui certes n'était pas folichon sous divers angles mais comptait quand même bien des éléments positifs, tâchons de trouver dans notre époque tout ce qui permet de nous exalter, de nous élever et de transcender notre condition.
Et surtout, cessons d'être des grands Ronchons !