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Elisabeth Suetsugu (Traducteur)Akiyama Yutaka (Préfacier, etc.)
EAN : 9782877305624
104 pages
Editions Philippe Picquier (18/10/2001)
4.23/5   111 notes
Résumé :
Si Sôseki le romancier est de longue date traduit et commenté chez nous, une part plus secrète et à la fois plus familière de son oeuvre nous est encore inconnue. Sôseki a écrit plus de 2500 haikus, de sa jeunesse aux dernières années de sa vie: moments de grâce, libérés de l'étouffante pression de la réalité, où l'esprit fait halte au seuil d'un poème, dans une intense plénitude. Ce livre propose un choix de 135 haikus, illustrés de peintures et calligraphies de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne cesse de m'émerveiller devant la puissance d'évocation que peuvent avoir des poèmes de seulement trois petites lignes, capables de battre à plate couture des poèmes qui en possèdent 14. Bien composés, ces quelques mots nous emportent directement au coeur d'une émotion ou d'une sensation.
Les haïkus de Soseki, écrivain japonais de la fin du dix-neuvième siècle, tentent de capter l'instant, celui de la feuille qui tombe ou celui du silence, le temps d'un baillement partagé entre deux amis qui vont se quitter, le mouvement d'une hirondelle en plein vol, un changement de lumière quand le soir arrive ou que le jour se lève.
La mort, aussi, est présente, celle à laquelle il a échappé, celle, bien réelle, de sa belle-soeur pour qui il entretenait des sentiments complexes. La mort et le miracle d'être encore en vie quand l'aube arrive.
D'autres haïkus sont plus mystérieux voire hermétiques, malgré la préface et la postface, toutes les deux bien fournies.

Ce n'est sans doute pas le recueil de haïkus le plus abordable mais j'y ai fait de belles découvertes.
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Il y a près de vingt ans, les éditions Picquier éditaient ce recueil de 135 haikus de Natsume Sôseki. Extraites de ses oeuvres complètes publiées au Japon par les éditions Iwanami, qui comportent plus de 2 500 haikus, ces miniatures sont de petits bijoux. Sôseki était pourtant bien modeste quant à leur qualité : « Longtemps, je suis resté ignorant en matière de haiku. Quant aux poèmes chinois, autant dire que je ne suis qu'un profane. Et il va sans dire que si tous les poèmes que j'ai composés au cours de ma maladie ont transporté de joie leur auteur, je ne crois pas un seul instant qu'ils puissent trouver grâce aux yeux d'un spécialiste. »

A travers ces haikus, Sôseki, au-delà de l'évocation des saisons, incontournable, rend largement hommage à son ami poète Masaoka Shiki, père du haiku moderne, mort quelques années auparavant, plus discrètement à la belle épouse de celui-ci, beaucoup aux animaux également, chats, chiens, oiseaux et à la nature en général.

Tout au long de l'ouvrage, après l'excellente préface de l'éditeur originel japonais, les haikus sont illustrés de très belles peintures et calligraphies de l'auteur lui-même. Il ne manque qu'un peu de caractères japonais d'origine, et un peu plus de conversion en rômajis, malheureusement trop discrètement saupoudrés dans la seule préface pour expliquer quelques haikus emblématiques.

