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sur 569 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
J'aime bien écouter les chroniques de Michel Serres, dans lesquelles il nous livre des réflexions souvent pertinentes. Ici, la quatrième de couverture nous annonce : "Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer." Puis plus loin : "Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d'être et de connaître...", et enfin : "Ce livre propose à Petite Poucette une collaboration entre générations pour mettre en oeuvre cette utopie, seule réalité possible". Quel programme ! Voilà qui promet d'être intéressant.
Hélas, ce court ouvrage ne tient vraiment pas ses promesses. L'auteur y accumule les évidences, il enfonce des portes ouvertes, il ne nous apprend rien : je suis restée sur ma faim.

Tout d'abord, qui est cette Petite Poucette ? Avec Petit Poucet, c'est un terme un peu paternaliste que Michel Serres emploie pour désigner les jeunes, si habiles de leurs pouces pour taper des messages. Car il est ici question de la révolution de l'informatique et d'internet, à laquelle notre société doit faire face, comme elle a dû autrefois s'adapter aux bouleversements entraînés par le passage de l'oral à l'écrit, puis de l'écrit à l'imprimé. le tout début du livre analyse ces mutations de façon assez intéressante. Mais c'est quand on aborde le coeur du sujet que tout se gâte.
Michel Serres se penche avec bienveillance sur la nouvelle génération, et son point de vue est rafraîchissant au milieu de tant de récriminations sur les jeunes que certains rendent responsables de tous les maux. Mais il faut rester lucide dans l'intérêt de Petite Poucette et ses amis, et les aider à tirer profit de cette révolution d'internet.

Pour Michel Serres, internet est fantastique, internet est merveilleux, internet est la solution à tout. Angélisme, naïveté, autosuggestion ?
Petite Poucette bavarde en cours car elle s'ennuie : "Pourquoi bavarde-t-elle, parmi le brouhaha de ses bavards camarades ? Parce que, ce savoir annoncé, tout le monde l'a déjà. En entier. À disposition. Sous la main. Accessible par Web, Wikipédia, portable, par n'importe quel portail." Michel Serres est-il sérieux, lui qui est enseignant, quand il écrit ceci ? Croit-il vraiment que les professeurs soient devenus inutiles puisque tout le savoir se trouve sur la toile ? Oui, on peut tout trouver ou presque en quelques clics, encore faut-il savoir chercher, mais surtout analyser et utiliser intelligemment les données obtenues. Michel Serres croit-il ou veut-il nous faire croire que l'on n'a plus besoin d'apprendre l'orthographe, la conjugaison ou la grammaire puisque tout est sur internet ? Quand on voit le piètre niveau de langue que l'on peut lire un peu partout, qui va jusqu'à rendre certains textes incompréhensibles, j'en doute fort ! Certes, on trouve sur le web toutes les définitions, toutes les règles de grammaire, toutes les conjugaisons, mais cela ne dispense nullement de leur apprentissage, soyons sérieux ! De même, trouver tout le vocabulaire et toute la grammaire anglaise sur la toile ne fera pas de vous un angliciste émérite.
Michel Serres nous vante les mérites de Petite Poucette qui sait si magnifiquement naviguer sur internet. Mais sait-elle prendre du recul par rapport à ce qu'elle y trouve, sait-elle trier le vrai du faux, et plus important encore : sait-elle penser par elle-même ?
Alors, quand Michel Serres envie presque Petite Poucette d'être née à cette époque bénie d'internet, je ne le rejoins pas. Je trouve au contraire que les nouvelles générations sont face à un monde complexe pour lequel ils ne sont pour la plupart pas suffisamment armés. Oui internet est un outil fantastique, qui offre tellement de possibilités à qui sait l'utiliser, mais ce n'est pas cet objet aseptisé qui nous est vanté ici. Internet a bien des défauts, bien des aspects négatifs. Si Petite Poucette n'y prend pas garde, internet peut faire entrer n'importe quelle propagande dans son crâne. Internet peut lui faire gober n'importe quel mensonge. Internet peut paradoxalement la priver de connaissances, en lui donnant l'illusion qu'elle n'a pas besoin d'apprendre. Et plus grave, internet est loin d'être inoffensif : les lynchages médiatiques prennent sur la toile des proportions effarantes, sans parler du douloureux sujet de personnes (souvent jeunes) poussées au suicide suite à des propos ou photos propagés sur la toile.
Alors, oui, vive internet ! Mais, il est indispensable d'apprendre aux jeunes générations à bien s'en servir. Je ne parle pas d'apprentissage mécanique : Petite Poucette sait taper bien plus vite que moi, sait naviguer bien plus rapidement que moi, je n'en doute pas. Mais ce que j'appelle bien se servir d'internet ne se réduit pas à cet aspect pratique, qui n'est que mineur. Ce qu'il faut, c'est apprendre à réfléchir, à prendre du recul, à analyser et trier les informations, pour ne pas subir internet mais se l'approprier. Et à mon avis, les compétences nécessaires doivent s'acquérir en amont de l'utilisation du réseau.
Si l'on apprend tout cela à Petite Poucette, oui, on pourra considérer qu'elle a de la chance.
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J'étais curieuse, j'ai lu Petite Poucette, je suis déçue, ce n'est rien... Et je rejoins nastie92 sur sa critique. Inutile de passer plus de temps, tout ce qu'elle en dit me convient parfaitement.
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Comme d'autres je reste sur ma faim car je crois que j'attendais le traitement de l'état de conscience qui est à l'origine de la matérialisation des outils actuels plus que le constat que Michel SERRE nous présente.
« L'énergie suit la pensée » et les outils n'apparaissent que plus tard. Donc, ils sont le reflet, la matérialisation d'un état déjà dépassé et surtout, ils ne sont que des outils conçus pour libérer des pans entiers de notre activité (cérébrale, cognitive, physique …) qui peuvent ainsi être utilisés à autre chose. Pour ce faire « Poucette » doit déjà partager cet état de conscience ou au moins y être sensible car sinon elle peut devenir esclave de ces outils ; ne pas les utiliser, ou ne pas comprendre leur utilité…
Je ne m'attarderai donc pas sur ce livre et vais reprendre mes recherches. Si vous avez des pistes, n'hésitez pas à me les communiquer.
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Je n'étais vraiment pas convaincu après ma lecture de "Petite poucette" et je ne le suis toujours pas. L'enthousiasme et l'optimisme de Michel Serres à propos de ces nouvelles technologies de la communication est tout d'abord plaisant, mais devient de plus en plus irritant à mesure que cette enthousiasme se transforme en une espèce de béatitude effrayante.


