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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Posséder un pousse-pousse ne paraît pas être un rêve utopique en soi. Mais dans la société chinoise des années vingt traversée par de multiples lignes de démarcation sociale puissamment ressenties, c'est presque inaccessible pour un jeune homme pauvre issu du milieu rural. Lao She s'acharne à le montrer dans le pousse-pousse, récit qui se lit comme un conte dans lequel la justice triomphante n'a pas l'intention de toquer à la porte du récit.
Tous les éléments introduisant la narration invitent en effet à emprunter le chemin de la fable : un héros au visage lisse et au tempérament presque unidimensionnel, des phrases à la densité rapide, un récit fulgurant où les faits sont définis par leur signification dans le déroulement de l'intrigue.
Mais nullement besoin de merveilleux pour raconter comment le déterminisme au sein de la société chinoise confisque les rêves adolescents, même les plus humbles. Sous la plume de Lao She, la société est cruelle, et la ville, Pékin, une broyeuse d'existence. «La robustesse et l'honnêteté foncière d'un campagnard» offrent peu de réconfort face aux instincts carnassiers de la ville, elles permettent de retarder tout au plus les déceptions d'adultes.
L'abnégation dont fait preuve Siang-Tse ne trouve pas plus de grâce aux yeux de l'auteur chinois qui avec des mots durs y voit l'autre cause de ses échecs récurrents. Bien que la préface défende le roman de toute vision politique, Lao She n'hésite pas à dénoncer frontalement l'individualisme du jeune homme qui, dans sa volonté de s'en sortir uniquement par ses propres moyens, précipite les catastrophes.
Et pourtant, c'est ce qui fait de Siang-Tse un véritable héros de littérature, son obstination à défier l'ordre social en essayant de maintenir sa petite vie debout est admirable. Si l'auteur dans sa volonté de témoigner et non de séduire propose une peinture réaliste saisissante_les descriptions même les plus prosaïques sont captivantes_, les immenses sacrifices consentis par notre jeune tireur pour parvenir à ses fins le rendent attachant. Et ce, malgré son caractère bougon et les désillusions qui s'abattent sur lui.
Très bon moment de lecture.

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Un de ces livres qui fait réfléchir sur l'Humain. C'est l'aspect social du roman que je retiens le plus : la misère humaine. L'action se passe à Pékin au début du XXe siècle. Siang-tse est et veux être tireur de pousse-pousse. C'est son obsession ! Il vient d'arriver à la ville, il est jeune, il est vigoureux, il a tout l'avenir devant lui. Malgré sa basse extraction sociale, il pense pouvoir économiser assez pour s'en sortir et mener une vie honorable. L'avenir va, peu à peu, lui prouver le contraire, en dépit de tous ses efforts et de ses choix. Outre l'exotisme de la description de la vie du petit peuple de pékin, qu'affectionne Lao She, c'est un thème que l'on retrouve sous toutes les latitudes, à toutes les époques. Je pense notamment à Zola. On suit la déchéance d'un homme dans un déterminisme social qui fait froid dans le dos. Siang-tse ne peut pas s'en sortir. Pour nous, lecteur, c'est une évidence que l'on saisit dès les premières pages. L'auteur fait souvent référence, avec justesse, aux injustices sociales. La résilience n'est pas faite pour tout le monde. Et Siang-tse le comprend assez vite, mais redouble d'efforts et d'espoirs jusqu'au moment où, terrassé par les pires épreuves, il « abandonne ». A quoi bon ?
C'est un roman que j'avais déjà lu il y a plusieurs années mais que j'avais un peu oublié après avoir lu la monumentale oeuvre des « Quatre générations sous un même toit ». De Lao She, on retrouve ici la même écriture, le même souci du détail pour nous amener à comprendre l'incapacité de ses personnages à se sortir de leur marasme, englués qu'ils sont, dans une société qui les manipule, les broie, pour finalement les absorber contre leur grè ou les rejeter violemment. Tout cela est encore très actuel et, si on transpose un peu, l'intrigue offre de nombreux parallèles avec notre époque.
