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Critique de isabelledesage


«Tout ce que contient ce petit livre est vrai, et écrit exactement tel que ça s'est passé. Son écriture m'a tirée de mon étrange torpeur et j'espère que dans une certaine mesure, il emplira le lecteur d'une joie vague et singulière » (Glaneurs de rêve) 

Ces phrases qui ouvrent l'oeuvre ressemblent étrangement à celles scellant un pacte autobiographique. Mais, si Patti Smith fait de sa propre expérience « la matière » de ses livres, Glaneurs de rêve et Dévotion ont pour points communs un questionnement sur l'inspiration et le désir d'écrire.
Ainsi, dans ces deux ouvrages, Patti Smith recourt à son histoire personnelle de façon très réaliste, l'auteur prenant la parole à la première personne et s'adressant parfois au lecteur, avant de rédiger une fiction, récit ou poésie. Patti Smith fait de ses livres des objets littéraires dans le sens où l'intertextualité y est omniprésente grâce aux différents documents inhérents et constitutifs des oeuvres qui apparaissent sous la forme de photographies diverses, d'extraits de poésies, de manuscrits  : ceux-ci élargissent l'univers dans lequel le lecteur s'aventure et le guident, tout d'abord par des repères précis, lieux ou dates, avant de le perdre, au gré des mots et de la multiplicité des images qui résonnent en chacun de nous, comme à la lecture des poésies de Rimbaud, poète si cher à Patti Smith et toujours présent dans ces oeuvres.
De part ces récits poétiques, Patti S. magnifie le quotidien puisque chaque moment vécu est montré comme intéressant, « glané » comme pouvant devenir une matière utilisable, à l'instar de matériaux divers propres à des collages. Dans la seconde partie de Dévotion, c'est exactement ce à quoi le lecteur est témoin : l'utilisation de plusieurs moments vécus, lus ou vus, relatés dans la première partie qui vont apparaître, disséminés, métamorphosés. Ainsi, au fil de l'écriture, chaque instant trouve une place dans la constitution d'un nouveau paysage à la fois sonore et visuel, tactile ou odorant, réaliste ou onirique et surtout, vivant.
Mais c'est aussi le parcours de la vie de cette artiste qui apparaît au fil des lignes grâce à l'évocation de souvenirs, de musiques ou de références littéraires ainsi que la liberté formelle intrinsèque qui fait écho à son passé de plasticienne. Patti Smith n'hésite pas à évoquer ses doutes et ses questionnements concernant le besoin d'écrire, le lien entre l'écriture et la vie, comme un aboutissement : « Pourquoi est-on poussé à écrire ? Pour se mettre à part, à l'abri, se plonger dans la solitude, en dépit des demandes d'autrui. Virginia Woolf avait sa chambre. Proust, ses fenêtres aux volets tirés. Marguerite Duras, sa maison silencieuse. Dylan Thomas, sa modeste cabane. Tous cherchant un vide pour s'imprégner de mots. Les mots qui pénétreront un territoire vierge, inventeront des combinaisons inédites […]. Quel est le rêve ? Ecrire quelque chose de bien qui serait mieux que je ne le suis, et qui justifierait mes épreuves et mes errances. Pourquoi écrivons-nous ? Irruption du choeur. Parce que nous ne pouvons pas simplement vivre. »
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