Avec ce nouveau roman, Diane Settefield renoue avec la verve romanesque qui irriguait son premier roman "
le Treizième Conte" et nous embarque dans une histoire qui fleure le fantastique mais s'ancre toutefois dans la solide tradition des récits victoriens.
Nous sommes dans une auberge au bord de la Tamise et les habitués sont rassemblés autour d'un conteur qui constitue l'attraction locale en régalant son public de belles histoire. C'est la nuit du solstice d'hiver et l'obscurité est propre à dissimuler les plus lourds secrets. Soudain, un coup est frappé à la porte et un homme blessé apparait, tenant dans ses bras ce que l'assistance pense d'abord être une poupée mais qui se révèle être une fillette...Morte...puis vivante ...
Avec un tel "incipit" comment ne pas se lancer à corps perdu dans cette lecture qui devient de plus en plus passionnante au fur et à mesure que l'on progresse dans cette histoire et que l'on fait connaissance des personnages tous plus attachants les uns que les autres.
Le mystère plane , d'abord et en premier lieu sur le fait que la fillette noyée est revenue mystérieusement à la vie, et ensuite sur son identité. Mais qui est-elle ? La fille disparue des Vaughan, riches industriels qui avaient pourtant accepté de payer la rançon demandée, mais n'ont jamais retrouvé leur Amelia ? L'enfant de Robin Armstrong , le fils dévoyé d'un honnête fermier qui est apprécié tant des humains que des animaux ? La soeur noyée de Lily, revenue à la vie quarante ans plus tard pour accuser sa meurtrière ?
L'enfant représente le plus grand des mystères et ce d'autant plus qu'elle est privée de la parole . Mais elle éprouve une fascination et un amour pour ce fleuve duquel elle a surgi pour se retrouver dans les bras du photographe Daunt qui l'a conduite une nuit de solstice d'hiver dans cette auberge du bord du fleuve...
Le fleuve tient une part tellement importante dans le récit qu'il constitue un personnage à part entière et même s'il s'agit d'une Tamise fantasmée, il irrigue le récit de sa présence envahissante qui peut aussi se révéler maléfique.
J'ai adoré la façon habile qu'a l'auteur de faire glisser le merveilleux et l'irrationnel dans son récit à la façon de fils de soie qui enjolivent une étoffe et j'ai totalement adhéré à cette intrigue originale et captivante.
Serait-ce parce que j'ai été touchée par les histoires d'amour improbables (et pourtant heureuses) entre le fermier noir Armstrong et la clairvoyante Bess, ou alors entre Daunt le photographe rescapé des eaux et la courageuse Rita ?
Peut-être aussi parce que l'auteur fait la part belle aux animaux et parle des porcs avec une réelle affection ....
Ou encore parce que la conclusion de cette histoire fantastique est tout à fait à la hauteur de ce que l'on était en droit d'attendre.
Bref c'est un bon, vraiment un très bon roman et j'espère qu'il pourra enchanter les lecteurs pendant cet été qui s'annonce et qui est, comme chacun sait, propice aux nouvelles découvertes littéraires.
A savourer si possible au bord d'une étendue d'eau qu'il s'agisse d'un fleuve( de préférence) mais aussi d'un lac, d'une rivière, et pourquoi pas, de la mer....