Décidément, si l'on ne devait découvrir qu'un seul poète japonais, ce serait sans doute Sôseki, pourquoi pas avec cette précieuse synthèse que constitue ce recueil. Avec son talent protéiforme, il fait figure de véritable Victor Hugo japonais. S'affichant même sur un des principaux billets de banque nippons, il jouit d'une très grande popularité chez ses compatriotes admiratifs.
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Comment ne pas se laisser aller à la contemplation et à la méditation en lisant ces haïkus et en regardant ces paysages à l'encre. Soseki nous envoûte au fil des pages, en nous parlant de la nature, de l'impermanence, de l'instant présent, du détachement… toutes ces notions que l'on retrouve dans le bouddhisme. Je ne connaissais jusqu'alors que ses romans et récits. Je découvre avec délice sa poésie.
« Entre les feuilles du volubilis
Un reflet
Les prunelles du chat. « 
Longtemps en effigie sur les billets de 1000 yen, cet auteur est incontournable dans la littérature japonaise, voire mondiale. Il est né avec l'ère Meiji et n'a eu de cesse de pointer l'occidentalisation du japon, les pertes de repères traditionnels, le changement sociétal du Japon.
Vous aurez deviné la plénitude que j'ai ressenti en parcourant ce recueil.
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Un livre pour la vie. Toujours à portée de main. Un livre pour tous les instants , les bons et les moins bons. La quintessence du raffinement et la poésie. Souvent mystérieux, quelquefois difficile à comprendre , un livre d' une richesse infinie dont jamais je ne me lasserai
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Après avoir été séduit par les 207 poèmes en chinois classique (kanshi) composés par Sôseki, me voici face à ces 135 haïkus traduits par Elisabethe Suetsugu, et accompagnés de peintures et de calligraphies de l'auteur.

Le haiku (俳句) est une forme poétique très courte et codifiée née au Japon, dérivant d'un autre genre poétique, le haïkaï. Haiku est une contraction de haikai no hokku (« première strophe du haïkaï »). La métrique du haiku est stricte : trois vers de 5, 7 et 5 mores (sons élémentaires). La traduction d'une langue morique vers une langue syllabique est une gageure, notamment en poésie où la rythmique est importante, car une syllabe en français peut contenir plusieurs mores japonaises. Il n'est donc pas étonnant que la métrique n'ait pas été une préoccupation majeure de la traductrice. de même, les césures (kireji), plus complexes que notre ponctuation française, n'ont pas été retranscrites. Reste l'essence du haiku, qui est de traduire une émotion ou un sentiment éphémère de manière brève et concise, dans un art de l'ellipse et de la suggestion qui doit aussi contenir un kigo (« mot de saison »), référence à la nature ou à une saison.

Les haïkus de Sôseki évoquent l'espérance ou la mélancolie, la puissance comme la fragilité, et sont empreints tantôt de désinvolture, tantôt de solennité. Comme dans ses kanshis, on y retrouve son amour pour la nature, l'émerveillement de l'instant, mais aussi les atteintes de l'âge ou de la maladie sur le corps et l'esprit. Sôseki parvient à saisir l'action et la tension, à suggérer des scènes entières par le truchement d'une poignée de mots. Mais laissons à l'auteur en personne le soin de nous dire ce qu'est un haiku : « en premier lieu, le haiku est un concentré de rhétorique, en second lieu, il est un univers irradiant à partir d'un point focal, comme rivet d'un éventail qui permet de maintenir ensemble toutes ses branches. »

Alors en voici 2 parmi 135, qui me semblent suggérer tant avec si peu :

Dans l'air vibre la corde
Silence tendu silence rompu
Chute mate d'une fleur de camélia

Ciel d'automne
La hache traverse l'air ambré
Un cryptomère oscille
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Citations et extraits (95) Voir plus Ajouter une citation
Jeunes pousses de fougère

Ouvrant leurs petits poings

Enfin le printemps
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Aujourd'hui je sais l'automne
Ruissellement de la pluie
Qui ne connaît pas de fin
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Je l'ai mis en terre
Là où le vent d'automne
N'atteindra pas son oreille.
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Sous mes yeux près de mon pinceau
Une libellule rouge s'est posée
Quelle âme accompagnait elle?
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Ah le jeune faon
Il chasse le papillon
Et se rendort

