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Dans une Finlande actuelle mais ayant, pour la paix sociale, fait le choix de l'eugénisme, de la sélection et de la domestication des femmes, Johanna Sinisalo nous conte brillamment l'histoire de Vera une "divergente" (une morlock) intelligente et indépendante auquel sa grand-mère a appris, pour ne pas la marginaliser, à se comporter comme une écervelée docile (une éloï). La jeune soeur de Vera, qui ne possède pas les mêmes dons, va connaître un destin tragique. Ce que sa soeur est devenue et la culpabilité qu'elle s'impose, vont contraindre Vera à devenir consommatrice de drogue.
C'est mon troisième roman de Johanna Sinisalo et j'aime de plus en plus. le fond et la forme sont toujours originaux. La forme ici est un mélange de lettres, de souvenirs, de récits, d'extraits de lois ou de livres officiels qui permet d'installer une atmosphère et de nous faire comprendre rapidement la situation. le fond est, comme dans ses autre romans, dérangeant car pas si éloigné d'une réalité possible, elle-même pas si éloignée dans le temps ou l'espace. le roman est dystopique mais sans caricature, à moins que les effets de la capsaïcine ne soient un peu exagérés dans leur côté mystique. le rush final est particulièrement bien enlevé malgré une fin morne et décevante.
Étrange, dérangeant et réjouissant : un très bon roman selon moi !
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Il y avait longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi ouvert d'esprit. Je l'ai choisi sur l'étagère de la librairie à cause de la racoleuse mais appétissante scène d'ouverture et du résumé qui promettait une dystopie machiste.
J'avoue que je n'en attendais pas grand chose. Je venais de lire "The Power" de Zoe Alderman et je me disais qu'une lecture finlandaise du même thème jetterait un éclairage sans doute nouveau. Et ce n'est pas du tout ce qui s'est passé.
Ce n'est pas un roman féministe mais simplement humain et humaniste. Les femmes ne sont pas présentées comme victimes des vilains mâles mais bien comme les produits d'une perversion de notre rationalité et de prémisses faussées. L'auteur nous donne envie de poursuivre la lecture en nous intéressant bien sûr à cette société mais surtout aux raisons qui font qu'elle existe et qui sont précisées dans le roman.
Mais c'est la relation entre l'héroïne et sa soeur qui nous fait continuer la lecture : complexe et pleine de contradictions, riche et surprenante, pleine de complicité et d'incompréhension à la fois.
Il y a bien sûr de nombreuses invraisemblances et des exagérations mais on ne les perçoit qu'après la lecture tant on est captivé quand on est à l'intérieur du roman. Sa lecture m'a donné l'impression de prendre un bol d'air frais loin des pensées pré-mâchées et des revendications féministes, des relations humaines pré-formatées qu'on lit dans tous les romans et qu'on voit dans tous les films.
Assurément, aucun logarithme n'aurait misé un mark sur ce roman. Il résonne longtemps et nous fait vraiment pénétrer dans un univers profondément humain et une société qui nous renvoie à la vérité que nous oublions toujours : il n'y a pas qu'un seul mode de fonctionnement de nos relations humaines. Je ne sais pas ce qu'il m'en restera dans quelques mois semaines, mois ou années mais j'ai le sentiment de n'avoir pas perdu mon temps à le lire cet après-midi.
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Finlande, 2016. Ce pays a tiré les leçons des erreurs du passé et vit, coupé du monde. La population est divisée en trois catégories: les virilos, comprendre les hommes, les éloïs, femmes blondes soumises, élevées uniquement dans le but de satisfaire tous les désirs des virilos et les morlocks , femmes rebelles à qui la reproduction est interdite (elles sont stérilisées).
Dans ce monde où le seul plaisir permis demeure le sexe, la consommation de piments est interdite, générant bien évidemment tout un trafic pour le plus grand bénéfice de nos héros, Vanna, une morlock travestie en éloï et son ami virilo, Jare.
Si ce dernier compte bien s'échapper de Finlande, Vanna, quant à elle cherche surtout à élucider la disparition de sa soeur.
Double intrigue donc et double point de vue sur les événements, le tout intercalé de documents officiels, expliquant la domestication des femmes, d'après des méthodes utilisées sur des animaux.
C'est la couverture de" Chez Gertrud "qui m'a donné envie de découvrir ce roman et , même si je ne suis pas férue de dystopie, cette analyse de la situation faite aux femmes a su me séduire par la manière dont elle est traitée. Bien évidement, on se dit que ce roman n'intéressera que les convaincu(e)s, mais une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal...
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Différent presque dérangeant....
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Le roman n'est pas mauvais, loin s'en faut mais il m'est tombé des mains.
Le propos était intéressant, certes, mais bien trop poussé à la caricature,sans subtilité. Peut-être que les références trop nombreuses à Orwell m'ont donné cette impression de "déjà vu" et ont fini par me lasser.
Pourtant que je suis très sensible aux idées défendues par l'auteure, l'écriture est agréable , la structure du livre est bien ficelée, le voyage entre les souvenirs et le présent sont assez bien amenés.
Il reste que je n'ai pas réussi à entrer dans le monde, dans l'intrigue.
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Sur la page de couverture, une ravissante Bimbo à la robe rose bonbon très chic baisse ses faux cils avec modestie, son crâne décalotté servant de réceptacle pour la brosse des WC.

