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Parmi les batailles les plus sanglantes de la Première Guerre mondiale, l'épisode de la Somme est sans doute l'un des plus tristement célèbre puisque, après plus de cinq mois de lutte et à peine quelques mètres de terrain gagné, le total des pertes est estimé à près de 1 060 000 de morts. Un carnage dans lequel se retrouve pris le jeune James Edwin Rooke, personnage fictif mis en scène par Dan Simmons dans ce roman qui nous plonge sans pitié dans l'enfer des tranchées. Si vous avez l'estomac fragile, accrochez-vous, car l'auteur n'hésite pas à s'attarder sur les détails les plus atroces, des corps rongés par les rats ou les chats à la vermine grouillant sur les uniformes et dans les draps des soldats, en passant par les blessures les plus terribles et les morts les plus odieuses. Si la lecture se fait souvent insoutenable, on ne peut pourtant s'empêcher de poursuivre, attirés par une sorte de fascination morbide mais aussi et surtout atterrés de savoir que toutes les horreurs dépeintes ne sont malheureusement pas le fruit de l'imagination fertile d'un auteur mais bel et bien le reflet de la souffrance vécue il y a près de cent ans par ceux qui nous ont précédés. Certaines situations en deviennent presque comiques tellement elle paraissent surréalistes, à l'image de ces deux hommes s'empalant chacun sur la baillonette de l'autre et tentant de la retirer dans un mimétisme grotesque.

Outre le remarquable travail de reconstitution effectué par l'auteur, ce qui fait la force du livre tient surtout en la capacité de Dan Simmons à nous faire partager l'état d'esprit qui devait être celui de ces soldats condamnés à participer à des assauts meurtriers et à l'efficacité douteuse. Par le biais de son journal, le protagoniste du roman expose toutes les émotions par lesquelles il sera passé au cours de ces longs mois : la résignation, l'indignation, l'abattement, l'euphorie, et surtout la peur, omniprésente, qui ne lui laisse un instant de répit que lorsque « sa Dame » lui rend visite. Une petite touche de fantastique qui permet au personnage comme au lecteur de reprendre son souffle et de s'échapper, pour quelques minutes, de l'enfer de la guerre. A travers son roman, Dan Simmons rend également un vibrant hommage à tous ces poètes anglais, déjà réputés ou encore simplement prometteurs, qui participèrent au conflit et qui n'endentèrent rien cacher dans leurs écrits de la folie des offensives lancées ni de leur amertume face à l'immense gâchis qui en résulta. le récit est ainsi parsemé d'extraits des poèmes les plus poignants de l'époque, qu'il s'agisse de ceux de Siegfried Sassoon, de Rupert Brooke ou encore de Wilfred Owen, autant de poètes irrémédiablement marqués par cette guerre au cours de laquelle beaucoup d'entre eux laisseront la vie.

« Le grand amant » est donc un roman court mais intense qui dépeint avec un réalisme effrayant l'horreur vécue par les soldats de tout bord dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Un extrait, pour terminer, d'un poème de l'un de ces talentueux poètes anglais, Charles Sorley, tué en 1915 à l'âge de seulement vingt ans :
« En avant marche, les gars, gauche, droite
Jusqu'aux portes de l'enfer, avec une chanson.
Semez votre bonheur pour des moissons terrestres
Bien qu'endormis, soyez dans l'allégresse.
Jonchez de vos joies le lit de la terre,
Réjouissez-vous, car vous êtes morts. »
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Lors de la masse critique Babelio du mois de novembre je me suis laissée tenter par différents livres dont celui-ci.

Les lectures imaginaires et fantasy ou Sciences fiction ne sont pas mes lectures de prédilections mais j'aime parfois me laisser surprendre par ces histoires. Et les Masses critiques sont toujours de belles occasions de se laisser tenter.

J'ai par ailleurs déjà lu du Dan Simmons (dans un recueil de nouvelles prêté par une grand fan de SF) et je sais que son écriture est percutante.

Attirée aussi par les mots comme poésie et journal de guerre et par la récompense donnée à ce livre, le Grand Prix de l'Imaginaire (catégorie nouvelle) de 1996."J'ai donc coché en souhait ce livre et je l'ai obtenu ! Merci !

Au fond, j'avoue j'appréhendais un peu cette lecture, mon besoin de légèreté du moment sans doute ....

Je savais pertinemment que me retrouver plonger au coeur de la bataille de la Somme lors de l'été 1916 n'allait pas être une promenade douce et tranquille....

Alors oui, cela n'a pas été tranquille de me retrouver sur le champs de bataille avec pour compagnie James Edwin Rooke.

Mais je me suis immergée totalement dans ce récit. Récit issus du journal de guerre réel de ce jeune officier et un peu "romancé" par Dan Simmons.

