Citations sur Plage (26)
Ils sont beaux ces nuages, ces gros nuages que les gens regardent avec mauvaise humeur sous prétexte qu’ils cachent le soleil… Je les trouve bien plus intéressants qu’un ciel d’azur, bien plus mystérieux. J’aime leur manière si particulière de défiler, de lentement passer, couchés sur le dos, indifférents, souverains ; et, pourtant, secrètement protecteurs, me semble-t-il. Fraternels. On est jamais seul quand on regarde les nuages.
Je vais tâcher de lire : mais je ne suis plus capable de rien, même pas de lire... Ou bien je vais relire Le Ravissement de Lol V. Stein ?... C’est peut-être cette lumière-là, cette musique-là qu’il me faut. Parce qu’elle donne de la beauté à ce qui n’en a plus. Et, pour faire plus vite venir le soir, je vais tirer les rideaux rouges...p 138
Ici, c'est bien la rumeur des vagues qu'on entend, mais tissée et retissée de mille murmures, frôlements, glissements invisibles, où soudain jaillit, insolite, la note aiguë d'un éclaboussement , d'un cri, d'un rire.
... au loin, quelqu’un était assis dans un fauteuil de plage, au milieu de ce désert, à l’endroit où la mer, en se retirant, laisse imprimé sur le sable le beau plissé de la trace des vagues. En m’approchant j’ai vu que c’était une vieille dame, silhouette un peu frêle en robe de toile bleue, un pull bleu plus foncé jeté sur les épaules. Elle était là, toute seule, face à la mer, lisant au soleil, ce joli soleil fantasque du matin, qui s’en allait soudain et revenait dans un brusque éclat de lumière... C’est en passant à côté d’elle que je me suis aperçue qu’elle souriait en lisant. Qu’elle souriait à sa lecture. Au soleil. A ce matin tranquille. Et elle avait l’air si heureuse, cette vieille dame, si rayonnante dans sa solitude, que j’aurais voulu lui dire qu’elle était belle, et rassurante, et la remercier d’être ce qu’elle est. p 56 57 (Arléa poche)
Sur la plage, les yeux fermés sous la caresse du soleil, comme on se rappelle bien. Comme on se glisse magiquement dans le souvenir. Dans ce bonheur.
Ma mère, prévisible jusqu'au moindre de ses mots, la plus légère intonation, ma mère et son odieuse inquiétude pour "sa grande fille", ma mère dont le regard me renvoie si bien l'image de mes ratages et de ma solitude.
Aujourd’hui, il ne fait pas très beau : c’est une autre gamme de couleurs qui se révèle, camaïeux de gris, blancs indéterminés… Sous cette lumière changeante, on dirait que la vie hésite, que le ciel s’amuse en variations infinies. J’aime beaucoup ce matin aux couleurs indécises, qu’illumine soudain l’apparition du soleil entre deux nuages… C’est chaque fois une surprise, une petite grâce…
Sur la plage, les yeux fermés, sous la caresse du soleil, comme on se rappelle bien. Comme on se glisse magiquement dans le souvenir. Dans ce bonheur.
Tu dis que je devrais écrire : mais non, écrire ce n'est pas pour moi. Je préfère lire les livres des autres. Les livres des autres, c'est mon univers à moi, la bibliothécaire. Ta bibliothécaire comme tu aimes m'appeler. Et puis il y a ma vie, qui m'occupe assez depuis quelques temps. C'est ça mon livre. Je serais incapable d'en écrire un autre.
Et quoi de plus propice à la curiosité que la promiscuité d'une plage? Là, pas de murs, pas de toits pour enclore les foyer, en dérober la vue, en étouffer la parole. On pénètre quand on veut dans l'existence des autres, à la façon d'Asmodée : mais nul besoin de pouvoir magique. Une plage, c'est un théâtre, ouvert à tous les regards, un théâtre où cent histoires se déroulent sumultanément. Quelle tentation de papillonner de l'une à l'autre, pour moi qui, en entendant que tu sois là, n'en ai pas, d'histoire, moi qui suis libre comme l'air !