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Citations sur La sainte famille (4)

Elle ne connait pas de sensation comparable à celle qu'elle éprouve à l'instant où elle reconnait le parfum de sa mère. Elle s'étonne chaque fois de ce choc intérieur, comme un coup sourd frappé à la porte, une petite déflagration de plaisir à laquelle succède aussitôt un manque.
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Suzanne se souvient d'une période où il y avait de la gaieté dans la maison. Il était difficile de savoir si leurs parents se trouvaient soudain heureux ensemble ou si leur joie à chacun venait d'ailleurs, mais ils étaient légers en présence de l'un de l'autre. C'était particulièrement perceptible pendant les trajets en voiture. Pour Suzanne, les trajets en voiture étaient la vie même, la vie à échelle réduite, mais infiniment précise et déployée. Le passé derrière, l'inconnu devant.
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C'est l'heure et nous savons que dix minutes plus tard, nous devons être habillés et peignés, malgré l'engourdissement des matins d'hiver qui étreint chacun de nos membres, comme un sortilège dont la rupture nous ferait presque pleurer.
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Il y a longtemps, quand je savais la maison vide, il m’arrivait de téléphoner là-bas. (Jamais je ne l’aurais fait si j’avais pensé qu’il y eût quelqu’un.) J’écoutais la sonnerie dans le combiné, puis, en fermant les yeux, je l’entendais retentir dans le petit bureau. Elle faisait résonner la table comme le vrombissement d’un très gros insecte. Je voyais le téléphone, la table, et l’étroite fenêtre ombragée par les branches du cèdre. J’étais soudain dans cette petite pièce sombre, je retrouvais les photos au mur, celles de mon grand-père, que je n’avais pas connu. Je revoyais le grand placard en fer. Je sentais la fraîcheur de la pièce. Puis, m’accrochant à la sonnerie comme à un fil qu’il ne fallait surtout pas lâcher, je quittais le petit bureau et traversais le couloir. Je visitais les pièces du rez-de chaussée. La sonnerie du téléphone était le sésame qui me permettait de retrouver la maison, comme Peter Ibbetson retrouve celle qu’il aime dans ses rêves. Et je pouvais presque prendre possession de ces lieux, où je m’étais toujours sentie une étrangère mais qui m’habitaient, pourtant, comme une hantise, comme une personne. Je montais l’escalier et j’entrais dans la chambre de ma grand-mère, lumineuse, arrangée avec soin. Celle de ma grand-tante, spartiate et meublée de formica. Je regardais les mouches mortes au pied des fenêtres. Lorsque la maison restait fermée longtemps, après l’été, il y avait souvent des dizaines de mouches mortes sur les rebords des fenêtres et sur le parquet. Puis je montais l’escalier qui menait au deuxième étage, la sonnerie devenait lointaine, presque inaudible, mais j’étais si concentrée que je n’en avais plus besoin. Je pouvais laisser pendre le combiné au bout de ma main. Cet étage comportait à la fois un grenier et un petit appartement inhabité depuis des années. Une salle de bain, une cuisine avec un réfrigérateur antique, une chambre parentale, une chambre d’enfants avec un grand placard à jouets, une salle à manger austère, inquiétante, avec un buffet rempli d’assiettes qui ne servaient jamais, et de lourdes chaises en bois sombre impeccablement rangées autour d’une table, comme si elles attendaient que des fantômes y prennent place.
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