Le réalisme de l'écriture de cette guerre des tranchées est fort et vous submerge, vous engloutit, vous poignarde le coeur. On voudrait s'enfuir, loin de toutes ces horreurs mais on reste scotché, comme littéralement enchaîné à ce récit...

Les horreurs de la guerre sont décrites dans toutes leurs abominations et leurs sauvageries.
Et je garderais longtemps en mémoire certaines images chocs !!!!

Ce jeune officier fait la guerre plus qu'à contre coeur ...
La mort frappe sans distinction et pourtant épargnera le jeune officier....

Dans l'horreur de cette guerre et dans l'horreur que vit James, une femme lui apparaît...

Et alors, dans son esprit, la guerre s'arrête ...

Les moments sont alors doux, emprunts de beauté, de calme et de volupté...

Est-elle la mort ?
Est-elle la vie ?
Est-elle l'amour ?
Une muse ?
Ou la somme de toute chose ?

Cette Dame blanche sera là pour adoucir les jours de notre jeune poète, à chaque fois que les situations deviennent inespérées, elle arrive....

L'officier en devient vite amoureux, l'attendant presque avec impatience tout en sachant qu'elle ne vient que quand le pire du pire se produit...

J'ai beaucoup aimé ces deux mondes parallèles et paradoxaux.

J'ai apprécié aussi la place qu'occupe la poésie dans ce livre et cette façon qu'elle a d'aider les hommes dans des moments trop douloureux.

Oui, la poésie est essentielle pour les hommes.

Le grand amant est un livre marquant,
emprunt d'un grand réalisme sur les lieux de la guerre des tranchées
mais aussi d'une grande beauté car au bout du compte
c'est bien un hymne à la vie que nous délivre ce jeune poète
à travers son journal de guerre.
Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
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La "grande guerre" que de romans écrits en son nom...le meilleur jusqu'à maintenant était pour moi " A l'est rien de nouveau", écrit avec les tripes d'un survivant qui avec talent et amour pour l'humanité avait trouvé les mots justes pour magnifier l'humain plongé dans sa "pire création".
Il m'est difficile maintenant de choisir...Dans le Grand Amant, bien que le titre surprend quand on connait le sujet et l'auteur de SF, le talent d'un grand romancier s'exprime. Dan SIMMONS lui qui ne l'a pas vécu, à part dans les écrits des poètes anglo-saxons qu'il "vénère", nous restitue les sensations, les pensées intenses d'un homme durant deux mois de carnage infernal. Deux mois durant lesquels l'humain n'existe plus; plongé dans l'enfer... Avancer, ne pas penser, espérer juste que la mort arrive pour arrêter de voir, arrêter de sentir la putréfaction ambiante, avant qu'elle ne ronge l'âme.
Une lucidité qui fait mal, sur l'inéluctable piège dans lequel ils sont tous prisonniers, victimes sur l'autel attendant le couteau...
Au milieu de l'horreur une vision, La Femme, celle de leurs rêves, celle de leur souvenirs, celle qu'ils espèrent....vient rien que pour lui, le consoler, le sauver...rêves, cauchemars, délires d'un mourant...Eros ou Thanatos...ou bien La Muse, que tout poète espère rencontrer...saura t'il, osera t'il, dans cette horreur être le Grand Amant , qu'elle espère.
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Le grand amant est un roman, un de plus, qui aborde la période sombre la grande guerre. Pourtant, dès les premières pages, je me suis laissée prendre par l'évocation froide et descriptive de l'horreur, vécue de l'intérieur par le narrateur, un jeune officier poète, James Edwin Rooke.
Comme tant d'autres, sa compagnie est au front où elle subit de terribles pertes. Dans l'enfer des tranchées, des milliers d'hommes vont trouver une mort absurde et inutile. Que ce soit dans un trou d'obus, sous les feux ennemi, percé d'un coup de baïonnette, ou lorsqu'ils montent à l'assaut pour se faire immédiatement massacrer par l'ennemi. le narrateur décrit ces morts qui restent plusieurs jours entre deux zones de combat, dans l'eau croupie, dévorés par les rats qui s'engraissent de la chair des cadavres. Ces jeunes qui meurent également dans les lieux de replis, infirmeries de fortune dans lesquelles quelques blessés seulement vont s'en sortir.
Il est dans un état de désespérance intense, affrontant l'idée de sa propre mort. Dans ces instants de face à face avec ce grand inconnu, ce grand nulle part que personne ne connait, dont personne n'est revenu, il va avoir à plusieurs reprises l'étrange et merveilleuse vision d'une belle dame blanche, avec qui il communique, échange. Cette vision, comme une respiration, le soutiendra au plus profond de l'horreur.
C'est un court roman fantastique, et cependant un roman étonnant, poignant. Comme un témoignage bouleversant. Il interpelle et il choque par son réalisme, mais il est néanmoins porteur d'espoir. L'écriture est belle, malgré le contexte de l'enfer des tranchées parfois difficile.