Je vous présente Avec joie et docilité, le roman de la Finlandaise Johanna Sinisalo qui malaxe les éléments de la machine à remonter le temps de H.G. Wells d'une manière jubilatoire et troublante.

Petite piqûre de rappel : dans le roman de Wells paru en 1985, la terre est habitée par les Eloïs et les Morlocks, deux sous-races dégénérées descendant des hommes. Les Eloïs sont des espèces de benêts béats et oisifs qui jouent en mangeant des fruits toute la journée (finies les galipettes et les steaks saignants) pendant que, sous terre, les Morlocks s'activent et remontent faire leur marché la nuit, adeptes du steak d'Eloïs. Les descendants des anciens maîtres ne sont pas mieux lotis que ceux des anciens esclaves.

Dans son roman, Johanna Sinisalo détourne les codes tout en gardant les éléments significatifs et si Wells situait son roman dans des temps si lointains qu'ils en perdaient leur impact, la Finlandaise situe le sien de nos jours. le roman se termine en août 2017. À peine un décalage de quelques mois entre la date de parution du livre (2016) et les faits racontés. Idée brillante qui rend son utopie totalitaire bien plus inquiétante que son aînée ! Je vous laisse apprécier maintenant les différences entre les deux romans.
suite: http://nicole-giroud.fr/avec-joie-et-docilite-4516
Lien : http://nicole-giroud.fr/avec..
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Une dystopie pour le moins intrigante.
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C'est un livre très étrange. Son thème ressemble fortement à ceux de la romancière canadienne, Margaret Atwood, en particulier "La servante écarlate".
Je n'ai pas trop aimé les longues descriptions des effets de la substance extraite du piment rocoto des Incas assimilée à une drogue. Ni les effets que cela provoque sur la principale héroïne (sans jeu de mots) : Vanna mais sinon le reste est intéressant ! Très féministe.
Les précédents commentaires des Babéliotes que je viens de lire et commenter sont très détaillés, et si justes que je ne souhaite pas en rajouter.
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Bienvenue en Finlande !

Non pas la Finlande démocratique que l'on connaît aujourd'hui mais une Finlande qui aurait pris une autre voie historique. Pas de démocratie mais une République Eusistocratique. Vous l'avez compris nous sommes là en pleine uchronie. Qui dit uchronie, dit bien souvent dystopie… et là pas de doute on est loin d'atteindre le bonheur sous ce régime autoritaire.

