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Citations sur Une journée d'Ivan Denissovitch (153)

Ils en étaient arrivés à râper les sabots des chevaux crevés, pour faire, en ajoutant de l'eau, une pâte qu'ils avalaient.
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Le soleil du loup (c'est le nom que, par moquerie, on donnait, dans son village, à la lune), il avait drôlement monté. À mi-chemin de son haut qu'il avait grimpé déjà. Dans un ciel quasiment blanc, avec une espèce de verdure et guère d'étoiles, mais qui reluisaient. La neige avait l'air astiquée. Les murs des baraques étaient pareillement blancs de givre. Les phares se fatiguaient pour rien.

p.179
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Mais est-ce qu'on la lui rendra, la liberté? Est-ce qu'on ne va point, pour diantre sait quoi, lui flanquer dessus encore dix ans de rallonge?...
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La lune était déjà sortie toute, bien rouge, avec un air pas content. Elle commençait à s'ébrécher un peu, du reste. Hier, à la même heure, elle était beaucoup plus haut.
Il se sentait si content, Choukhov, que tout ait bien marché, qu'il bourra les côtes au commandant.
- Écoute voir, commandant, dans vos idées de science, où elles vont, les vieilles lunes ?
- Où vont-elles ? Tu ne sais donc pas qu'il y a une période où la lune n'est pas visible.
Choukhov secoue la tête en rigolant :
- Du moment qu'on ne la voit pas, comment tu sais, toi, qu'elle existe ?
Il en a un coin bouché, le commandant :
- T'imagines-tu que, chaque mois, c'est une autre lune qui naît ?
- Pourquoi pas ? Les gens il en naît bien tous les jours. Pourquoi, alors, il naîtrait pas une lune toutes les quatre semaines ?
Il l'a sec, le commandant :
- Je n'ai jamais encore rencontré un matelot aussi cancre ! qu'il fait. Où iraient-elles alors, les vieilles lunes ?
- C'est tout juste ce que je te demandais.
- Où vont-elles, à ton avis ?
Choukhov soupire et, tout bas, à cause que c'est un secret :
- Chez nous, on dit que le Bon Dieu les casse pour en fabriquer des étoiles.
Ce coup-ci, le commandant se tord :
- Sauvages ! Je ne l'avais jamais entendue, celle-là. Est-ce que tu croirais en Dieu, Choukhov ?
Choukhov a l'air estomaqué :
- Et alors ? Essaye de pas y croire quand il y a du tonnerre.
- Mais pourquoi ferait-il cela, le bon Dieu ?
- Il ferait quoi ?
- Pourquoi casserait-il la lune pour en faire des étoiles ?
Choukhov hausse les épaules.
- C'est pourtant pas sorcier. Les étoiles, il en tombe ; il faut bien les remplacer.

p.130
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- Tous les vieux te le diront : c'est à l'heure de midi que le soleil est à son plus haut. - Oui, dit le commandant, c'était vrai de leur temps. Mais, depuis, il y a eu un décret : le soleil, maintenant, atteint sa hauteur maximum à une heure.
- Pas possible ? Il est de qui ce décret ?
- Du pouvoir soviétique.
Le commandant repartit avec le bard. Choukhov, d'ailleurs ne voulait pas le disputer. Tout de même ! Est-ce que le soleil aussi obéirait à leurs décrets ?
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Un homme, on peut faire tourner sa vie dans un sens ou dans un autre.
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Et c’est pour ça qu’on a inventé la brigade. Oh, pas la brigade comme en liberté, où je touche mon salaire de mon côté et toi du tien. Que non pas : une brigade de camp, c’est un système pour que ce ne soit pas l’administration qui fassent suer les zeks, mais que chaque zek oblige l’autre à marner. Là, c’est simple : ou bien tout le monde touchera sa ration supplémentaire, ou bien vous crèverez tous ensemble. À cause du malpropre qui ne veut rien faire, il faudrait, que, moi, j’aie rien à bouffer ? Pas de ça, ordure ! au turbin !
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Sur la steppe nue siffle vent : de sécheresse l'été, de glace l'hiver. Rien n'a jamais poussé dans cette steppe et, dans le carré de barbelés, encore bien moins. Le pain ne pousse que dans la baraque à pain, l'avoine ne mûrit qu'au dépôt. On aurait beau se briser les reins au travail, se mettre complétement à plat, on ne ferait pas rendre à la terre plus à manger que ce que vous inscrivent les gradés.
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Il s'endormait, Choukhov, satisfait pleinement. Cette journée lui avait apporté des tas de bonnes chances : on ne l'avait pas mis au cachot ; leur brigade n'avait pas été envoyée à la Cité du Socialisme ; à déjeuner, il avait maraudé une kacha ; les tant-pour-cent avaient été joliment décrochés par le brigadier ; il avait maçonné à coeur joie ; on ne l'avait point paumé avec sa lame de scie pendant la fouille ; il s'était fait du gain avec César ; il s'était acheté du bon tabac ; et au lieu de tomber malade, il avait chassé le mal.
Une journée de passée. Sans seulement un nuage. Presque le bonheur.
des journées comme ça, dans sa peine, il y en avait, d'un bout à l'autre, trois mille six cent cinquante-trois.
Les trois de rallonge, c'était la faute des années bissextiles.
(Fin)
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Choukhov, lui, cherchait dans le fond de sa mémoire ce qu'il n'avait pas réussi à faire, le matin, au camp, et il se rappela : l'infirmerie! Le drôle, c'est qu'en travaillant, il l'avait complètement oubliée, l'infirmerie.
A présent, c'est juste l'heure de la visite. Il aurait encore le temps. A condition de ne pas dîner. Et puis, on dirait que les courbatures ont passé. Est-ce que seulement le thermomètre lui trouvera de la fièvre? Inutile de perdre sa peine. Choukhov a réchappé sans docteurs. Heureusement, vu qu'avec les docteurs qu'on a, c'est le paletot de sapin garanti.
Son rêve, maintenant, ça n'est plus l'infirmerie, mais comment rabioter à dîner.
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