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4,64

sur 4730 notes
Le lecteur est plongé au plus près du vécu quotidien des populations subissant humiliations, pogroms, déportations, puis libération des camps. Ce vécu, c'est celui du père du narrateur. Mais lui-même n'a rien subit de tout cela : il est né après la Seconde guerre mondiale. Il se sent étranger à cette tragédie, coupable d'être privilégié. Son père d'ailleurs le culpabilise sans cesse, rappelant en toutes occasions son statut de victime, et portant aux nues Richeu, le frère aîné mort en camp de concentration. Avec ses récits enchâssés, ce magnifique roman graphique met en scène l'auteur-narrateur s'interrogeant face à son propre rôle, à son oeuvre, à sa place dans cette histoire et dans L Histoire. C'est un chef-d'oeuvre remarquable, une lecture à ne pas manquer.
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Un livre d'utilité publique pour que l'histoire ne puisse plus se répéter .
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Cette bande-dessinée, primée par le Pulitzer en 1992, pourrait être un chef-d'oeuvre sur la Shoah. Elle pourrait n'être que cet essentiel. Elle est encore davantage.

Donnant au peuple juif les traits déshumanisés d'une nichée de souris en réaction à la haine manifestée par les nazis à l'égard de Mickey Mouse « idéal le plus lamentable qui ait jamais vu le jour … vermine dégoutante et couverte de saleté … », Art Spiegelman met au coeur de l'oeuvre qui s'avérera également intimiste, la vie de son père, polonais et juif qui connut la montée du nazisme, les ghettos, la fuite et Auschwitz.

Outre des dessins et des épisodes insupportables dont je reste une fois de plus choquée, c'est bien la profondeur vertigineuse de la mise en abyme qui fait de cette bande-dessinée un témoignage remarquable. Ou plutôt des témoignages remarquables.
La narration se fait sur trois temporalités dispersées tout au long des 300 pages de l'Intégrale (sinon divisée en deux tomes).

Les funestes flash-back vécus par Vladek dans les années 30 et 40.

Les mois d'entretiens entre Vladek et « Artie », déterminé à raconter la vie de son père dans une oeuvre graphique.
Le regard que porte Art Spiegelman sur son père, d'abord décrit comme un juif caricatural pingre, détestable, s'exprimant mal se fait de plus en plus compréhensif à mesure que Vladek révèle ce par quoi il est passé… Epreuves de nature à marquer profondément un homme, à l'endurcir, à lui forger un caractère et une carapace dont nul ne peut plus se départir.

Les questionnements incessants d'Art Spiegelman au cours de la création et à l'aube de la parution du premier tome en 1987.
Douleur d'un fils qui n'aura pu entretenir la relation souhaitée avec ce père marqué des impacts irréversibles et qui, comme beaucoup de juifs, d'allemands et de toutes générations ultérieures se sentira coupable de ne pas l'avoir vécu et d'à peine pouvoir le comprendre.

Une oeuvre admirable et inoubliable tant par sa forme que par son fond.

MAUS ~ L'intégrale
Art Spiegelman
🇺🇸 Traduit de l'anglais par Judith Ertel
Éditions Flammarion ~ 1998
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Maus est considéré comme un chef d'oeuvre de la bande-dessinée. A l'instar de From Hell, j'ai beaucoup attendu avant d'entamer cette lecture qui est semble t'il un passage obligé pour tout bdphile qui se respecte. Je dois reconnaître après lecture que cette réputation n'est point usurpée.

Alors, non, ma note n'est pas à inscrire dans un suivisme de bon aloi. Ma note ne se justifie pas également parce que le sujet est grave.

J'ai été envahi par la puissance de cette oeuvre d'une grande justesse. On évite l'écueil du pathos grave et de la facilité. C'est d'abord beaucoup d'émotion qui nous explose à la figure. Je n'ai pas pu me retenir. J'ai pourtant vu maintes fois La liste de Schindler (1994) ainsi que le Pianiste (2002) qui traitent également de la déportation des juifs polonais dans les camps de concentration durant la Seconde Guerre Mondiale.

Cependant, ce n'était pas pareil. le combat de cette homme contre les forces du mal m'a abasourdi tant l'horreur est indéfinissable. Ce refus de l'inéluctabilité de la mort m'a profondément ému. Il est à noter que Maus est sorti avant ces deux chefs d'oeuvre du cinéma. Et puis, j'ai lu récemment la bd Auschwitz et je dois bien reconnaître qu'il y a une énorme différence dans le traitement ainsi que dans la portée.

Pour approfondir mon idée, je dirai que ce n'est pas parce qu'on croît connaître le sujet qu'on peut faire abstraction de la qualité intrinsèque de cette oeuvre. J'ai découvert d'autres détails tout à fait intéressants et qui ont renforcé ma conviction personnelle. le devoir de mémoire est absolument indispensable. Néanmoins, ce constat s'impose comme une évidence et ne saurait être elle-même un leitmotiv pour juger de ce récit. D'autres critères sont à prendre en considération.

