Le seul texte complet de Delsarte dont nous ayons la trace est celui de la conférence qu'il donna devant la Société Philotechnique de Paris. (...) "La science est la possession d'un critère d'examen devant lequel aucun fait ne proteste. L'art est la généralisation et l'application de ce critère" "Si vous possédez un télescope, puis-je vous demander ce que vous lui trouvez d'intéressant ? Pourquoi lui accordez-vous une valeur ? N'est-ce pas pour la propriété qu'il possède de révéler devant vos yeux étonnés des perspectives vagues et profondes, invisibles sans cette aide ? Ce sont donc pour les vues extraordinaires qu'il met à votre portée que vous appréciez votre instrument, et vous n'oseriez certainement pas prétendre aimer le télescope en soi. Ceci posé, l'art est le télescope d'un monde surnaturel. Celui qui sait aimer l'art, aime quelque chose qui se situe au-delà de l'art" "l'art lui-même n'est pas ce que vous devriez aimer dans l'art. Aussi élevé par son origine et magnifique qu'il puisse être, l'art n'est pas une fin en soi; il ne devrait pas, et n'est pas à nos yeux, autre chose qu'un moyen, un moyen sublime sans doute, mais un moyen seulement. Toute autre manière de regarder l'art le rabaisse et le dégrade car c'est dans l'objet, et non dans les effets que l'on doit chercher les secrets de sa grandeur. Les effets de l'art sont les ailes de l'âme. Ces ailes nous ont été données pour promouvoir indirectement sa divine ascension. Mais l'âme qui cesse de contempler ses ailes jamais ne s'élèvera. Ainsi la beauté des moyens peut-elle faire oublier et disparaître le but dans une triste idolâtrie des sens"
(...)
"L'art et la prière sont à tel point confondus en une seule ineffable unité que je ne peux les séparer"