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261 pages
Girard et Boitte - Calmann-Lévy (01/06/1897)
4/5   1 notes
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Émile Souvestre fut l'un des discrets, mais essentiels talents de la première moitié du XIXème siècle. Ce rescapé de la bataille d'Hernani, romantique flamboyant n'ayant pas rencontré le succès attendu, revenu par la suite dans sa Bretagne natale où il connut un succès tardif comme chroniqueur de légendes bretonnes et de la révolte des chouans, était un homme dont l'oeuvre abondante, hétérogène, témoignant des multiples tentatives d'un auteur mal assuré qui cherche la bonne formule, se révèle avec le temps une prodigieuse source d'informations sur son époque, au point d'être encore de nos jours ponctuellement réimprimé.
Touchant à tout, abordant mille sujets, tantôt républicain, tantôt monarchiste; tantôt parisianiste, tantôt breton bretonnant; tantôt chroniqueur des dandys, tantôt philosophe chrétien appelant à la résilience, Émile Souvestre voit enfin ses défauts se transformer en qualités, et ses oeuvres aléatoires devenir autant de documents originaux ou insolites sur la Restauration et sur la Monarchie de Juillet, époques mal aimées par les hommes de lettres, trop idéalisées par les monarchistes, et dont Émile Souvestre se révèle un témoin relativement neutre, semblablement curieux d'à peu près tout.
« Les Drames Parisiens » est un recueil posthume publié en 1859, rassemblant trois longs textes dont les dates de rédaction n'ont jamais été confirmées, mais dont tout laisse à penser qu'ils datent de différentes périodes – encore que certains biographes considèrent que certains écrits d'Émile Souvestre pourraient avoir été en fait rédigés par sa femme, qui était écrivain elle aussi. Mais jusqu'à ce jour, aucune preuve réelle de tels faits n'a pu être déterminée.
- le premier de ces textes, « Une Femme Célèbre », est assurément le plus précieux : il s'agit du récit des souvenirs de l'auteur avec Caroline Wuiet, une talentueuse jeune femme née en 1768, fille de l'organiste de l'église Saint-Symphorien de Reims, et qui fut présentée à la reine Marie-Antoinette comme enfant prodige. Son habileté à interpréter des pièces au clavecin à seulement 5 ans enthousiasma la jeune reine, qui finança son éducation et l'installa avec sa famille à Rambouillet.
Il ne fait aucun doute aujourd'hui que Caroline Wuiet était un authentique génie musical : à 16 ans, elle était non seulement une virtuose, mais une des premières femmes autrices-compositrices, ayant écrit des sonates, des pièces de théâtre, des essais, et pour finir un opéra entier, qui ne fut cependant jamais joué, car déjà la Révolution Française grondait, et en quelques mois, faisait basculer dans l'oubli huit siècles de monarchie ininterrompue.
Contrainte à l'exil, probablement en Italie, Caroline revint sur Paris deux ans après la Terreur Blanche, et se mêla à la mode naissante des Incroyables et des Merveilleuses. Elle vécut alors une période de sa vie quelque peu dissipée, où, parallèlement à son activité de compositrice, elle se lança dans la création et la direction de plusieurs organes de presse caustiques et réactionnaires, qui hélas, disparaissent vite suite à différentes pressions politiques.
C'est de cette période-là de sa vie dont parle principalement Émile Souvestre, qui dit la croiser un jour dans la rue habillée en Merveilleuse. du dialogue qui s'ensuit, le lecteur comprend que l'auteur la connaît depuis longtemps, mais qu'il ne précise pas dans quelle circonstance il a fait sa connaissance. Plus tard, Souvestre retrouve Caroline Wuiet vers la fin de sa vie, étant passée par bien des épreuves et consacrant désormais ses journées à nourrir les oiseaux au parc de Saint-Cloud.
On sait qu'hostile à Napoléon, Caroline Wuiet épousa en 1806 un baron allemand et se réfugia à Porto, jusqu'en 1811 où son mari trouve la mort lors d'une bataille. Restée veuve et sans argent, Caroline Wuiet vécut difficilement les vingt dernières années de sa vie, et mourut probablement de la maladie d'Alzheimer dans le parc de Saint-Cloud, où elle vivait en clocharde. Émile Souvestre cependant, s'il nous la décrit souffrant d'absence et d'aphasie, nous montre les derniers jours de Caroline Wuiet dans un coquet petite appartement, soignée et entretenue par une servante, vivant entourant des reliques de son glorieux passé. Pudeur de l'écrivain, ne se résignant pas à dépeindre dans toute sa tristesse la déchéance de son idole ?
Hélas non, car toute cette délicate évocation d'une grande amie disparue n'est en fait qu'une mystification fantasmée. Émile Souvestre nous parle en effet de Caroline Wuiet comme s'il était son contemporain, mais en réalité presque quarante ans le séparaient de cette icône d'entre deux siècles, et, né en 1806 , Émile Souvestre ne pouvait pas avoir croisé Caroline Wuiet en 1797, au temps des Incroyables et des Merveilleux. Il faut donc prendre « Une Femme Célèbre » comme un hommage appuyé, enamouré même, en mémoire de Caroline Wuiet, mais nullement comme un témoignage direct.
