Après les pirates racailles, les ninjas racailles, les shinigamis racailles et les magiciens racailles voici les samouraïs racailles… (Soupir : décidément, j'ai du mal avec les shonen mainstream à rallonge des années 2000 où tout le monde hurle et gesticule pour rien en fait). C'est à la fois super dur et super simple de présenter la série "Gintama", best seller au Japon : en fait c'est un joyeux bordel à la "The Simpsons" / "South Park" (sauf que ces séries sont moins prolifiques, plus anciennes et qu'elles durent grâce au politiquement incorrect, la satire de la société et la caricature de la société l'actualité : rien de tel dans "Gintama"…)
Au départ un background uchronique : la guerre civile entre partisans de l'empereur, des traditions et du repli sur soi et les partisans du shogun, de la modernité et de l'ouverture sur le monde a connu un issue différente à cause de l'intervention des « étrangers »… (la série est à la fois située dans les années 1870, 1950, 1990 après la crise immobilière et 2000 après la crise financière : les Japonais sont passés du Moyen-Âge au XXIe siècle avec l'eau courante, l'électricité et la chauffage, la radio et la télévision, les motos et les voitures, mais les influences étrangères néfastes qui nuisent à l'identité nationale sont accusées de tous les maux et tous sont les étrangers sont moches et méchants, stupides et cupides… On est dont dans le populisme xénophobe, et mine de rien on déroule le tapis rouge au nationalisme et au révisionnisme ! MDM)
Mais le mangaka voulait à tout prix faire de la science-fiction… Déjà je ne comprends pourquoi il s'est fâché avec son précédent éditeur qui lui avait commandé un série historique car au final "Gintama" reprend des thématiques historiques, que l'auteur n'exploitera jamais, et recourt à des thématiques sciences-fictionnelles, que l'auteur n'exploitera jamais non plus… Car "Gintama" est avant tout une série humoristique qui n'est ni un feuilleton ni un serial : on est dans la vie de quartier et j'ai tout de suite identifié les emprunts aux univers de
Rumiko Takahashi ("Urusei Yatsura", "Maison Ikkoku", "Ranma ½"…)
Donc le monde se résume au Japon, le Japon se résume à Edo et personne ne sait pourquoi les aliens ont débarqué sur Terre et pourquoi ils viennent perdre leur temps viennent dans les banlieues d'une ville sous-développée alors qu'ils appartiennent à des sociétés hyper-développées… Et on suit les mésaventures de Gintoki Sakata, ancien héros de la cause impériale au chômage qui explique qu'il veut appliquer son propre bushido mais passe son temps à manger des sucreries et à lire le Weekly Shonen Jump, Shinpachi Shimura un jeune samouraï déchu qui explique qu'il veut trouver un sens à sa vie mais qui en dehors de son poste de président du fanclub de la mauvaise chanteuse adolescente O-Tsū ne réalise pas grand-chose, et de Kagara Yato une saiyan au féminin qui explique qu'elle veut revoir les siens mais qui passe son temps à se goinfrer de friandises et à terroriser les garnements du quartier avec Sadaharu le chiot géant… Les premiers tomes servent à installer leurs sparring partners humains ou aliens, modernistes ou traditionnalistes, mais ensuite les personnages n'évolueront plus puisqu'ils ne sont là que pour porter un humour burlesque voire absurde qui fait la part belle aux références populaires (chanteurs, comiques, acteurs, sportifs…), qui pousse fréquemment le « quatrième mur » avec des appels aux lecteurs et aux éditeurs, et qui en dehors des bastons destinées à fidéliser le public cible recourt aussi à des pas de gags situés en dessous de la ceinture qui sortent de nulle part…
Mais le nerf de la guerre de la série, c'est le détournement des autres séries et on alterne avec plus ou moins de bonheur tous les genres : historique, fantastique, science-fiction, baston, récits de samouraïs, récits de yakuzas, polar, thriller, tranches de vie… Déjà que le mangaka a failli être recalé pour sa proximité graphique avec
Masashi Kishimoto (oui mais non en fait, il pioche tous les deux chez
Yoshihiro Togashi mais l'auteur de "
Naruto" développe un style beaucoup plus personnel que celui de "Gintama"), il pioche en plus très largement à tous les niveaux chez son pote
