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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un jeune homme se promène sur la plage. Il est perturbé par un quad qui fonce droit sur lui, il l'évite de justesse. Et puis, il y a la présence de la mer, il se retrouve submergé. Il aperçoit la coque d'un paquebot, subitement, il a l'impression qu'il pourrait le toucher. Depuis que Solenne l'a quitté, il est triste à mourir. Mais ce mal-être date de beaucoup plus longtemps. Il ne s'est jamais senti à sa place, toujours en décalage, par rapport à son propre corps, mais aussi sa mère, son père, sa soeur. Et l'impossibilité de parler, de mettre des mots. le silence est roi, il envahit son espace, sa vie, et le réduit à néant.

Ce roman, je l'appréhendais je dois bien le dire. D'abord, parce que l'auteur, lui-même, l'avait présenté le 11 novembre dernier à La Librairie. Il avait qualifié ses textes de noirs, j'étais donc prévenue, ce 3ème roman restait dans la même veine. Mais aussi, parce que ma première lecture m'avait bouleversée, j'en avais encore quelques souvenirs qui n'ont pas manqué de se raviver avec la relecture de ma chronique.

Ce qui m'a profondément troublé dans ce roman c'est le sentiment de ce jeune homme d'être en permanence persécuté, agressé par les autres, par l'environnement. Tout ce qui est extérieur à son corps présente une menace. Plus encore, son propre corps lui échappe. le malaise est obscur mais il est imprégné dans tous les pores de sa peau.

Et puis, un peu à l'image du roman de Pierre DUCROZET "L'invention des corps", "Un funambule" évoque des événements qui relèvent de la fulgurance, de la soudaineté, de quelque chose qui vient brutalement rompre la sérénité, la quiétude.

Ce roman, il parle d'abandon aussi. Il y a eu le départ de Solenne, mais il y a eu aussi celui de Germaine. Il n'était encore qu'un tout petit enfant, Germaine s'est occupé de lui pendant 7 ans et puis, un jour, elle est partie. Sa mère avait décidé de s'occuper de lui. Germaine, il ne la reverrait que quelques fois, et puis, un jour, plus rien.

Bien sûr, quand on aime la littérature, on aime les mots, et là, l'impossibilité de mettre des mots sur des émotions, un avis, une opinion... est prégnante dans l'ensemble du texte. J'ai trouvé une phrase très belle qui vient mettre un peu de légèreté dans ce roman éprouvant.

Mais globalement, vous l'aurez compris, ce roman est douloureux. Il y a une incompréhension entre lui et les autres, il y a aussi cette distance insupportable qui s'insinue dans toutes ses relations, quelque chose d'oppressant par sa force.

Ce roman, c'est aussi un exercice littéraire. A la 3ème personne du singulier, la narration vient renforcer le malaise ambiant, un peu comme si le lecteur devenait un voyeur, un observateur, comme s'il se saisissait d'une loupe et qu'il regardait la situation de loin mais avec des effets décuplés. Alexandre SEURAT diffuse des bribes tout au long du livre jusqu'à vous en rendre prisonnier, comme le personnage du roman. Mais ce n'est pas tout, ce roman est écrit comme s'il ne s'agissait que d'un seul chapitre, il n'offre aucune respiration, le lecteur est en apnée totale depuis la première page jusqu'à la dernière.


Vous l'aurez compris, ce roman m'a profondément troublée. Il me laisse sans voix. le silence m'aurait-il contaminé ?

Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Avec ce troisième court roman, je retrouve avec plaisir la plume particulière d'Alexandre Seurat, qui m'avait déjà séduite avec "La Maladroite".

Le livre est très dense, écrit comme un seul chapitre avec une ponctuation particulière. Peu de respiration, faisant monter une tension, un mal être.. celui de notre narrateur.

C'est à la troisième personne du singulier qu'il s'exprime. Avec lui, on ressent son malaise depuis la perte de Solenne. J'aime beaucoup cette phrase de la quatrième de couverture : "C'est peut-être ça la vie : la sensation d'être toujours hors saison, abandonné depuis l'enfance à un monde flottant et douloureux. Funambule, il se sent entraîné dans une course à l'abîme, à laquelle il ne peut rien."

Notre narrateur marche au dessus du vide comme un funambule, il cherche sa place dans la vie, la douleur étant intense ; la perte de Solenne, la difficulté de communiquer avec sa mère. A la recherche de sa place, de la bonne attitude, il est perdu, se sent continuellement agressé par le monde extérieur. Écorché, avec un sentiment d'abandon, sans attention, il essaie de faire de son mieux, de comprendre.

Avec de la poésie, comme souvent Alexandre Seurat nous parle de la noirceur, du vide intégral, de la difficulté de trouver un équilibre dans sa vie.

Par son écriture sans respiration, on entre en apnée et comprend le silence, le malaise prégnant du narrateur incompris de son entourage.

Une lecture que j'ai appréciée mais qui réclamait de l'exigence. Attention ce livre ne se lit pas d'une traite tant il est dense et lourd.


Ma note : 8/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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Le narrateur dont on ignore le nom, raconte son histoire dans le prisme de son mal être... Il vit, il marche, il parle comme en état second...
Chaque personne croisée sur son chemin, chaque élément du paysage est vécu comme une agression, il est submergé par son environnement, se sent en permanence en décalage avec le monde et les autres, menacé voire en danger...

Ce roman ne se raconte pas... Il se vit avec ce jeune homme fragile, souffrant d'un syndrome d'abandon, qui semble avoir souffert de la disparition de sa nourrice, Germaine, et avoir décompensé lors de la séparation avec Solene, sa petite amie, seule personne capable de le comprendre...

Ce texte est d'une grande beauté narratrice, livrant des bribes d'une vie étouffante, les tensions et les pensées désordonnées du narrateur, happant ainsi le lecteur qui attend un drame, mais seul le drame interne du personnage principal est exposé, ainsi que la souffrance psychique qui le mènera à l'hôpital psychiatrique...
Ce roman simple, dense et pudique est intense bien qu'il soit très court. L'atmosphère est lourde, tout est pourtant très poétique et constitue un bel hommage aux insaisissables funambules de la vie, plongés dans la désespérance de la maladie psychique.
Belle lecture d'un après midi ensoleillé. A découvrir !


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Un homme regarde la mer. Il pense à Solenne qui l'a quitté, au quad qui semble lui foncer dessus. Il s'est retiré dans la maison de vacances de ses parents, il n'arrive plus à écrire, il n'arrive plus à bouger sans cette douleur qui se niche dans tous les creux de son corps. Pris au piège par ses pensées.
Cet homme regarde sa mère, aussi. Ils s'aiment, bien qu'inaptes à se comprendre, se parler, ou même se côtoyer.
Les phrases sont courtes puis longues, en apnée puis en hyperventilation, et ce avec le parfait dosage : une écriture qui se place hors du temps, faite de points, de virgules, d'appartés si poétiques, de "et puis" et de "ensuite", de flou et de chutes en arrières, de bourdonnement dans les oreilles et de lumière trop vive. La distance d'avec le narrateur, dont on ne connaît que les maux, mais pas le prénom, est appuyée par le discours rapporté, qui laisse entendre seulement l'écho aux lecteurs et lectrices.
C'est un roman-poésie, à lire comme un long poème, doux par les mots et piquant par ce qui s'y cache. Un délire, une folie, un pas en dehors de la vraie vie.

Lien : http://adelalu.canalblog.com/
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