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3,42

sur 158 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Etait-ce vraiment une bonne idée que de lire ce roman de (proche) anticipation en une période où les peurs plus ou moins rationnelles gouvernent nos quotidiens? Pas sûr, quelques cauchemars ont complété l'effet diurne de cette lecture terrifiante.

Les Mandible, en 2027 ont déjà subi la catastrophe de « l'âge-pierre » : une cyber-attaque a privé les américains d'internet avec toutes les conséquences que l'on peut aisément imaginer.
Mais cinq ans plus tard, c'est un autre cataclysme qui s'abat sur cette nation autrefois arrogante, et imbue d'elle-même. de sombres tractations financières internationales confèrent au dollar une valeur de roupie de sansonnet, à moins d'abdiquer en adoptant la monnaie internationale, le bancor.

Le refus du président entraine la faillite complète de tous les possesseurs de devises, comme en 29, et met la nation entière sur la paille. Comme on peut s'y attendre, l'instinct de survie fait ressurgir des comportements de violence incontrôlables et plus accessoirement des ruées sur le papier toilette!

La famille Mandible qui lorgnait sur l'héritage du doyen comprend que ses rêves sont caduques. Commence pour eux une descente aux enfers dramatique.

Le roman insiste sur les mécanismes du marché de la finance mondiale , de façon fort adroite puisque l'un des personnages, Lowel, est prof universitaire en économie. Malgré cela, j'avoue être aussi ignorante après qu'avant, tant le fonctionnement de ce bazar m'est obscur. On en comprend cependant aisément les conséquences et la fragilité d'un tel système.

C'est écrit avec l'assurance de quelqu'un qui possède son sujet et les personnages suscitent une grande empathie , malgré leur limites et leurs petites mesquineries. J'aime particulièrement Enola, la grand-mère qui avec une constance parfaite, sur les 40 ans que dure le récit, effectue ses séries de jumping-jack et refuse de se séparer d'une caisse de livres qui lui restent de son passé de romancière à succès.


C'est brillant, glaçant, et ça nous pend au nez.

Challenge Pavés Babelio 2020

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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"Les Mandible" imagine un monde en proie à une crise économique sans précédent, à partir de 2029. Les grandes puissances mondiales se sont liguées pour marginaliser les Etats-Unis et leur faire perdre leur suprématie... Résultat, une inflation démesurée, un gouvernement dépassé qui enchaîne les mesures coercitives, des populations qui découvrent la pénurie et la faim.
L'auteur propose de suivre les différents membres du clan Mandible et la manière dont ils vont affronter la crise. L'intrigue se révèle donc dense, entrecoupée de réflexions économiques assez difficiles à suivre (pour la profane que je suis).
Mais au final, j'ai été happée par les destins de ces personnages si bien travaillés, et par la vision presque apocalyptique du monde proposé par Lionel Shriver, pas si éloignée, il me semble, de ce que pourrait être la réalité...
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Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :


Et paf ! Il fallait bien que cela nous arrive.
Mais vous me direz que « ça nous pendait au nez », et puis nous l'avons bien cherché à mettre en situation de pouvoir des personnages qui ne pensent qu'à leurs intérêts personnels, guidés par les apprentis sorciers de la finance…

Bien maintenant il va falloir être plus « démerdard » que les voisins.
Toutes les idées sont bonnes à prendre et ce n'est pas une question d'âge, de niveau social ou de parcours scolaire.
La capacité d'adaptation, l'envie, le pouvoir à se transcender, les liens de coeur et familiaux, voilà ce qui va faire la différence.

Vous êtes « ready » ?
Alors en avant chers (es) lecteurs (trices), l'aventure s'ouvre à vous et quelle AVENTURE…
Pensez à prendre votre « fleX ».

L'histoire,

A la sortie de « l'âge de pierre », une précédente crise, les États-Unis d'Amériques sont en perdition. « Mister Président », Dante Alvarado, annonce à ses concitoyens la mise en faillite du pays et parallèlement que les dettes ne seront pas honorées à l'international.
Les particuliers doivent donner leur or au gouvernement.

La classe moyenne prend une grande claque. Les produits de première nécessité voient leur prix s'envoler. le maitre Dollar ne vaut plus rien. le monde devient chaotique, dangereux.

Les familles, contraintes et forcées, pour survivre doivent se regrouper, les bonnes volontés sont mises à rudes épreuves, à votre bon coeur messieurs dames…

Comme toujours dans ces moments difficiles les caractères se dévoilent pour le meilleur et pour le pire.