Non pas que les réflexions de cet opuscule - que j'ai bien du mal à désigner comme "philosophique" - soient dépourvues de tout bon sens. Ses constats d'échec de notre société visent souvent juste. Mais la vision proposée ne me plait guère et c'est peu de le dire. L'auteur de nous asséner, dithyrambique ou frisant même le lyrique, à quel point la voie des réseaux sociaux et autres medium technologiques nous ouvrent la voie d'une ère d'Egalité et de Progrès par la communication totale. Si vous trouvez que j'exagère, je rétorquerai que je ne fais que reprendre le style de l'auteur à ma sauce.


La mobilité, la circulation et la technologie sont glorifiées dans cet ouvrage et accolées à l'idée d'une émergence citoyenne mondiale d'une prétendue classe moyenne qui deviendrait une grande classe mondiale en annihilant l'ancien système de classes marxistes, en gros. Une citoyenneté globale, vigilante, tournée vers la prospérité de tous et le bien commun. Merci Michel, c'est beau.


Bon dans cet ouvrage on ne se posera pas trop de questions ou on ne subira pas d'envolées lyriques à propos d'un certain nombre de sujets, comme : l'emprise des gouvernements et des entreprises sur internet ; la question des données personnelles et de leur immense collecte à des fins commerciales ou géopolitiques, comme l'ont révélé au plus grand nombre les derniers scandales impliquant la NSA et de grandes entreprises américaines ; la question des technologies dites "intelligentes" mises au service du "bien-être" mais aussi de la surveillance des populations ; les disparités d'accès à la technologie de pointe de masse, son coût pour l'environnement ; l'explosion et la saturation des canaux de l'information ; la mise en place d'une information de masse fonctionnant sur le système du "buzz", signe de grande paupérisation intellectuelle ; et j'en passe et des meilleures pour ne pas trop assombrir le tableau.


Bref, "Petite Poucette" est ce que dirait un pote un peu plan-plan niveau politique lors d'une soirée durant laquelle on refait le monde, avec déjà quelques verres dans le gosier.
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Moi qui aimait tant sa "musique des mots" sur les ondes...Ce moi "moderne" regrette la longueur du texte, contradictoire avec le propos...Aller à l'essentiel, découvrir des choses nouvelles dans une perspective imaginative, ce qui dans ce livre, est dit être "la" condition pour attirer l'attention et l'envie d'apprendre des enfants du nouveau Perrault....l'essentiel est dilué dans des tours de phrase savants et la perspective trop abstraite reste fuyante..... la partition de l'écrit n'a pas comblé mes oreilles.
Si j'avais été petite poussette...je l'aurai refermé avant la fin...et resté dessus, sans l'envie d'en reprendre un peu.....un livre autour duquel tourne l'envie, suivit de l'ennui.
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De Michel Serres, j'aimais les chroniques radiophoniques, la voix joyeuse, la vulgarisation enthousiaste. J'ai lu rapidement cette Petite poucette, avec un brin de déception: le propos est convenu, rien que de classique dans un constat plat, rien qui fasse progresser la réflexion ou qui ouvre des pistes inattendues. Déception.
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Quelques déceptions sur ce livre. Michel Serres dit ce que tout le monde sait , le monde change. Faut-il pour cette raison jeter tout l'"ancien monde" pour des poucettes à la tête-ordinateur bien pleines, mais peut-être mal faites ? Gardons l'ancien monde et ce qui a marché et améliorons le...par internet.
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Un exercice de style superficiel et décevant.

Michel Serres, dans ce court essai, évoque et analyse l'évolution des comportements des jeunes générations au contact de ce qu'il est désormais convenu d'appeler les nouvelles technologies de l'information. Malheureusement, l'ensemble est emprunt de naïveté, a assez mal vieilli -- il a été publié en 2012 et je l'ai lu en 2020 -- et manque de profondeur.

S'il semble tout à fait normal, et même souhaitable que les philosophes s'emparent de ce genre de sujets, force est de constater, malheureusement, que leur grande complexité en rend la maîtrise délicate.
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Transformer l'enseignement. Tout un programme.
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Michel Serres nous manque déjà...

Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

petite poucette
les pouces en or
petit poucet
poucez vous de là

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