Le principe de l'évolution est de faire fi de la disparition des individus au profit de la préservation de l'espèce. Selon les observations menées par les savants, il paraît qu'une seule morue pond chaque année un million d'oeufs. Pour les huîtres, le chiffre double. Puisque dans toute cette quantité, il n'y en a que quelques-unes qui grandissent, la nature est d'une folle prodigalité, et d'un point de vue éthique, elle se révèle une mère d'une cruauté sans pareille. La vie de l'homme, pour nous qui faisons de l'être humain le principe, est de façon indéniable la grande affaire, mais si changeant momentanément de point de vue, nous nous mettons à la place de la nature, nous trouverons simplement raisonnable le cours des choses, sans pouvoir nous emparer du moindre argument pour ici se réjouir, là se lamenter, rien de plus.
L'esprit envahit par toutes ses pensées, j'étais totalement désemparé. Je me suis senti désappointé aussi. Souhaitant donner un autre cours à mes pensées, j'ai évoqué le souvenir de Mme Otsuka morte l'autre jour à Oiso, et j'ai composé à son intention ce poème en guise d'adieu :
Remplissez le cercueil
De tous les chrysanthèmes du monde
Autant que la terre en fait fleurir