Le pire au milieu de cette guerre financière, enfin pour le p'tit Duc, la disparition du livre physique. Les salauds…

Lionel SHRIVER a visé juste :

o Une histoire qui est largement crédible lorsque l'on voit ce qui se passe dans le cadre de la mondialisation.
o Une écriture sérieuse, documentée et plaisante que la traductrice a rendu « audible » à nous les francophones.
o Des personnages plus attachants les uns que les autres qui seront vous émouvoir.
o Et cet humour qui par petite touche rend plus humaine cette aventure qui pourrait en plomber plus d'un.

Les personnages,

Ø Florence et Esteban, un couple mixte parents de Willing adolescent de 14 ans
Ø Lowell et Avery, parents de Savannah, Goog et Bing
Ø Douglas « le Grand Homme », le père de Carter et de Nollie la tata écrivaine
Ø Luella la seconde épouse de Douglas
Ø Jayne l'épouse de Carter
Ø Jarred le tonton fermier
Ø Kurt, le locataire
Ø Et dans le rôle du trésor la boite héritage de la famille Mandible
Ø …

Des petits passages qui ont retenus votre serviteur :

Lowell à ses enfants qui m'est en place une réunion de crise avec ses enfants : « ça signifie que vous vous pointez tous sans exception au salon à la même heure et que vous la bouclez. »

Willing qui prend la parole, « Je n'ai jamais été timide. J'attendais seulement d'avoir quelque chose à dire. »

« Lire est acte de possession. Ce qu'on lit est à Soi. » Carter

« …la nécessité est mère de la réinvention de Soi. » Avery

« Pour l'instant c'est l'éclate mais cela ne va durer. »

Sur les billets verts, le Dollar « NOVUS ORDO SECLORUM », n'a qu'un temps



Pour conclure,

Un style unique, plein, entier, fortement attirant, une découverte une de plus ;
Passer à côté ?
Vous n'y pensez pas ! Les Mandible c'est vous et moi, peut-être notre avenir à tous que vous y lirez…
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Le roman commence en 2029. L'Amérique est en faillite, elle s'effondre sous le poids de sa dette. le dollar perd son rôle central de monnaie de réserve et de référence pour les échanges commerciaux, remplacé par le « bancor », une nouvelle devise élaborée par la Chine et la Russie (j'ai découvert après ma lecture que le bancor n'est pas une invention de Lionnel Shriver mais une proposition datant du sommet de Bretton Woods !). le Président Alvarado refuse tant la nouvelle devise que la perte d'influence qu'elle représente, il dénonce unilatéralement la dette Étasunienne, interdit toute entrée de bancor et toute sortie de dollars (de toute manière plus personne n'en veux hors des US) et réquisitionne l'or de particuliers.

La crise qui s'ensuit est sans précédent et n'épargne personne. Elle engloutit les fortunes familiales, entraîne une inflation sans précédent et une insécurité grandissante qui confine rapidement au chaos dans les grandes villes.

On va suivre les 4 générations de la famille Mandible tout au long de cette crise. de nombreux personnages qui donnent une bonne idée générale des réactions diverses face à cette situation inédite.

- Douglas, l'Arrière Grand Homme, celui qui détient la « fortune » des Mandible… mais est rapidement ruiné. Il vit avec sa seconde femme, Luella, plus jeune que lui mais qui a perdu la tête depuis déjà bien longtemps.
- Ses enfants, eux-mêmes déjà âgés :
Carter dont la relation avec son père va évoluer à l'aune de la disparition de cet héritage,
et Nollie, la tante émigrée en France, ex. auteure (quand on imprimait encore des livres et qu'on les vendait encore) qui doit revenir car les américains ne sont plus guère les bienvenus ailleurs,
- Ses petits enfants, et leurs familles :
Avery, habituée à son confort, aux épiceries fines, aux traiteurs… dont le mari est professeur d'Économie et, cruelle ironie, spécialiste de la dette.
Florence et Esteban, son compagnon. C'est presque plus simple pour eux car ils ont toujours galèrés pour joindre les deux bouts. Ils en ont plus l'habitude.
Enfin, Jarred, le tonton devenu récemment fermier. Sa reconversion qui étonnait tant n'est finalement pas une mauvaise idée en tant de crise.
- Ses arrières petits enfants, la dernière génération : Willing, le fils de Florence, et Savannah, Goog et Bing, les enfants d'Avery.

