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Citations sur La maison de Matriona (21)

On ne pouvait cependant pas dire que Matriona, comme croyante, fût très fervente. Elle était plutôt païenne, même, ce qui prenait le dessus, chez elle, c’étaient les superstitions : le jour de Saint-Jean-du-jeûne, pas question d’aller au potager – autrement, point de récolte l’année suivante ; quand la neige tourbillonne, c’est que, quelque part, quelqu’un s’est pendu ; se pincer le pied dans la porte annonçait une visite. Tout le temps que j’ai vécu chez elle, je ne l’ai jamais vu prier, pas une seule fois je ne l’ai vu faire le signe de croix; mais elle commençait chaque besogne par un "Que Dieu nous aide !" et me disait la même chose toutes les fois que j’allais à l’école. Peut-être bien qu’elle priait, mais sans le montrer, gênée par ma présence ou craignant de me gêner. Il y avait dans l’izba le coin aux icônes, plus Saint Nicolas dans la cuisine. Les icônes restaient dans le noir pendant la semaine, mais en temps de vigile et dès le matin les jours de fête, Matriona allumait leur veilleuse.
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C'était les superstitions qui l'emportaient chez Matriona :

A Saint-Jean le Jeûneur, il ne faut entrer au jardin, il n'y aurait pas de récolte l'année qui suit.

Si le blizzard tourbillonne c'est que quelque part quelqu'un s'est pendu.

Si on se pince le pied dans la porte , il y aura une visite.
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Là-haut, sur le poêle, était assise cette vieille femme sévère et taciturne, plus ancienne que les plus anciennes, qu'on avait laissée à coucher. Elle regardait de son haut, muette, l'air réprobateur, cette jeunesse de cinquante et soixante ans à l'animation inconvenante.
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Je mangeais avec soumission tout ce qu'on me préparait, et s'il me tombait sous la dent quelque corps étranger : cheveu, morceau de tourbe, patte de cafard, je le mettais de côté sans m'impatienter. Je n'avais pas le cœur à faire des reproches à Matriona. Après tout, elle m'avait prévenu : « Quand c'est qu'on sait pas, qu'on cuisine pas, comment voulez-vous faire l'affaire ? »
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Il regardait indifférent, sans les secouer, les braises pâlir sur ses pantalons ouatinés, sombres et trempés et lorsqu'elles furent complètement éteintes, il releva légèrement sa tête grise ébouriffée coiffée de sa casquette :
- ça vous est-il pas arrivé par hasard de manger de la farine pas cuite, délayée dans l'eau, mes petites ?
- Pas cuite et pourquoi ? interrogea Frossia ébahie. Moi, je la délaie, je la touille et je la mets au four.
Le vieux cheminot fit claquer ses lèvres épaisses et blêmes et répondit au bout d'un instant, tous les mots lui sortaient de la bouche au bout d'un instant comme s'il leur fallait arriver longuement en béquilles de là où ils étaient nés :
- Alors, mes mignonnes, ça veut dire que vous n'avez jamais connu la faim.
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A l'été 1956, je revenais d'un désert brûlant et poussiéreux, rentrant tout simplement en Russie, au petit bonheur. Personne ne m'y attendait nulle part, personne ne m'y appelait, parce que j'avais lambiné une petite dizaine d'années avant de revenir. J'avais tout bonnement envie de me retrouver dans la zone centrale-sans grosse chaleur, avec murmure du feuillage de la forêt. Je désirais pénétrer et me perdre dans les entrailles de la Russie-si elles se trouvaient quelque part.
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Voilà donc où m'avait entraîné de rêver tant à un petit coin tranquille en Russie. Pourtant, là d'où j'étais venu, je pouvais vivre sans une cabane en pisé avec vue sur le désert. Le vent y soufflait si frais la nuit et seule la voûte étoilé s'y déployait au-dessus de ma tête.
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Le soleil rouge d'hiver mettait un reflet légèrement rosé sur toute la surface gelée de la petite fenêtre du vestibule maintenant raccourci et ce reflet réchauffait le visage de Matriona . Ils ont toujours un beau visage, ceux qui sont en paix avec leur conscience .
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Six mois ! Six mois s'étaient écoulés depuis l'instant où quelqu'un avait dit « Ma petite Lilia ! Je te prends en photo ! » et avait appuyé sur l'obturateur, et depuis par dizaines de milliers des gueules de canon avaient grondé, par millions des fontaines de terre noire avaient jailli, par millions des hommes avaient été entraînés dans une sorte de carrousel infernal. Qui venu à pied de Lithuanie, qui venu en train d'Irkoutsk. Et à présent, dans cette gare, où la bise glaciale poussait une pluie mêlée de neige, où des convois entiers restaient en souffrance, où des gens s'agglutinaient le jour, foule insensée, et dormaient pêle-mêle la nuit sur les planchers noirs, comment pouvait-on croire dans cette gare que ce charmant jardin, que cette fillette, que cette robe, existent encore sur terre !
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Tâchez de nous aimer, nous les simples !
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