Franciscains moines fanatiques déchaux venus d'où construire ici un sanctuaire de blocs roses lilas bistre cyclamen au toit couvert d'écailles peindre le flagellé le juge en robe prune qui se lave les mains sculpter ces grappes de sang coagulé
treille aux flancs aux paumes aux pieds percés de clous où pendent des raisins
comme si l’avion survolait une de ces peintures un de ces jeux graphiques où de droite à gauche l’une des couleurs prend peu à peu la place de l’autre l’envahissant par fractions grandissantes chaque élément contraire en quantités égales au centre de la toile puis l’inverse à présent ; lambeaux s’étirant en longs chapelets parallèles (quel formidable glacier tonnes d’années glissant lentement laissant en se retirant..) sombres sur l’étendue scintillante à perte de vue
colonnes processions de pèlerins cheminant fantastique armada cinglant vers
million d’années aux épaisseurs bleuâtres rampant rabotant dans un formidable silence peuplé de formidables craquements le granit poli milliers d’îles milliers de golfes de baies de criques où s’arrondit la mer couleur d’huitre
fleurs tonnantes de feu étraves bardées de fer de grands voiliers poussant dans les détroits leurs figures de proue les volutes de leurs jupes sculptées claquant au vent leurs visages de bois peint levés vers le ciel imperturbables une main cachant l'un de leurs seins peinturlurés leurs masques crayeux fardés de rose leurs yeux bleu faïence leurs épaisses chevelures de goudron flottant sous le beaupré l'eau séparée par l'étrave en chevelure d'écume.
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toutes les fleurs sauvages, coupelles campanules naines marguerites folle avoine lichens gris vert ou jaunes comme des pièces de monnaie mordant les unes sur les autres taches d'encre jonquille s'agrandissant sur un buvard constellant le cuir lilas des roches