Les caractères des uns et des autres, et les relations entre eux, sont complexes. Bref, tout cela est assez crédible et le livre comporte beaucoup d'humanité. Certains se dévoilent dans l'adversité, et la solidarité de clan, chez les Mandible en tout cas, n'est pas un vain mot.

Je ne vous dévoilerais pas toute l'intrique mais je vous dirais que je l'ai trouvé vraiment intéressante. Je préciserais juste que :
- J'ai trouvé excellente l'idée du Mexique qui construit un mur pour empêcher les immigrés américains de passer la frontière ;)
- J'ai trouvé pénible, mais crédible, ce manque de solidarité inter-générationnel qui fait payer les jeunes pour maintenir les prestations des seniors.
- J'ai trouvé flippante la manière dont les citoyens américains se font « pucer » pour dématérialiser la monnaie. Flippante car ce n'est finalement que l'aboutissement de l'évolution, sociétale et légale, actuelle qui nous fait nous résigner à perdre peu à peu la valeur notre vie privée.

Fiction anticipatrice ou dystopie ? En tout cas, j'ai vraiment accroché et je me suis laissé emporté par l'histoire !
Lien : https://www.6x8.org/2017/10/..
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Lorsqu'on connaît un peu la production littéraire de Lionel Shriver, on reste pantois devant sa facilité à passer d'un sujet à l'autre avec le même talent de narration : la violence d'un adolescent avec « Il faut qu'on parle de Kevin », l'incurie des États-Unis dans le domaine social avec « Tout ça pour quoi » ou encore l'obésité avec « Big Brother ».
Cette fois-ci, elle nous embarque dans une dystopie située dans un futur assez proche. Nous sommes en 2029. Les États-Unis sont plongés dans une crise sans précédent : les produits de première nécessité manquent, le dollar ne vaut plus rien et a été supplanté par le bancor, une devise sino-russe, la dette publique a explosé, internet est paralysé, les Blancs sont devenus minoritaires et c'est un président d'origine mexicaine qui gouverne...
Florence, « mère courage », vit avec Esteban, et Willing, son fils, un adolescent très intelligent, féru d'économie et lucide sur la situation de son pays. La famille tire le diable par la queue. Ce qui n'est pas encore le cas pour Avery, la soeur de Florence, Lowell, son mari, un professeur d'économie prétentieux qui n'a rien vu venir, et leurs trois enfants pourris gâtés. Ce n'est pas non plus le cas pour Douglas, l'Arrière-Grand-Homme, un nonagénaire riche et alerte dont tout le monde espère le décès pour pouvoir hériter.
Mais la crise va aussi les toucher et c'est la plus modeste, Florence, qui va devoir prendre en charge ses proches.
Quant à Jarred, le frère de Florence et d'Avery, il vit dans une ferme en parfait survivaliste.
Même si ce n'est pas très glorieux, on a un malin plaisir à assister au déclassement de ces nantis alors que, depuis toujours, des misérables manquent de tout. Pour ceux-là, l'indigence ne relève pas de la science-fiction mais bien de la réalité.
Les Mandible, eux, vont devoir s'adapter et oublier le fameux American way of life avec la vénération du roi $, la surconsommation et les modes aussi superficielles et dérisoires que le régime sans gluten...
D'autant plus que l'État, pour se renflouer, réquisitionne l'or. Et cette mainmise sur le patrimoine des Américains va se doubler d'une emprise sur leur cerveau.
Et, finalement, les Mandible vont apprendre à apprécier la vraie valeur des choses et des relations humaines.
S'inspirant de la crise des subprimes de 2008 qui a dégénéré en récession mondiale, « Les Mandible » propose une critique féroce et drôle du système américain mais, paradoxalement, elle prône, notamment dans la dernière partie du livre, le libéralisme le plus effréné comme un retour aux origines avec le mythe des pionniers et les vertus de la famille.
EXTRAITS
- Tout ce que nous avons fait a disparu.
- L'Amérique, maintenant, c'est le Grand Mexico, et l'Europe, une extension du Moyen-Orient.
Lien : http://papivore.net/divers/c..
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C'est une dystopie mais on s'y croirait presque. C'est tantôt glaçant, tantôt drôle. Beaucoup d'imagination et d'intelligence dans ces pages. Je n'en dis pas plus car il ne faut pas "spoiler" un aussi bel ouvrage.
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