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Citations sur Sonnets (199)

J'ai querellé l'impatiente violette ;
Voleuse, où donc pris-tu cette suave odeur
Sinon à quel amour? Ce pourpre orgueil que jette
Nature sur ton front, tu l'as, d'autre couleur
Prise en ses veines, teint, par ruse malhonnête.

J'ai condamné le lis en faveur de ta main
Et t'ont pris tes cheveux les fleurs de marjolaine.
Les roses se cachaient, craintives, au jardin,
Ou rougissant de honte, ou bien blanches de peine.

L'une, blanche ni rouge, avait volé des deux
Et joint à son larcin ton haleine embaumée,
Mais pour pris de son vol, en son jour orgueilleux,
Un insecte vengeur l'a, jusqu'au coeur, rongée.

Je trouvai d'autres fleurs, mais aucune ne vis
Qui n'ait de toi son teint et son parfum ravis.
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Tels vantent leur naissance et d'autres leur esprit
Et ceux-là leur richesse ou force corporelle,
Ceux-là leurs vêtements à la façon nouvelle
Ou leurs chiens, leurs chevaux, leurs faucons à l'envi ;

Chaque humeur trouve ainsi plaisir à sa semblance
Et plus qu'à tout le reste y demeure attaché,
Mais aucun de ces biens n'aura ma préférence
Car j'ai plus que leur somme en un objet caché.

Ton amour est pour moi plus que race hautaine,
Plus que grande fortune ou riches vêtements ;
Ni faucons, ni chevaux n'ont si doux agréments ;
J'ai, de te posséder, fierté bien plus qu'humaine

Et n'ai d'autre malheur, si ce n'est que tu peux,
En m'ôtant tout cela, me rendre malheureux.
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Du mal que tu me fis, ne soit plus soucieux,
La rose a ses piquants, sources d'argent leur boue.
La lune et le soleil s'éclipsent dans les cieux,
Dans le plus beau bouton un ver rongeur se joue.

Tout homme peut pécher et moi-même, en ceci,
Je permets ton abus, te servant de modèle,
Me corrompant moi-même, absolvant ton délit,
Excusant tes excès par un excès de zèle.

Je donne leur vrai nom aux fautes de tes sens ;
Tu as pour avocat ton adverse partie ;
Contre moi-même ici mon procès j'entreprends ;
Ma haine et mon amour ont guerre si suivie

Que je sers de complice à ce voleur charmant
Qui me vient dépouiller aussi cruellement.
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Vais-je te comparer à ce clair jour d'été?
Tu es plus modéré, tu es plus adorable.
Un vent brutal abat les chers bourgeons de mai.
Ce que prête l'été n'est pas à bail durable.

L'oeil du ciel est parfois estimé trop ardent
Ou bien sa face d'or se fait souvent obscure ;
Il n'est point de beauté qui n'aille déclinant
Par l'effet du hasard ou du cours de Nature.

Ton éternel été ne se fanera pas,
Ces beautés à jamais demeureront les tiennes
Et ne te retiendront les ombres du trépas,
Porté dedans mes vers aux époques lointaines.

Tant que battront les coeurs ou que verront les yeux,
Mes vers vivront et te feront vivre avec eux.
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Fatigué de ce monde je demande à mourir, lassé de voir qu'un homme intègre doit mendier quand à côté de lui des nullités notoires se vautrent dans le luxe et l'amour du public, qu'on s'amuse à cracher sur la sincérité, que les places d'honneur sont pour les plus indignes, qu'on offre des corps vierges à des désirs brutaux, qu'on couvre d'infamie le juste diffamé, qu'un fort devienne infirme au pouvoir du difforme, que l'art est bâillonné sous un règne arbitraire, que des singes en docteurs décident du génie, qu'un être simple et vrai est traité de stupide, que le bien asservi est esclave du mal...
Fatigué de tout ça, je veux quitter ce monde, sauf que si je me tue, mon amour sera seul.
Sonnet LXVI, édition de 1609
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Sonnet 116 : 'Ne me laisse pas au mariage des vrais esprits...'


Ne me laisse pas au mariage des vrais esprits
Admettre des empêchements. L'amour n'est pas l'amour
Qui s'altère quand il trouve l'altération,
Ou se plie avec le dissolvant pour enlever :
O non ! c'est une marque toujours fixe
Qui regarde les tempêtes et n'est jamais ébranlée ;
C'est l'étoile de chaque barque errante,
Dont la valeur est inconnue, bien que sa hauteur soit prise.
L'amour n'est pas le fou du temps, bien que les lèvres et les joues roses
entrent dans la boussole de sa faucille courbée : l'
amour ne change pas avec ses brèves heures et ses semaines,
mais le confirme jusqu'au bord du destin.
Si c'est une erreur et sur moi prouvée,
je n'écris jamais, et personne n'a jamais aimé.
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Tous mes jours sont des nuits jusqu'au jour de te voir,
Jours clairs, les nuits où tu te montres dans mes rêves. (Sonnet 43)
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CLV
Ni mes propres pressentiments, ni l’âme prophétique de l’univers immense rêvant aux choses à venir, ne peuvent désormais fixer de terme au bail de mon amour, qu’on supposait condamné à une résiliation fatale.

La lune condamnée a survécu à son éclipse, et les augures de malheur se moquent maintenant de leurs présages. Les doutes se couronnent enfin dans la certitude, et la paix arbore l’olivier des âges sans fin.

Mon amour est à jamais rafraîchi sous les gouttes d’un baume inépuisable, et la mort se soumet à moi. En dépit d’elle, je vivrai dans ces pauvres rimes, tandis qu’elle écrasera les masses hébétées et sans voix.

Et toi, tu auras ici ton monument, ami, quand seront détruites les couronnes et les tombes de cuivre des tyrans !


FIN DES SONNETS (
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Est-il dans le cerveau humain une idée, que puisse fixer l’encre, qui n’ait été employée à te représenter mes vrais sentiments ? Reste-t-il maintenant rien de nouveau à dire ou à écrire pour exprimer mon amour ou ton rare mérite ?

Non, doux enfant. Comme dans nos prières à Dieu, je suis forcé chaque jour de redire la même chose, en trouvant neuve cette vieillerie : « Tu es à moi, je suis à toi, » comme le premier jour où j’ai sanctifié ton beau nom.

Aussi, notre amour, dans son revêtement d’éternelle jeunesse, est à l’abri de la poussière injurieuse des siècles ; il ne donne pas prise aux rides fatales, et à jamais il fait du temps son page ;

Devant retrouver toujours vivante ici l’image première du bien-aimé, alors qu’elle sera morte apparemment sous les formes extérieures de ce monde éphémère.
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CLIII
Ni le marbre, ni les mausolées dorés des princes ne dureront plus longtemps que ma rime puissante. Vous conserverez plus d’éclat dans ces mesures que sous la dalle non balayée que le temps barbouille de sa lie.

Quand la guerre dévastatrice renversera les statues, et que les tumultes déracineront l’œuvre de la maçonnerie, ni l’épée de Mars, ni le feu ardent de la guerre n’entameront la tradition vivante de votre renommée.

En dépit de la mort et de la rage de l’oubli, vous avancerez dans l’avenir ; votre gloire trouvera place incessamment sous les yeux de toutes les générations qui doivent user ce monde jusqu’au jugement dernier.

Ainsi, jusqu’à l’appel suprême auquel vous vous lèverez vous-même, vous vivrez ici sous le regard épris de la postérité.
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