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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si vous avez aimé La Servante Ecarlate de Atwood, et les Femmes de Stepford de Levin, vous devriez à priori aimé ce roman de Sinisalo. Enfin, vous serez probablement comme moi, un peu révoltée et choquée par l'ambiance totalitaire, mais vous devriez y trouver grand intérêt à le lire.
L'auteure nous décrit, sous forme d'uchronie dystopique, comment la société Finlandaise, puis la science (suivi des expériences de Dmitri Beliaiev), ont contribué à développer une sorte de femme docile et charmante comme un animal domestique. La femme se divise alors en deux catégories : les Eloïs (qui doivent se marier et s'accoupler) et les Morlocks (qui seront stérilisées et devront travailler). Je vous laisse soin de lire ce roman pour réaliser ce que cela signifie…

L'auteure va mélanger Journal Intime, récit, et « Histoire » pour agrémenter son roman qui évolue entre le polar (une quête, une soeur disparue, un trafic de drogue), la dystopie, la botanique et le fantastique (les effets hallucinogènes de la capsaïsine qui ouvrent plus que des chakras). Mais surtout la condition de la Femme qui sera maîtresse de l'ensemble :
« Beaucoup de virilos tiennent leur femme soigneusement cloîtrée entre quatre murs. » Les virilos ont absolument tous les droits sur leurs épouses. TOUT ! Elles sont dressées pour être plus docile qu'un animal domestique. « Eloï : sous-race du sexe féminin, active sur le marché de l'accouplement et vouée à favoriser par tous les moyens le bien-être du sexe masculin. » Nous aurons même droit à un extrait de guide pour éduquer les Eloïs : « Lorsque vous donnez un ordre, attendez que l'éloï réagisse et, si elle se comporte de la manière voulue, récompensez-la immédiatement. » Avec une friandise si elle est gourmande, des fleurs, un bijou, une caresse dans les cheveux ou une petite tape sur les fesses. Oui oui comme nous faisons avec nos chiens… Je vous laisse soin d'imaginer le reste ou mieux, de lire ce roman…


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S'appuyant sur des théories eugénistes de domestication des races animales, les mécanismes de manipulation de masses, le désir moderne de "sain & protégé", le chamanisme finlandais, la culture du piment, et sur une vision du mâle amateur de chair fraiche, jeune et docile, Johanna Sinisalo invente une société finlandaise où "pour le bien de tous" tout plaisir susceptible de créer une dépendance est formellement interdit et les femmes sont formatées pour l'accouplement et le bien-être de leur époux : blondes, juvéniles sans cervelles, et disponibles, ce sont les Eloïs. Celles qui ne rentrent pas dans cette case sont stérilisées et marginalisées.
Par un concours de circonstances et la protection d'une grand-mère, l'héroïne (Vanna / Vera) passe entre les mailles du filet : elle est ni l'une ni l'autre, ou les deux en même temps. Le héros (Jare) est un homme qui veut s'échapper. Petit à petit, nous découvrons leur chemin, en alternant leurs points de vue et les extraits de documents explicitant cette société qui fait froid dans le dos.
Une dystopie forcément dérangeante, aux airs de thriller mélangés d'ésotérisme, très sensorielle (Vanna / Vera interprète le monde qui l'entoure par le biais des couleurs et des odeurs), qui m'a donné une belle lecture originale.
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Roman choral où trois voix alternent,
Elle, censément réduite par son infantilisme programmé au rôle d'épouse de mère et de poupée sexuelle
Lui, qui devrait être l'épaule solide sur laquelle la famille s'appuie
L'Etat qui, bien évidemment nous soigne et nous protège tous.
Comme dans toute bonne dystopie, il y a des opposants farouches à cette dictature qui nous veut du bien.
A rapprocher de le meilleur des mondes pour la planification et le conditionnement, de la servante écarlate pour le statut de reproductrice, de
1984 pour la propagande, on rajoute un clin d'oeil à HG Wells avec les Eloïs et les Morlocks.
Une uchronie sensorielle, la brulure du piment aux lèvres, toutes les lèvres, et une explosion de couleurs et d'odeurs synesthésiques.
« le futur ne s'était pas encore produit, il dormait, d'une innocente pureté, derrière les rideaux du temps, et, quand on les ouvrirait… »