Je ne suis pas un fana d'une ligne graphique noir et blanc. Cependant, je pense que celle-ci s'imposait incontestablement s'agissant d'une telle oeuvre. Bref, le dessin est en accord avec l'histoire. Je peux même avouer que quelquefois les traits ont été splendides. C'est un savant mélange de courbes stylisées et spontanées. Une force visuelle incontestable !

Le choix contesté d'avoir opté pour des animaux ne me paraît pas non plus hors de propos. Cela ne me choque pas plus que cela. J'ai pensé que l'auteur raconte des choses tellement « inhumaines » que le choix des animaux s'est imposé naturellement, si vous voyez ce que je veux dire…

Je dis souvent dans mes avis que telle ou telle bd n'a pas d'âme. Ici, c'est tout le contraire : c'est un débordement d'âme ! Quand on referme celle-ci, on ne peut s'empêcher d'y repenser. Il m'a d'ailleurs fallu la lire en plusieurs jours tant chaque chapitre est riche d'événements et également d'émotion.

Maus est à la fois une oeuvre intime et collective. C'est une belle réussite sur les deux tableaux alors que l'exercice de style est difficile. C'est d'abord un récit autobiographique d'un personnage aux abords antipathique car grincheux et avare. Au début du récit, je me suis dit : « c'est pas possible, c'est fait exprès !». Mais quelle justesse et quelle sincérité dans les propos! Je ne peux qu'approuver cette démarche.

Puis, le lecteur est également destiné à être le témoin de ce drame qui dépasse le strict cadre de l'histoire personnelle. Quand la peur, l'angoisse, la maladie et la mort assaillent des millions d'hommes et de femmes dans une boucherie sans pareille. Nous sommes loin de la « politique de civilisation » ! D'ailleurs, le passage sur les enfants a été particulièrement insupportable (mais pas dans le mauvais sens du terme).

Je suis très enthousiaste par rapport à cette oeuvre qui hantera ma mémoire. C'est riche en émotion et en sentiments. Dans une collection de bdphile qui se respecte, c'est un livre à posséder incontestablement !

Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 5/5 – Note Globale : 4.5/5
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Maus était dans ma bibliothèque depuis dix ans, dix longues années à attendre son tour. Mais voilà, la seconde guerre mondiale et ses récits, j'en ai étudiés beaucoup et j'avais envie d'autre chose. Il m'aura fallu la plus grande panne de lecture de ma petite vie de lectrice pour le sortir et m'y plonger. Panne de lecture oblige, la lecture a été lente, entrecoupée de vides, et finalement, c'était peut être le bon moment pour moi pour découvrir ce roman graphique.

Maus retrace la vie des parents d'Art Spiegelman : Juifs, polonais, ils ont vécu l'horreur de la montée du nazisme, les discriminations, la déportation, les camps et la Libération. L'enfant devenu adulte raconte d'après les souvenirs de ce père si difficile à vivre au quotidien et met en scène le passé et le présent en un seul livre.

Ce livre fait co-exister deux temporalités : le présent dans lequel Art et son père discutent, se disputent, préparent le matériau pour le roman, et le passé, l'histoire de Vladek et d'Anja entre 1939 et 1945. Cette manière de faire a un intérêt dramatique : elle nous permet de voir le difficile exercice de remémoration, le fonctionnement de la mémoire et interroge aussi le fonctionnement des souvenirs. Plus d'une fois, Art est obligé de demander à son père de respecter le fil chronologique, là où l'esprit fonctionne à sauts et à gambades par associations d'idées. Nous pouvons aussi nous demander si tout est rigoureusement exact, ou si certains éléments ne sont pas modifiés, changés, transformés. Ce qui m'a frappé, c'est que le père répète souvent qu'il était fort et puissant et que c'est pour ça qu'il a survécu aux camps, il met en scène aussi sa ruse et sa débrouillardise qui lui ont permis de survivre. Pour un homme qui a autant souffert, qui est un survivant, c'est peut être aussi une manière de se réapproprier son destin et le libre arbitre dont les nazis ont voulu le priver. Je n'en sais rien, bien entendu, mais cela m'a frappée, et je m'interroge. Les passages au moment présent permettent quant à eux de montrer les doutes, le patient travail, la difficulté à organiser, structurer, mettre en mots et en images des maux et des tragédies qui dépassent l'entendement. En effet, comment écrire l'indicible? Comment montrer l'horreur absolue? Un vrai questionnement littéraire et artistique sous-tend aussi tout cela, car parfois, les mots, les images ne suffisent pas et il faut trouver des biais pour dire l'indicible.

Art Spiegelman a choisi le détour par les animaux pour raconter. Pourquoi pas. de nombreux artistes y ont eu recours au fil des siècles. Cela permet une mise à distance, une schématisation aussi que certains regretteront parfois, peut-être. Oui, représenter les Juifs sous la forme de souris et les nazis sous forme de chats a quelque chose de manichéen. Représenter les français sous forme de grenouille joue sur les stéréotypes bien entendu aussi. Se déguiser avec un masque de cochon pour passer sans problème pour un polonais paraît aussi facile, mais je pense que ce sont des facilités d'écriture graphique, rien de plus. Bien entendu que la vie clandestine a été plus dure que cela, bien entendu que le monde n'a pas été aussi manichéen, tout un chacun en a conscience. Néanmoins, ici, nous avons un fils qui relate la vie de son père, entre biographie et filtre affectif : le récit est biaisé de toute manière, on ne raconte pas à ses enfants comme on raconte à un inconnu. Alors, je vois ce manichéisme dans les représentations, mais j'ai fait le choix de ne pas m'y arrêter.

