Citations sur Le cycle d'Hypérion, tome 1 : Hypérion (33)
Mes premiers poèmes étaient exécrables. Comme c'est le cas pour la plupart des mauvais poètes, je n'avais pas conscience de ce fait, ancré dans mon arrogance et dans la croyance stupide que l'acte de création en soi confère de la valeur aux avortons sans valeur que l'on engendre en son nom.
- Je l'ai bien connu, Horatio, continua le poète ivre. Un homme jamais à court de plaisanteries. Pas une seule qui fût drôle. Un vrai trou du cul, Horatio...
- Tous, nous représentons aussi bien des îlots de temps que des océans distincts de perspective. Ou peut-être devrais-je dire plutôt que chacun d'entre nous détient sans doute un morceau d'un puzzle que personne n'a jamais été capable de résoudre depuis que l'humanité a découvert Hypérion. C'est un véritable mystère pour nous, ajouta-t-il en se grattant le nez. A dire le vrai, les mystères m'ont toujours intrigué, même lorsqu'ils risquent d'abréger sérieusement mes jours. Et faute d'y voir clair dans cette affaire, je me contenterai de découvrir quelques morceaux de puzzle.
Au commencement était le verbe. Puis arriva le traitement de texte, et leur foutu processeur de pensée. La mort de la littérature s’ensuivit.
Sol parlait à Dieu depuis des mois avant de prendre véritablement conscience de ce qu'il faisait. Cette idée l'amusait. Les entretiens n'étaient nullement des prières, mais prenaient la forme de monologues furieux, juste à la limite de la diatribe, qui devenaient de vigoureuses altercations avec lui-même. Mais peut-être pas seulement cela. Il s'avisa en effet un jour que les sujets de ces débats très mouvementés étaient si profonds, les enjeux si sérieux et les champs de discussions si vastes que le seul être à qui il pouvait véritablement s'en prendre pour toutes ces déficiences était Dieu lui-même. Mais comme le concept d'un Dieu personnel, ne dormant pas la nuit, penché sur les problèmes des hommes, lui avait toujours paru totalement absurde, la simple pensée de ces conversations le faisait douter de sa propre santé mentale
Martin Silenus était trapu et d'une corpulence plutôt informe. Son visage, loin d'avoir les traits durs et acérés de Kassad, était aussi mobile et expressif que celui d'un petit primate de la Terre. Sa voix était un rauquement sonore et profane. Il y avait quelques chose, se disait le consul, de presque agréablement démoniaque dans la personnalité de Martin Silenus, avec ses pommettes rouges, sa large bouche, ses sourcils obliques, ses oreilles pointues et ses mains perpétuellement en mouvement, avec ses doigts démesurément longs de pianiste de concert ou... d'étrangleur.
Au commencement était le Verbe.
A la fin… au-delà des honneurs, au-delà de la vie, au-delà des soucis…
A la fin sera le Verbe.
Etre un poète, un vrai poète, c’était devenir l’avatar de l’humanité incarnée. Accepter de revêtir le manteau du poète, c’est porter la croix du Fils de l’Homme, et souffrir les affres de la naissance de la Mère Spirituelle de l’Humanité.
Devenir un vrai poète, c’est devenir Dieu.
Je n'essaierai pas de décrire la vie à l'intérieur d'un essaim, ni leurs cités-globes à gravité zéro, ni leurs agricomètes, ni leurs amas de propulsion, ni leurs forêts micro-orbitales, ni leurs rivières migratrices, ni les dix mille couleurs et textures de la vie durant leur Semaine de Jonction. Qu'il me suffise de vous dire ma conviction que les Extros ont accompli ce que l'humanité n'a pas su faire depuis des millénaires : évoluer.
Amateur de ballets et de toutes choses gracieuses, Son Altesse a la légèreté d’un cornichon ambulant doublé d’une andouille comique.