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C'est un excellent roman que nous propose Johanna Sinisalo avec "Avec Joie & Docilité". L'histoire fait réellement réfléchir sur notre société et la vision que nous pouvons porter sur le genre, l'homme hétérosexuel (ici le virilo) et la femme hétérosexuelle qui se doit forcément d'établir le bonheur de son mari (ici l'éloï). Dans cette société inventée par l'auteure, tout semble se construire dès l'enfance, l'homme devra travailler et gagner sa vie, la femme le combler, tout le reste peut servir d'esclave et pointé du doigt. Mais n'est-ce pas cela, notre société, à son degré ? C'est une excellente question que pose ce roman.
Je conseille vivement ce roman, la lecture est très dynamique de par sa construction.
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En Finlande, il y a les hommes, les Elois (belles et soumises jeunes femmes) et les Morlocks (ces horribles être trop masculins, en marge de la société). Autrefois appelées "femmes", les Elois sont des êtres choisis génétiquement, comme les chiens, pour devenir plus petites, dociles, belles et prêtes à être mariées. Les morlocks sont quant à elles les erreurs génétiques.

Vanna est belle mais intellligente et libre d'esprit : c'est une morlock dans un corps d'Eloi. Personne ne doit le savoir, pas même sa soeur, une parfaite petite Eloi.

L'auteur Finlandais nous livre un roman EXCELLENT qui mèle plusieurs genres et une passion incroyable pour le piment. C'est drôle, intelligent, une très bonne lecture.
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Et si on pouvait améliorer le comportement des femmes, en les sélectionnant et en n'autorisant la reproduction que des plus dociles et des plus agréables ?
Dans un futur proche, des soeurs sont propulsées dans la république de Finlande chez leur tante suite au décès de leurs parents en Espagne. Rapidement évaluées conformes au standard féminin, elles échapperont à la condition d'invisibles besogneuses, pour suivre le cursus attendu des femmes : être décoratives, obéissantes, bonnes ménagères, trouver un époux et se reproduire. Difficile voire éprouvant pour Vanna qui cache un caractère curieux, vif et intelligent depuis le début, mais aussi pour Manna, pourtant dans la norme imposée, et qui disparait soudainement...
Vanna et Manna, 2 soeurs, 2 caractères opposés, un destin tragique 💥.

Un roman glaçant et dérangeant, au suspens haletant. Une écriture qui nous happe directement, pour des sujets d'actualité : la condition des femmes, l'addiction aux drogues et la manipulation des masses, qui ne peut laisser personne indifférent. Un roman habilement mené sous forme d'alternance entre une correspondance à sens unique, qui permet un retour dans le temps, et la vie qui s'écoule comme un terrible compte à rebours. Impossible à lâcher !!
Une dystopie qui n'est pas sans rappeler le célèbre Meilleur des mondes d'Aldous Huxley ou 1984 de Georges Orwell.
Lien : https://auxpetitespepites.bl..
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Johanna, Johanna… vous nous aviez déjà dupés dans Jamais avant le coucher du soleil : après sa lecture, nous avions tous vérifié si les trolls existaient vraiment, en nous demandant quelle leçon nous avions ratée en biologie pour manquer cette information capitale.

Et maintenant, voilà que je ne sais plus : y a-t-il eu des plans en Finlande pour stériliser les femmes rétives, les indépendantes, les difficiles, les mal peignées, en un mot, les « morlocks » ? Car tout de même, parmi les nombreux interludes qui ponctuent votre roman, il y a un article authentique, publié en 1935, qui parle de la loi réglementant la stérilisation : « une loi autorisant la stérilisation, pour des motifs sociaux et humains, des personnes qui amoindrissent la qualité de la population » ; « il est nécessaire de s'en remettre également à des mesures restrictives, à savoir empêcher la naissance d'éléments de moindre valeur ».

