Je ne crois pas que la littérature change le monde - on a aujourd'hui une vision assez cynique, assez réaliste du monde pour se rendre compte que, malheureusement, la littérature ne change pas le monde. Mais j'ai vécu moi-même le fait que la littérature m'a changée, et je suis totalement consciente que si je n'avais pas été la lectrice que je suis, je ne serais pas la personne que je suis. Cela a été fondamental dans la construction de ma morale, de ce que je suis en tant que citoyenne, en tant que femme. Je sais combien le rapport qu'on peut avoir avec la littérature est charnel, à quel point ça fait partie de vous, que ça devient un organe à part entière.
Les jurés du prix Goncourt disaient "Il n'y a pas de génie femmes ; si les femmes sont des génies, elles sont des hommes"
Je ne suis évidemment pas du tout d'accord avec ce jugement.
(p.44)
Simone de Beauvoir disait :
" Comment voulez-vous que les femmes aient du génie quand elles n'ont même pas la possibilité de produire des oeuvres "
(p.42)
"On ne nait pas femme, on le devient"
Simone de Beauvoir
(p.42)
"Ne t'appesantis pas à raconter ce que tes personnages pensent, dis ce qu'ils font et fais confiance au lecteur pour en tirer ses propres conclusions"
Je me suis dit : "Moi-même, en tant que lectrice, j'attends qu'on me fasse confiance, donc il faut que je sois capable de faire de même avec mon lecteur"
(p.38)
"Une femme qui lit , c'est une femme qui s'émancipe, c'est une femme qui s'affranchit, c'est une femme qui a droit à un moment de solitude ; comme le dit Virginia Woolf."
(p.28)
Si les romans ne changent pas le monde, ils modifient substantiellement la vision que l'on en a.
(p.26)
Douzième femme prix Goncourt. La première étant Elsa Triolet, en 1944 pour son roman "Le premier accroc coûte 200F"....
(p.12)
Ça me fait penser (Fotorino) à Simenon quand il disait "Si vous voulez dire qu'il pleut dans un roman, écrivez qu'il pleut"
(p.41)
Je ne faisais pas vraiment la différence entre la réalité et la fiction, et ça a été une très grande douleur pour moi d’être contrainte de le faire – et plus j’avançais en âge, plus j’étais contrainte de le faire. Sinon, je le nourris d’abord par la lecture, qui est pour moi le premier atelier d’écriture. Je le nourris beaucoup par le cinéma, je vais énormément au cinéma. Par l’observation, c’est aussi ce que m’a donné mon métier de journaliste et de reporter. C’est-à-dire apprendre à observer, à s’asseoir quelque part, à ne rien dire et à juste regarder comment les gens se comportent, comment ils marchent, comment ils parlent, comment ils tiennent un objet. C’est ça, la magie du reportage. Parfois, vous avez une introduction où on vous raconte un homme dans une rue devant chez lui, la façon dont il vend des légumes, et vous comprenez que c’est la guerre, vous comprenez que c’est la crise, vous comprenez que c’est la misère par des choses très banales. Donc, l’observation, la lecture et le cinéma.
Et la rue, qui est déjà un livre.