Les vignes de Sainte-Colombe, tome 2 : La lumière des collines

Jean pris son fils dans ses bras, s'approcha de la fenêtre, regarda au-dehors les vignes où les vendangeurs étaient courbés entre les ceps.
- Ne pleure pas, dit-il, toi aussi tu en feras, de belles vendanges.

Tu penses encore à elle, n'est-ce pas ? Je sais bien qu'on n'oublie jamais son premier amour.

Une grande paix descendait sur la terre, de celles qui font croire aux hommes que leur vie ne finira jamais.

Le terrible hiver 41-42 parut ne devoir jamais finir. Le cerfs soufflait sur la plaine languedocienne en rafales rageuses, qui incitaient plutôt à travailler dans les caves qu'à affronter un froid très vif et très inhabituel. Les hommes avaient donc déserté les vignes, en guettant les signes d'un temps plus clément qui permettait de commencer les travaux de taille.

Enfin, un sourire apparut sur ses lèvres. Il venait de comprendre que cette lumière des collines, ce matin, c'était avant tout celle de la paix retrouvée et du bonheur possible.

Si on ne réalise pas nos rêves dans ce monde, on les réalise dans celui d'après, à condition d'avoir commencé ici-bas.

Il entoura maladroitemnet ses épaules, ne sachant que dire, étonné par ce désespoir alors qu'elle s'était toujours montrée si courageuse.

Elle avait l'impression que le Soleil se sé désintégrait au fil des jours, du moins celui qu'elle aimait, et qu'elle avait défendu jusqu'au bout de toutes ses forces. Or, des forces, il ne lui en restait guère. C'est à peine si elle s'était rendue dans la cave au moment des vendanges, et elle passait ses journées dans sa chambre ou dans le bureau, incapable de faire atteler le cabriolet pour se rendre dans les vignes, dont, pourtant, d'ordinaire, elle se plaisait tant à parcourir les allées.

Et il crut que son jeune maître lisait dans ses yeux son projet de départ. Il s'empressa alors de s'éloigner en direction de l'étable, afin de se soustraire à ces regards qui, lui semblait-il, le tranperçaient