- le second texte, et le plus court, « La Machine Infernale » ne se déroule pas à Paris, mais à la Rochelle, en 1800, et narre la préparation de l'attentat contre Napoléon Bonaparte, alors encore Premier Consul du Directoire. Émile Souvestre fait d'un bourgeois de Paris, venu à La Rochelle pour affaires, le témoin privilégié de cet attentat et de ses prémisses, dont il rend responsable un Incroyable. Conclusion très personnelle, puisqu'il est assez tacitement admis que cet attentat manqué était l'oeuvre de républicains inquiets - à juste titre - de l'influence grandissante du Premier Consul.
- Enfin, le troisième récit, « Claude Rionel » s'inscrit plus dans le conte moral comme aimait le pratiquer Émile Souvestre. Propriétaire d'une ferme-modèle, jeune marié fringant, Claude Rionel vit dans un petit village de la région d'Orléans, et a pour ami le docteur Gambier, qui se prépare à déménager pour Paris. le docteur se réclame volontiers ambitieux, vise à se placer auprès du roi Charles X et exhorte d'ailleurs Claude à en faire autant. Mais Claude n'est pas ambitieux. Il a une ferme splendide, qu'il compte adapter en lycée agricole, et une épouse ravissante et amoureuse. Il n'en demande pas plus…
Jusqu'à ce matin de 1830 où le docteur Gambier revient tout excité de Paris, un journal à la main : c'est la Révolution ! Charles X est renversé ! On pense que la République va être restaurée. Cela implique une Assemblée Nationale et une foule de députés à élire. Il y a donc des places à prendre. Contre toute attente, Claude se laisse tenter et parvient à convaincre son épouse Juliette de laisser la ferme en gérance, et de partir sur l'heure pour Paris.
Quelques jours plus tard, première désillusion. La République n'est pas encore au programme, mais Louis-Philippe, le nouveau roi, propose habilement une monarchie constitutionnelle "à l'anglaise" qui est aussitôt adoptée. Il y aura donc bien une Assemblée Nationale et des députés. Les premiers arrivés sont les premiers servis : Claude et le docteur Gambier entrent triomphants à l'Assemblée Nationale.
Quelques années plus tard, le couple que forme Claude et Juliette bat de l'aile : devenu un animal politique à temps plein, Claude ne s'intéresse plus à sa femme. Juliette ne le voit jamais, il refuse toute intimité, toute idée de vacances ou de voyages, toute éventualité de faire des enfants. Il n'existe que pour sa carrière, vise le prestigieux poste d'ambassadeur royal, ne sait comment dire à Juliette de patienter, et de patienter encore jusqu'à ce qu'il soit nommé.
Délaissée et dépressive, Juliette se replie sur elle-même. Seul un confrère de son mari, M. de Guernet, lui porte une attention, qui est cependant intéressée. Il espère bien en faire sa maîtresse. Mais épouse vertueuse d'un mari qui, de toutes manières, ne la trompe qu'avec le travail, Juliette se refuse obstinément, ce qui n'empêche pas certaines rumeurs de se répandre dans l'hémicycle. Dans un premier temps, Claude Rionel n'y prête guère attention, trop occupé à vendre sa ferme dans l'Orléanais pour avoir de quoi graisser la patte de quelques hommes d'influence. Juliette est d'ailleurs affligée de voir vendu à la sauvette et presque bradé le lieu où elle aurait voulu mener une vie simple et calme avec son mari. Lorsque cependant, Claude Rionel finit par saisir les rumeurs d'infidélité de sa femme, il est furieux, et ne croit même pas aux dénégations de son épouse. Mais surtout, il n'est véritablement gêné que pour l'intégrité de son image publique.
Dégoûtée, écoeurée, Juliette se décide à quitter à la fois Claude et Paris et repart chez ses parents dans l'Orléanais. Quelques jours plus tard, à la faveur malheureuse d'une dissolution de la chambre suite à une affaire de corruption, Claude est éjecté de l'Assemblée nationale. Son ambition aveugle lui a fait tout perdre : sa carrière, son premier métier, son épouse et sa ferme.
Dans ce dernier récit, la condamnation morale de l'ambition cache mal un portrait un peu trop caricatural des institutions de la République. C'est là un thème assez récurrent des auteurs monarchistes ou légitimistes, qui ne voulaient voir dans le libre accès du pouvoir à des gens du commun qu'une incitation au carriérisme le plus âpre et le plus inhumain… Comme si de tels exemples n'avaient jamais existé à la cour des rois…
« Les Drames Parisiens » se révèle cependant une agréable découverte pour tout amateur d'Émile Souvestre ou tout fanatique de récits historiques, même si ces textes, au final mineurs ou sujets à caution, ne comptent guère parmi les textes les plus aboutis de ce grand écrivain du grand siècle.
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La complainte de Fantômas
D'après le roman de Emile SOUVESTRE et Marcel ALLAIN. Adaptation de "La complainte de Fantômas" de Robert DESNOS d'après le roman de Emile SOUVESTRE et Marcel ALLAIN. Musique Kurt WEILL. Chanson "La complainte de Fantômas" interprétée par Léo FERRE. Avec dans les rôles principaux : Sylvia MONFORT ; Roger BLIN ; Marcel BOZZUFFI ; Henri CREMIEUX ; Henri VIRLOJEUX.
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