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Ce roman assez court se présente comme un journal de guerre. le narrateur est James Edwin Rooke, un jeune poète portant le grade de lieutenant. Nous sommes en 1916, au coeur de l'une des batailles les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale. Les français se souviennent de Verdun, les anglais ont eu la Somme. Voilà le décor planté, et il n'est pas des plus agréables. Vous voilà prévenus.
Dans Simmons ne ménage pas ses lecteurs. Son narrateur a vingt-huit ans, reconnaît qu'il est un lâche et admet qu'il ne veut pas mourir. le poète qu'il est se rend compte que la guerre n'est qu'une boucherie sans fin, entre les tranchées boueuses, les poux toujours présents, les cadavres trop nombreux pour qu'on les enterre tous et les animaux (des rats surtout, mais aussi, lors d'un épisode mémorable, des chats) qui se repaissent de chair humaine. Si cette description sommaire vous soulève le coeur, passez votre chemin car ce n'est qu'une version bien édulcorée de ce qui vous attend entre les pages de ce livre.
Mais voilà qu'au coeur de ce gâchis de vies humaines, notre narrateur fait une rencontre inattendue. Une Dame lui apparaît, belle et séductrice, et l'entraîne dans des moments de plaisir loin du carnage dont il est témoin. Existe-t-elle vraiment, cette Dame qui lui fait oublier la Guerre, ou n'est-elle qu'une illusion, née de son désespoir ? Une fois, il l'appelle une métaphore, mais de quoi ? de la Mort qui le guette, des femmes dont il a partagé le lit ? Ou bien faisons-nous fausse route depuis le début ?
A toutes ces questions, il n'y aura pas vraiment de réponses. le seul indice que nous offre le narrateur est ce poème final envoyé à sa soeur et intitulé « le Grand Amant ». Pour moi, la réponse est dans ces quelques vers d'Andrew Marcell :
« Mon amour est d'aussi merveilleuse naissance
Que son objet est haut et extraordinaire :
Le Désespoir l'engendra
De l'impossibilité. »
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Un ouvrage superbement écrit et traduit qui transporte le lecteur d'un monde ravagé par l'horreur de la guerre à une univers étheré empreint d'un douce tentation de mort. Cette dernière connotation confère à l'oeuvre de Dan SIMMONS un parfum fantastique assez séduisant à chaque moment où le quotidien infernal des tranchées de 14-18 est déchiré par le fracas des combats.

Edwin ROOKE, le personnage principal, s'affirme davantage comme un être curieux que l'on souhaite mieux découvrir au fil des pages plus qu'un être à la forte personnalité et séduisant le lecteur. Il demeure tout au long du livre un homme banal dont la particularité qui l'extrait de la banalité est sa capacité à rêver et à traduire ses impressions par les mots. A composer des poèmes parfois cruels et souvent désabusés. Sa rencontre avec la violence du monde moderne, ses tête-à-tête avec la mort lui permettant de pénétrer le sens véritable de l'existence. D'un existence dont le lecteur ne découvre le sens qu'en fin d'ouvrage.

J'ai aimé ce livre, somme tout assez court, qui marque l'âme de par le jeu habile des mots. A lire !
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Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions ActuSF et le site Babelio pour m'avoir envoyé ce livre, que j'ai gagné lors de la Masse Critique Babelio. C'est toujours un plaisir d'y participer, puisque ça me permet de lire des livres que je n'auraient jamais découverts, ou en tout cas jamais lus, sans ça. le grand amant en fait partie, et je suis contente d'avoir eu l'occasion de le découvrir.

L'histoire, c'est celle de James Edwin Rooke, un soldat de la Première Guerre Mondiale qui tient un journal dans lequel il raconte l'horreur de la guerre, de voir ses amis et camarades mourir, des conditions de vie dans les tranchées, du manque d'hygiène, de la faim, de la soif... Alors qu'il est coincé au fond d'un trou d'obus, une belle femme lui apparaît. Qui est-elle ? Que lui veut-elle ? Il tombe sous son charme, et tous deux vivront une liaison... Mais James Edwin Rooke ne sait pas s'il a affaire à une hallucination, un spectre... à la mort elle-même ?

Je n'ai pas forcément compris tout le livre, j'ai peut-être loupé un épisode mais je ne crois pas avoir vraiment compris qui était cette femme... le côté imaginaire et surréaliste du roman ne m'a pas plu tant que ça. En revanche, le côté historique m'a bien plus charmée, si on peut employer un tel terme, étant donné les atrocités et horreurs de la guerre... J'ai trouvé que c'était très vrai, très réaliste, qu'on vivait la guerre avec le personnage. Cet aspect-là m'a bien plu, je l'ai trouvé bien écrit. Il choque par son réalisme, et il y a des scènes que je n'oublierais pas de sitôt...
Lien : http://leslecturesdanais.blo..
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