Ce roman est une critique sociale. Brute, crue, sans détour, mais truffée d'amour. On me l'a comparé à
Vernon Subutex de
Virginie Despentes. Là, je ne suis pas tout à fait d'accord.
Vernon de Despentes, est une trilogie, ce qui rend les choses un peu différentes ; Despentes peut développer ses idées sur des pages entières. La vie des personnages vous est relatée au fil des pages pour un attachement plus intense.
Le tragique chez Despentes vous retourne parfois les tripes, les descriptions sont difficiles à lire tellement les souffrances se ressentent. Et c'est une grande différence par rapport à ce roman. Celui-ci est truffé d'humour à chaque page. Cru et vulgaire, certes, mais de l'humour quand même. Lorsque Despentes décrit un viol, des coups, je suis révulsée. Ici, ce ne fut pas le cas, et pourtant, il y a des évènements révulsants (je pense à Screech). L'horreur vécue par Farouk est difficile à imaginer mais plus ressentie car étant plus cultivé, son vocabulaire est différent de celui des autres personnages. Néanmoins, l'humour, les faits décrits sans descriptions intenses me détachent un peu de l'horreur. Ce n'est évidemment pas un défaut, juste un style littéraire qui rend le roman moins violent, pour ne pas plonger directement dans l'abîme. Je respecte ce choix et j'ai apprécié ce livre mais j'ai une préférence pour d'autres auteurs qui me bouleverseront davantage par les souffrances endurées par leurs personnages, parce qu'elles font référence davantage à la vie, à l'horreur que certains dits humains font subir à des hommes et des femmes. Parce que ces auteurs m'ouvrent davantage les yeux sur les souffrances de ce monde et des vies souvent cabossées de personnes qui ont supporté l'inimaginable.