American Vampire, tome 5 : La liste noire

"Pearl, si tu lis ceci, cela signifie... que j’ai dû quitter la scène plus tôt que prévu."
"Je regrette tant de devoir te laisser ainsi finir notre chanson en solo".
" Mais ce que je ne regrette PAS, Pearl, c’est de m’être tenu au choix que nous avions fait ensemble : ne pas me transformer."
"Vois-tu, j’ai toujours senti que tu faisais partie d’une GRANDE histoire, plus grande que la mienne ou que la nôtre. Je le sentais déjà avant que tu deviennes vampire. Il y a en toi plus de feu et de vie que dans toute une armée."
"Mais moi, je ne suis pas comme ça. J’ai eu la vie dure depuis mon plus jeune âge, et j’ai toujours recherché, dans ma vie et dans la musique, un HAVRE DE PAIX."
"Pendant longtemps, cette paix, je l’ai trouvée à tes côtés. Et je voudrais que cela dure toujours, Pearl, mais je sais que tu es prête à passer à autre chose."
"Tu aimerais vivre cette nouvelle vie avec moi, Pearl, mais si tu savais à quel point je suis fatigué.. et aussi comblé par tous les bons moments que nous avons partagés. J’en remercie la providence."
"La meilleure chose que j’ai faite de ma vie fut de proposer un café à une certaine fille, un matin de 1925."
"Je t’aimerai toujours, Pearl."
"Maintenant, va sans te retourner. Mon couplet se termine, mais la scène est à toi, et le spectacle ne fait que commencer."

Allons, allons. Tu as déjà oublié notre dicton ?
"Une bonne copine vaut mieux qu’un coup de pine" !

"... Je me suis remise à fréquenter les CINÉMAS. C’est redevenu mon activité favorite. Assise dans le noir, TRANSPORTÉE hors du monde..."
"Exactement comme tu le décrivais lorsque nous vivions ensemble. C’est ça qui t’avait donné envie d’être actrice. Participer à quelque chose qui `transporte´ les gens..."
"... Qui leur fait oublier les petits aléas de la vie pour faire partie de quelque chose de plus GRAND, qui les inspire... Jusque là, je n’y entendais rien. Je me contentais de m’imaginer à l’intérieur du film. C’est à cette époque que j’ai fini par comprendre le POUVOIR du cinéma."

Quand j’étais petite, un jour, j’ai vu ma mère examiner ses jambes dans la glace. Elle répertoriait ses varices, ses tâches de vieillesse...
Alors mon père est arrivé et elle a caché ses jambes par honte. Il lui a dit : "La peau est le parchemin sur lequel est écrite l’histoire de nos vies ». Il a dit qu’il AIMAIT ses rides et ses imperfections pour cela. Elle a ri et lui a rétorqué que s’il se remettait à la comparer à un vieux bout de papier, il pourrait faire ses VALISES.
Moi, je me suis toujours souvenue de cette IDÉE, comme quoi la peau était une sorte de carte indiquant les ENDROITS qu’on a connu, les choses qu’on a FAITES, bonnes OU mauvaises. À chaque coupure, ou écorchure, je me demandais si j’en garderais une trace permanente. Je le SOUHAITAIS.
Devenir un VAMPIRE s’est accompagné de bien des changements, et l’un de ceux qui m’ont le plus choquée fut la disparation totale de toutes MES CICATRICES. Ces traces de mon passé étaient EFFACÉES à jamais.
Je t’ai confié tout ça au début de notre histoire, HENRY, et tu m’as répondu : "Ne t’en fais pas, ma peau nous servira de papier à tous les deux". Nous étions au bord de l’eau, près de notre maison d’Arrowhead. Je n’ai jamais aimé quelqu’un autant que toi ce jour-là.

Chacun a dans son passé des DÉMONS qui le poursuivent, qui hantent ses cauchemars.
Je ne fais pas exception.
Plus le temps PASSE, et plus ces souvenirs m’empêchent de dormir.
C’est peut-être à cause de l’actualité, de toutes ces histoires de PROCÈS. La nuit tombée, j’ai l’impression qu’ILS se rapprochent de moi, tapis dans l’ombre.
Je suis raide comme un piquet, dans mon lit. Jusqu’à ce que mon mari HENRY le remarque et se moque de moi : "Le matin est là, PEARL. Chasse tes idées noires".
Alors je LUTTE contre cette obsession pour les monstres de mon passé, de NOTRE passé. Je lutte...
Comme aujourd’hui...