Taito Kubo auteur du shonen mainsteam à rallonge "
Bleach" pour réaliser une série humoristique essentiellement basé sur la parodie des autres séries… Ouais bof, ce n'est clairement pas l'originalité qui est la principale qualité de la série, pourtant j'avais bien aimé le mélange chanbara / cultures urbaines de "Samourai Champloo" et le joyeux bordel d'"Excel Saga" de Kōshi Rikudō qui utilise exactement la même formule qu'
Hideaki Sorachi… Mais les personnages du mangaka de Fukuoka étaient moins creux et moins absurdes (et pourtant ils étaient creux et absurdes ^^) et sa série faisait 27 tomes papier pour 26 épisodes télé, alors que là avec 66 tomes papiers et 316 épisodes télé on ambitionne d'entrer dans le cercle fermé des séries qui n'en finissent plus…
Un héros mou et sans ambition, avec des histoires qui ne mènent nulle part… Comme toutes les séries destinées aux geeks, c'est une série très clivante qu'on suit avec délectation ou qu'on abandonne sans aucun regret… Un peu comme les fans de sitcoms américaines qui parlent de meilleures séries du monde alors que les non initiés trouvent lesdites sitcoms américaines justes inutiles. Perso je suis dans la même situation que face à "Haisukūru! Kimengumi" / "Le Collège fou fou, fou" : certaines épisodes sont tordants, mais le reste du temps je reste de marbre avec des épisodes OSEF qui donnent l'impression de n'avoir ni début, ni fin, ni sens… (Et c'est con, parce que les graphismes soignés sont plutôt cool)
"Quelqu'un qui a les cheveux naturellement ondulés ne peut pas être mauvais" :
Le dojo de la famille Shimura est en faillite, et pour rembourser leurs dettes O-Tae se voit proposer de travailler dans un restaurant où les serveuses n'ont pas de culottes… Mais Gintaki emmène Shinpachi récupérer sa soeur et défendre l'honneur de sa famille face aux méchants aliens étrangers qui exploitent la terre des samouraïs…
Franchement démarrer sa série par une histoire de récupération de petite culotte, c'est assez naze !
"Le maître s'occupera jusqu'au bout de son animal de compagnie" :
La team Gintaki est embauchée par Taizō Hasegawa (personnage récurrent de la série) pour récupérer Pess, l'animal de compagnie du Prince Hata (personnage récurrent de la série), mais on tue la créature qui sème le chaos et la désolation à Edo depuis des jours et des jours et l'agent du Bakufu en lunettes de soleil se retrouve au chômage pour avoir défendu la cause des humains au détriment de la cause alien…
"Le magazine jump paraît parfois le samedi ; soyons donc attentifs" :
La team Gintaki essaie de sortir de l'impasse Kagura, que tout le monde prend pour une immigrée chinoise mais qui est une alien à la force surhumaine qui travaille pour les yakuzas pour rentrer chez elle… Toutes ressemblances entres les Yato et les Saiyans ne sont absolument pas fortuites du tout ^^
"Celui qui fait bonne impression à la première rencontre n'est jamais fiable"
La team Gintaki met fin aux agissements de Catherine la kleptomane alien…
"Même quand tu seras devenu un papy, fais-toi des mais tels que vous puissiez vous appeler par vos surnoms"
Si vous avez le temps de jouer aux terroristes, allez dont faire une petite promenade
Un facteur à l'agonie demande à la team Gintaki de livrer un colis qui s'avère être une bombe… Soupçonné d'être un terroriste, Gintaki se retrouve coincé entre ses anciens amis du Joei et les agents du Shisengumi…
Le manga revendique son côté racaille, et comme les mouvements pro empereur et pro shogun étaient réputés pour recruter parmi toutes les couches de la société, ce qui permit à des va-nu-pieds d'obtenir le statut de héros c'est assez bien vu de piocher parmi les figures de la guerre civile japonaise (comme Taito Kubo dans "Bleach" ^^)
"Dandelion" :
Récit bonus dans lequel deux agents très spéciaux de la brigade des anges doivent rattraper un pépé fantôme en fuite, mais au final ils aident ce dernier à faire ses derniers adieux à mémé avec laquelle il s'est engueulé des années durant…
C'est la meilleure histoire du tome, mais on sent qu'on est dans du copier-coller de Yoshihiro Togashi qui décidément ne cesse de hanter les jeunes poulains de l'écurie du Weekly Shonen Jump !