Johanna, vous avez décidément le chic pour nous embarquer dans des situations pas possibles : dans une colonie nazie sur la Lune dans un autre livre, ou ici dans la tête de Vanna (Vera). Vanna est une « morlock » (enfin disons « neutrelle » pour être polis) dans un corps d' »éloï » (enfin, de « fémine », donc). Une aberration, une impossibilité, puisque les deux sous-espèces de femmes sont très différentes, mais aussi car toutes les jeunes filles sont testées dès leurs 3 ans pour savoir à quelle espèce elles appartiennent. Seras-tu fémine ? Seras-tu neutrelle ? Tout dépend : si on te présente des jouets, prendras-tu le poupon ou le camion de pompier ? le peigne ou le pinceau ?

Et vous, qu'auriez-vous pris ?

Le camion ? Alors vous serez stérilisée, et vous deviendrez de la main d'oeuvre négligeable.

Le poupon ? Et vous êtes blonde ? Alors vous êtes une « éloï » – vous serez lancée sur le grand marché de la reproduction, on vous inculquera tout ce que doit savoir une parfaite ménagère, et vous n'aurez qu'un seul rêve : le mariage. Toute votre existence n'aura qu'un seul but : « favoriser par tous les moyens le bien-être du sexe masculin ».

Johanna, décidément, vous ne perdez jamais votre regard d'ethnologue sur vos contemporains. Vanna doit, en bonne éloï, se maquiller, se farder, porter des talons hauts. Elle ne peut pas y déroger, de peur de trahir sa nature profonde de morlock. Et elle déteste ça.

Johanna, vous êtes très fine, vous savez voir le paysage dans son ensemble : les hommes aussi sont répartis en deux sous-espèces, dont celle qui est tolérée par la société est : « les virilos ».

Johanna, vous avez un talent très appréciable : vous êtes drôle. Finement drôle, parfois franchement drôle. C'est peut-être la différence entre La servante écarlate de Margaret Atwood et ce roman, Avec joie & docilité : ces deux excellents romans décrivent un monde terrible, des dystopies machistes où les femmes sont totalement sous contrôle, mais le vôtre est plus abordable car il est drôle.

[Suite et fin de la chronique sur le blog Les mécaniques imaginaires]
Lien : https://lesmecaniquesimagina..
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Ici on parle de domestication lorsqu'on parle de femmes, de stérilisation si elles ne rentrent pas dans les bons critères, d'animal de compagnie pour l'homme et aussi de drogue (capsaïcine contenu dans les piments) et de chamanisme.

Nous allons suivre Vanna(Vera), classée Eloï -blonde, yeux bleus, taille fine, docile- par le gouvernement Finlandais mais qui a, en réalité, l'âme d'une Morlock -curieuse, cherche l'épanouissement culturel, indépendante-, qui cherche à comprendre ce qui est arrivé à sa petite soeur Manna(Mira), 15 ans, qui a disparu lors d'un séjour de vacances avec son mari. Ah oui, les jeunes femmes sont mises sur le marché de l'accouplement dès 14 ans.. et elles vont au lycée ménager en attendant de se marier, pour apprendre à entretenir un foyer, éduquer les enfants et satisfaire sexuellement leur mari. Avant le lycée, elles reçoivent le journal de la feminette avec plein de conseils pour devenir une bonne eloï tels que comment bien se maquiller, bien s'habiller, comment flirter avec un virilo -surtout ne pas hésiter à avoir plusieurs expériences et écarter les cuisses au premier venu, peut importe son sentiment personnel, d'ailleurs, une eloï ne pense pas, elle est faite pour obéir. Autant d'aberration à l'heure où l'on parle d'égalité.