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Dans sa préface, Anne Cheng explique que ce roman marque un virage dans l'oeuvre de Lao She,car l'invasion de la Chine par le Japon va le conduire à une littérature de " résistance". Ce roman nous fait assister à la longue d'échéance de Siang Tsé, tireur de pousse pousse. Jeune et vigoureux,il aspire à posséder son propre pousse_pousse et ainsi réussir à vivre dans de bonnes conditions et même s'enrichir. Seulement, d'étape en étape il perd systématiquement tout ce qu'il avait réussi à acquérir, pour finir dans une résignation tragique proche de l'auto_ destruction. A travers lui on découvre la Chine des gens du peuple, les " petites gens" au service des grands. Ils ne peuvent,au meilleur des cas que survivre puisque beaucoup périssent de misère. Il y a un poids énorme dans ce récit, la fatalité qu'on devine dès les premières pages, et qui coupe toute énergie. Si Siang Tsé se reprend à plusieurs occasions pour croire encore en ses projets, je n'ai pas senti de véritable résistance que ce soit face à la société injuste ou dans sa vie privée. Il se laisse berner par La Tigresse et devient lui même insensible et égoïste dans sa relation avec elle. Sa rencontre avec Petite Fou Tsé se passe alors qu'il est déjà profondément inscrit dans un processus d'abandon de soi et de ses rêves. le lecteur pressent une issue tragique. Lao She ayant choisi dans ce roman de partir de l'individu dans une dimension humaniste plutôt que de se positionner dans une idéologie Collective et politique,j'ai regretté qu'il n'ait pas donné davantage de consistance à son personnage, plus d'émotion,de colère,de révolte,de tristesse...ce qui n'aurait pas empêché de dépeindre avec réalisme le paysage économique et social de cette Chine des années 20/30...
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C'est le premier livre asiatique que je lis, après les conseils d'amis passionnés par cette culture, je me suis lancée avec le pousse pousse. Et j'ai beaucoup apprécié, l'introspection du personnage, ses péripéties et ses espoirs pour s'en sortir m'ont donné envie de le suivre et j'ai dévoré ce livre.
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Je viens à peine de le terminer et j'avoue avoir du mal à en parler. Toutes proportions gardées et si l'on tient compte des différences de civilisation, d'époque et de projet littéraire dans lequel il s'inscrit, "Le Pousse-Pousse" rappelle "L'Assommoir."
A ceci près que le personnage principal n'en est pas une femme, comme Gervaise, mais un homme, Siang-tse, dit "Le Chameau." Arrivé de sa campagne natale dans le Pékin des années 20, Siang-tse comprend vite que le meilleur moyen pour un homme comme lui de s'y faire de l'argent, c'est de se faire tireur de pousse-pousse. Pour ce faire, il n'épargne ni sa sueur, ni sa peine.
Et puis, lentement mais sûrement, de déconvenue en chagrin, Siang-tse se met lentement à glisser sur la pente de la déchéance ...
Je n'en écrirai pas plus. J'ai dû me forcer pour terminer ce roman. Non que je mette en cause le talent de son auteur, bien au contraire : c'est justement parce que Lao She sait comme personne nous rendre présent le personnage de Siang-tse et tous ceux qui l'entourent, et nous restituer en parallèle le climat du Pékin d'avant-guerre, qu'on se révèle incapable de lire ce livre sans s'impliquer dans l'histoire qu'il conte. ;o)
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Une amie m'a passé ce livre après qu'elle en a discuté dans son club de lecture.
Je n'avais jamais lu de littérature chinoise et je me demande comment on peut traduire des idéogrammes avec un tel style.
C'est une histoire de misère, racontée comme une histoire au coin du feu, on attend la suite avec impatience, savoir si le héros va s'en sortir.