Quelques mots sur la République Eusistocratique, c'est un régime autoritaire, totalitaire, eugéniste. Un pays refermé sur lui-même aussi bien intellectuellement que géographiquement. Les frontières sont hermétiques et les technologies ont été bannies. Un pays entièrement sous contrôle où tout ce qui peut amener du plaisir est interdit, pas de tabac, pas d'alcool, pas de café. La moindre possession et/ou consommation de ces produits sont fortement réprimandées. Certains ont trouvé une alternative : les piments (aliments interdits mais qui se cultivent assez facilement à l'abri des regards !) En effet les piments contiennent plus ou moins de capsaïcine selon les espèces, une substance psychotrope qui permet d'échapper à la triste réalité.

La structure sociale est assez simple, il y a deux catégories. Les hommes, composés des Virilos, grands, forts , virils, dominateurs et des Infrahommes, catégorie que l'on ne croisera pas ici. Et les femmes réparties entre les dociles Elois, femmes domestiquées depuis la plus tendre enfance dans le but de servir les Virilos, qui ne peuvent s'occuper que de la maison, de leurs enfants et de leur mari. Femmes toujours apprêtées qui se doivent d'être les plus féminines et les plus présentables possibles et surtout qui ne doivent pas réfléchir. L'autre catégorie de femmes étant les Morlocks, d'apparence plus masculine, n'ayant pas de gout pour les tâches féminines, elles sont rejetées par la société et stérilisées pour éviter leur prolifération.

Je ne vais pas vous présenter plus en détail la vie quotidienne finlandaise, je vous la laisse découvrir en suivant la vie de Vanna/Vera une Morlock à l'apparence Eloi, de sa petite soeur disparue et de leur grand-mère…

Récit rythmé où alternent de courts chapitres retraçant la vie des protagonistes, des lettres, des extraits du manuel de la Domestication de la Femme, des coupures de journaux… de nombreux flashback permettent de comprendre le système Eusistocratique. Johanna Sinisalo nous peint un univers réaliste, détaillé avec des personnages crédibles, profonds, une belle maîtrise quasiment parfaite de bout en bout. le petit hic se trouve dans le dernier tiers du livre quand l'auteur prend un virage à 180 degrés délaissant son univers pour un trip plus mystique ! Et là, ça ne prend plus…

Pour conclure, malgré une fin en demi-teinte, je vous recommande vivement ce livre ne serait ce que pour sa première partie « La Cave » qui est une énorme claque (sûrement l'effet de la capsaïcine) C'est aussi une ode à la liberté, un livre qui dérange, qui fait mouche… bref un livre à lire !


Lien : http://les-lectures-du-maki...
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La première image que nous avons de ce livre est sa couverture, originale, elle peut choquer mais a minima elle va vous intriguer. En fait, elle résume parfaitement le livre de dystopie : la vie en Islande est très sexiste, les hommes travaillent, les femmes sont là pour élever les enfants et satisfaire (dans tous les sens du terme) leur mari.

Si le synopsis est court, l'auteure a la maestria d'avoir développé pleinement son sujet en imaginant une vraie autre Islande, tant dans la mentalité de ses habitants, que dans la vie quotidienne : vie politique, enseignement, ségrégation, police. Ces différents éléments sont amenés au fur et à mesure de l'histoire, quand les héros sont confrontés à l'un d'eux. Pour le lecteur, c'est une perpétuelle découverte et un constant ahurissement. Car, tant nous sommes habitués à notre société, on ne peut envisager une telle société et comprendre comment cela pourrait arriver. le contexte historique est présenté dans un second temps. Mais ne serait pas un moyen de nous renvoyer notre propre image ou celle de l'histoire de notre pays et de l'Europe. Sous couvert de sexisme, l'auteure fustige l'extrémisme : le nazisme de la seconde guère mondiale, l'islam extrémiste de nos jours.

Enfin, le coup de génie de Johanna Sinisalo est de ne pas restreinte son histoire à une dystopie mais de placer un roman policier dans la dystopie. du coup l'auteur est captivé tantôt par le roman d'anticipation tantôt par l'enquête.

L'écriture aidant, les pages défilent allégrement et c'est avec une petite déception que l'on découvre un peu trop rapidement la dernière page.

Un roman à découvrir, une auteure à surveiller.
Lien : https://quoilire.wordpress.c..
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