Issa
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Video de Natsume Soseki (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Natsume Soseki
Bonjour et bienvenue dans le monde de notre Vie Intérieure. Nous parlons aujourd?hui de la mort?
« Il cessa de pleurer, et, le visage tourné vers le mur, il se mit à réfléchir, l?esprit obsédé par cette unique pensée : Pourquoi, pourquoi cette chose épouvantable ? Mais quoi qu?il fît, il ne trouvait aucune réponse. Et quand l?idée qu?il n?avait pas vécu comme on doit vivre se dressait devant lui, il chassait cette idée bizarre en se rappelant aussitôt la parfaite correction de son existence. Presque toujours le visage tourné vers le mur, il souffrait, seul, de ses souffrances insolubles, il se plongeait, seul, dans ses pensées insolubles. « Qu?est-ce donc ? Est-ce vraiment la mort ? » Et la voix intérieure répondait : « Oui, c?est la mort ». ? « Mais pourquoi ces souffrances ? » Et la voix intérieure répondait : « Comme ça, pour rien. » Tolstoï, La mort d?Ivan Illitch.
Comme tous les êtres vivants, nous allons mourir un jour. Mais à la différence des autres êtres vivants, nous en sommes conscients. Ce qui fait dire à Woody Allen : « Depuis que les humains se savent mortels, ils ont du mal à être tout à fait décontractés ». Alors, pour nous décontracter, nous nous efforçons de ne pas trop y penser : « L?homme est adossé à sa mort comme le causeur à la cheminée », écrit Paul Valéry.
Mais la mort parfois nous tire par la manche. Nous sommes impliqués de loin, par la disparition d?une connaissance ou d?une célébrité ; nous sommes en présence du corps sans vie d?un ami, près d?un cercueil, à côté d?une tombe? Ou, plus déstabilisant encore, nous sommes impliqués dans notre propre chair, au travers d?une maladie menaçante diagnostiquée chez nous.
Alors, nos illusions s?envolent. le temps de l?insouciance et des fausses croyances est terminé : nous ne pouvons plus faire comme s?il nous restait un temps illimité à vivre. Non, le temps qu?il nous reste n?est pas illimité. Pire, il est incertain, et peut-être serons-nous morts demain.
Face à la mort et au cortège de peurs qu?elle pousse devant elle, c?est notre vie intérieure qui peut nous donner force et lucidité. Sans un salutaire travail de l?âme, notre crainte de la mort influence et parasite notre vie. Les recherches scientifiques ont montré qu?en activant la peur de la mort, on pousse les humains à plus de matérialisme, plus d?égoïsme, plus de rigidité psychologique. A l?inverse, s?entraîner à un abord lucide, apaisé et réaliste, de l?idée de sa mort apporte peu à peu une forme d?apaisement et d?équanimité, envers une perspective qui ne réjouit, tout de même, personne ! C?était le conseil de Montaigne : « Otons-lui l'étrangeté, pratiquons-la, accoutumons-la, n'ayons rien si souvent en la tête que la mort. »
Alors, de notre mieux, accueillons les irruptions de la mort dans nos vies : devant les faire-part de décès, à l?écoute du glas de l?église voisine? Immobilisons-nous, et laissons toutes les images, les pensées et les souvenirs liés à la mort se répandre en nous ; efforçons-nous, simplement, de rester reliés à notre respiration, au souffle de la vie en nous et autour de nous.
Rendons-nous, de temps en temps, dans les cimetières ; prenons le temps d?y marcher dans les allées, de nous y asseoir ; et là encore, sans rien chercher, sans rien poursuivre, laissons-nous habiter par ces instants, observons cet environnement de vie et de mort mêlés. Restons là, à écouter le chant des oiseaux, le pas des visiteurs sur le gravier? J?ai souvent fait cet exercice avec certains de mes patients qui souffraient d?une anxiété de la mort, et nous en avons gardé, eux et moi, des souvenirs d?expériences très fortes, et paradoxalement très douces.
Connaissez-vous ce haïku du poète japonais Natsume Sôseki ? « Sans savoir pourquoi / J?aime ce monde / Où nous venons pour mourir. ». le contraire de la mort, c?est la naissance. Nous sommes entrés, nous allons sortir. Et entre les deux il y a la vie. Vous ne trouvez pas qu?elle est belle ?
À demain, et ne perdez jamais le lien? avec vous-même.
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