Maigret à l'école

[...] ... - "Je l'ai vu.

- Qui as-tu vu ?

- Marcel.

- Où ? Quand ?

- En classe, près de la fenêtre.

- Raconte-moi exactement ce qui s'est passé.

- Il ne s'est rien passé. M. Piedboeuf est venu chercher mon père. Ils se sont dirigés tous les deux vers le bureau de la mairie.

- Tu les voyais ?

- Oui. De ma place, je pouvais les voir. Ils ont pénétré sous la voûte et tous les élèves se sont mis à chahuter, comme d'habitude.

- Tu n'as pas quitté ton banc ?

- Non.

- Tu ne chahutes jamais ?

- Non.

- Où était Marcel ?

- Près de la première fenêtre de gauche, celle qui donne sur la cour et sur les jardins. ..." ... [...]

— Que s’est-il passé après la récréation ?
Toujours le même silence. Maigret se transformait en un monument de patience.

Ses mouvements étaient maladroits, sa démarche indécise. Il alla décrocher son képi de facteur et se dirigea vers la porte en grommelant des mots qu’on ne distinguait plus.

Il descendit pour déjeuner dans son coin alors que des carrioles amenaient déjà sur la place les fermiers qui habitaient le plus loin. Ils n’entraient pas tout de suite au café, formaient des groupes sombres dans la rue et devant l’église et, à cause de leur peau tannée, leur linge paraissait éblouissant.

Il n’a pas menti tout à fait. Les femmes et les enfants ont la spécialité de ces demi-mensonges. Il n’a rien inventé, s’est contenté de décaler d’un jour un événement réel.

Le jaune brillant, dans l’air, l’emportait peu à peu sur le bleu, et les façades, de l’autre côté de la Seine, prenaient une couleur crémeuse, le soleil se réverbérait quelque part dans les vitres d’une mansarde.

Il y a des images qu'on enregistre inconsciemment, avec la minutie d'un appareil photographique, et il arrive que, plus tard, quand on les retrouve dans sa mémoire, on se creuse la tête pour savoir où on les a vues.

Il portait les cheveux assez longs, à l'artiste, comme on disait alors.

Il y a des images qu’on enregistre inconsciemment, avec la minutie d’un appareil photographique, et il arrive que, plus tard, quand on les retrouve dans sa mémoire, on se creuse la tête pour savoir où on les a vues.

A votre santé ! Ils vont tous essayer de vous mettre des bâtons dans les roues. Ne croyez rien de ce qu’ils vous diront, que ce soit les parents ou les enfants. Venez me trouver quand vous voudrez et je ferai l’impossible pour vous donner un coup de main.