Je ne serais pas tout à fait honnête si je vous confiais que cette libération, cette nouvelle vie plus simple, où rien sauf la maladie et la mort n'est grave, fut accélérée par mon choix d'arrêter le métier d'éditeur de presse.
Je n'ai senti le poids du fardeau qu'en le déposant, car je m'étais habitué à vivre avec. Je découvre que je peux vivre encoure mieux sans.
Autre bénéfice de l'âge me tromper n'est plus un drame, au contraire, j'apprends aussi cela.
Je ne cesse jamais d'apprendre, et d'abord à me connaitre.
Emprunter avec audace de nouvelles voies est une forme de libération.
D'où mon obsession d'être toujours active, tant que ma santé me le permet. Pour rester en lien, en éveil, en apprentissage. En vie.
D'un naturel heureux, j'ai la chance suprême de vivre, donc de vieillir, avec l'homme que j'aime, entourée de trois familles.
La mienne, la sienne devenue la notre et la famille choisie, beaucoup plus restreinte, composée d'amis très chers.
Cette chance, je la sais précaire. Elle n'en est que plus éclatante.
Il devient plus crucial que jamais de cultiver sa bonne humeur et sa capacité à rire de soi. C'est le kit de survie des vieux.
L'âge accentue tous les traits, y compris de caractère.
Mon unique projet est de me sentir vivante jusqu'au bout. Un - bout - dont j'ignore le terme. Mais qui m'invite à replacer tout évènement par rapport à lui.
Cette conscience du temps qui reste incite à se libérer d'un grand nombre de contraintes.