Ce roman m'a fait penser à La servante écarlate de par son contexte gouvernemental et le besoin de contrôle du patriarcat.
L'autrice est tout de même partie de véritables articles. "Devenir un chien pour l'homme" Beliaïev, 2011; article sur la stérilisation des êtres humains dans le magazine Votre foyer, 1935; le chamanisme finlandais, A. Siikala, 1999.

Bref, c'est poignant, c'est rageant et dérangeant. A recommander
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Il y avait longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi ouvert d'esprit. Je l'ai choisi sur l'étagère de la librairie à cause de la racoleuse mais appétissante scène d'ouverture et du résumé qui promettait une dystopie machiste.
J'avoue que je n'en attendais pas grand chose. Je venais de lire "The Power" de Zoe Alderman et je me disais qu'une lecture finlandaise du même thème jetterait un éclairage sans doute nouveau. Et ce n'est pas du tout ce qui s'est passé.
Ce n'est pas un roman féministe mais simplement humain et humaniste. Les femmes ne sont pas présentées comme victimes des vilains mâles mais bien comme les produits d'une perversion de notre rationalité et de prémisses faussées. L'auteur nous donne envie de poursuivre la lecture en nous intéressant bien sûr à cette société mais surtout aux raisons qui font qu'elle existe et qui sont précisées dans le roman.
Mais c'est la relation entre l'héroïne et sa soeur qui nous fait continuer la lecture : complexe et pleine de contradictions, riche et surprenante, pleine de complicité et d'incompréhension à la fois.
Il y a bien sûr de nombreuses invraisemblances et des exagérations mais on ne les perçoit qu'après la lecture tant on est captivé quand on est à l'intérieur du roman. Sa lecture m'a donné l'impression de prendre un bol d'air frais loin des pensées pré-mâchées et des revendications féministes, des relations humaines pré-formatées qu'on lit dans tous les romans et qu'on voit dans tous les films.
Assurément, aucun logarithme n'aurait misé un mark sur ce roman. Il résonne longtemps et nous fait vraiment pénétrer dans un univers profondément humain et une société qui nous renvoie à la vérité que nous oublions toujours : il n'y a pas qu'un seul mode de fonctionnement de nos relations humaines. Je ne sais pas ce qu'il m'en restera dans quelques mois semaines, mois ou années mais j'ai le sentiment de n'avoir pas perdu mon temps à le lire cet après-midi.
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Sur la page de couverture, une ravissante Bimbo à la robe rose bonbon très chic baisse ses faux cils avec modestie, son crâne décalotté servant de réceptacle pour la brosse des WC.

Je vous présente Avec joie et docilité, le roman de la Finlandaise Johanna Sinisalo qui malaxe les éléments de la machine à remonter le temps de H.G. Wells d'une manière jubilatoire et troublante.

Petite piqûre de rappel : dans le roman de Wells paru en 1985, la terre est habitée par les Eloïs et les Morlocks, deux sous-races dégénérées descendant des hommes. Les Eloïs sont des espèces de benêts béats et oisifs qui jouent en mangeant des fruits toute la journée (finies les galipettes et les steaks saignants) pendant que, sous terre, les Morlocks s'activent et remontent faire leur marché la nuit, adeptes du steak d'Eloïs. Les descendants des anciens maîtres ne sont pas mieux lotis que ceux des anciens esclaves.

Dans son roman, Johanna Sinisalo détourne les codes tout en gardant les éléments significatifs et si Wells situait son roman dans des temps si lointains qu'ils en perdaient leur impact, la Finlandaise situe le sien de nos jours. le roman se termine en août 2017. À peine un décalage de quelques mois entre la date de parution du livre (2016) et les faits racontés. Idée brillante qui rend son utopie totalitaire bien plus inquiétante que son aînée ! Je vous laisse apprécier maintenant les différences entre les deux romans.
suite: http://nicole-giroud.fr/avec-joie-et-docilite-4516
Lien : http://nicole-giroud.fr/avec..
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