A la même époque, en France, Paris était peuplée de petites gens, de petites frappes de la zone, qui luttaient aussi pour s'en sortir.
Mais les "gens de rien" sont destinés à souffrir dans cette vallée de larmes qu'est leur pauvre vie.
Le héros, plutôt anti-héros est analphabète , campagnard , sans famille, autant de handicaps qui poussent dans le trou, la guerre, et autres événements sur lesquels on n'a aucune prise, aggravent la situation, et ses mauvais choix font le reste.
Toutefois, le roman finit sur une interrogation, même si le destin du héros semble inéluctable.
Et, à l'heure actuelle, ce genre de vie a-t-il vraiment changé depuis, pour des millions de gens?
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Siang-tse arrive à Pékin après la mort de ses parents. Jeune, vigoureux, il loue bientôt un pousse-pousse pour gagner sa vie, espérant en acheter un au plus vite et devenir l'un des meilleurs coursiers de la ville. Une première fois, son rêve se brise à cause de la guerre et de la soldatesque qui lui prend tout. Revenant dans la ville, Siang-tsé se lie bientôt à Tigresse, la fille d'un important loueur de pousse-pousse. Mais cet homme refuse le mariage de sa fille avec un homme simple comme Siang-tsé, et le jeune couple connait des heures bien plus difficiles, qui deviennent bientôt le quotidien de Siang.
Le roman vaut autant pour sa description du Pékin des années 1920 que pour cette trajectoire singulière et pourtant habituelle d'un homme aux rêves humbles, lesquelles se brisent sur le mur d'une réalité complexe et dure pour ceux qui n'ont ni argent ni relations. Ici, les joies sont rares : les enfants sont vendus par leurs parents, les prostituées sont des adolescentes, les hommes et les femmes s'entassent dans des immeubles délabrés. Un roman étonnamment puissant.
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Siang-Tse ne rêve que d'une chose, être tireur de pousse-pousse et se payer un pousse bien à lui pour être libre.
Mais rien ne va se passer comme prévu. Entre mauvais choix et coups du sort, le rêve de Siang-Tse va être mis à rude épreuve.
Lao She (sorte de Victor Hugo chinois) décrit dans ce roman la société chinoise des années 20/30. Une société implacable où règne une indicible misère et une immense violence.
J'ai été plutôt touchée par le personnage de Sing-Tse et sa volonté obsessionnelle de réaliser son rêve et à s'en sortir.
D'une certaine façon, ce récit m'a fait penser au Procès de Kafka. Quoi qu'il arrive, le destin s'abat sur le personnage.

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Siang-Tse, surnommé le chameau, est un tireur de pousse-pousse dans le Pékin des années 1920-1930. Fier de son métier, il rêve d'économiser pour pouvoir s'offrir son propre pousse.
Les conditions de travail sont dures, le pousse-pousse, un mode de transport obsolète… En dépit de tous ses efforts, Siang-Tse est souvent maltraité et va de désillusion en désillusion, mais il reste fortement attaché à son travail et ne perd pas l'espoir de pouvoir, à force de travail, améliorer sa condition.

Avis :
Hymne aux petits métiers à un Pékin désormais disparu, ce roman attachant nous entraîne à travers les espoirs et les désillusions du petit peuple, dans un monde où tout est régi par l'argent, la guerre et le pouvoir. Une petite perle à lire d'urgence !
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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Voici l'histoire pathétique de Siang-Tsé jeune homme modeste et intègre, qui verra tous ses efforts pour vivre avec dignité anéantis par la malchance et dont le courage et l'optimisme seront broyés par la dureté de la vie.

Le pousse-pousse est un roman fort, empreint d'un réalisme à la Zola : dans les mésaventures de Siang-Tsé, Lao She, sans jamais se départir d'humour, fait le sombre constat que l'honnêteté ne fait pas le poids face aux combines et aux personnages sans-scrupules et brosse un tableau sans complaisance du petit-peuple de Pékin dans les années 1920-1930.
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