Art Spiegelman fait ici un choix à la fois audacieux et honnête, qui nous montre une fois de plus que deux subjectivités sont à l'oeuvre : celle du père dans son récit, et celle du fils dans le récit cadre. Vladek est peint sans idéalisation dans le récit du moment présent. Il apparaît comme un vieil homme, égoïste, centré sur lui-même, dur à vivre, pingre. Ce n'est pas du tout un portrait flatteur, mais cela correspond certainement au ressenti du fils. Leur relation est difficile, ce père est exigeant et se soucie assez peu des désirs de son fils. Peut être est-ce exagéré, ou non, nous ne le saurons jamais en réalité. le père, Vladek, apparaît dans le roman comme quelqu'un d'avare, et cela va dans le sens de certains stéréotypes racistes concernant les Juifs…. C'est assez embêtant, et Art se mettant en scène dans le roman en parle avec Françoise et est gêné de le montrer. Pour autant, je ne pense pas qu'il faille y voir une pique.

La seule chose qui m'ait vraiment dérangée est la manière dont Vladek s'exprime. Pour une raison obscure, toute la syntaxe de ses phrases est inversée, mise sens dessus dessous. Cela a été pénible à lire pour moi, et je m'interroge sur les raisons de cette syntaxe : est-ce qu'à la fin de sa vie, Vladek s'exprimait dans une langue qui n'était pas sa langue maternelle et qu'il n'en maîtrisait pas la syntaxe? La question est posée.

Ainsi, Maus est une lecture poignante par le matériau utilisé, par les souvenirs et par l'indicible mis en mots et en images. C'est aussi un témoignage, une auto-fiction et un questionnement sur la mémoire. A bien des égards, ce roman graphique nous interpelle et nous interroge.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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On ne s'habitue jamais tout à fait à l'horreur.
D'ailleurs, sortir de cette lecture est difficile.

Je pensais tout connaître l'histoire de l'holocauste et je me trompais. Filtrée par quelques décennies de consommation débridées et vue par un instrument d'optique aux verres teintés et dépolis afin d'en masquer les détails les plus sordides, elle m'apparaissait édulcorée et sans la même portée… Alors que là, c'est différent.

L'histoire de Vladek Spiegelman - rescapé des camps de la mort – a été racontée et publiée entre 1980 et 1991 par son fils Art Spiegelman, dessinateur de bandes dessinées new-yorkais. Ce pur chef-d'oeuvre se fondait sur les prises de notes et les enregistrements audio qu'avait faits Art lors des longues interviews consenties par son père.
La trame de l'histoire comporte deux niveaux : la vie d'aujourd'hui (les années 80) mettant en lumière les difficiles relations qu'entretiennent le père et le fils, mais aussi celles que Vladek entretient avec son entourage, et le récit qu'il fait de sa vie en Pologne entre les années 1930 et 1945 lors des persécutions et les exterminations. Il raconte en détails sa propre déportation et celle de ses proches. Glaçant !

Le dessin en noir et blanc peut paraître rebutant. Je ne saurais que vous conseiller de tentez l'aventure car vous risquez d'être happé par la force du scénario et d'oublier bien vite ce côté sombre et dérangeant. Art Spiegelman utilisait des techniques novatrices en matière de dessin et de représentation des personnages. le dessin fouillé et minutieux est uniquement réalisé à l'encre noire et apparait très contrasté. L'autre particularité de ce roman graphique est de représenter les personnages par des animaux anthropomorphes. Ainsi les Polonais sont représentés par des cochons, les nazi par des chats, les Juifs par des souris (d'où le titre MAUS qui signifie souris en allemand), les français par des grenouilles.

« Une B.D. pour ne pas oublier. »
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A lire impérativement
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Parmi les relectures que j'aime faire, il y a MAUS....
MAUS où comment peut t'on donner à voir le récit de vie d'un survivant....
Nombreuses sont les critiques qui ont été faites sur cette oeuvre, alors j'irai au plus personnel.
Découvert à un moment clé de ma vie, ce livre m'a tout de suite fait l'effet d'une bombe. J'étais en 5e, ma distance avec les oeuvres n'était pas encore formé. Et pourtant, c'est ce roman qui m'a donné le goût pour le 9e art. Depuis (car ça commence à faire pas mal de temps), je le relis tout les ans... Pour ne pas oublier de quoi les hommes sont capables... Pour ne pas oublier qui je suis...
Il m'a construit comme humaine, il m'a construite comme lectrice.
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Indispensable.
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Une histoire assez sombre qui nous plonge pendant la seconde guerre mondiale.
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