[Décembre 2020]
J'ai lu avec beaucoup d'émotion ce magnifique "roman graphique". Je l'ai découvert il y'a peu de temps même si je connaissais le titre vaguement, de réputation. Il s'agit tout simplement de l'histoire du père de
Art Spiegelman, Vladek, un Juif polonais qui a connu la guerre, le ghetto (Lodz je pense, ou un autre) et Auschwitz ! La maman de Art est aussi unr survivante d'Auschwitz et ils étaient mariés avant la déportation.
Tout d'abord, j'ai beaucoup apprécié la densité de cette BD, 300 pages, ça demande quelques bonnes heures pour le terminer, et c'est très appréciable pour un roman graphique, qui représente un coûteux investissement, que de pouvoir "tenir" sur plusieurs après-midis et soirées.
La BD raconte l'histoire de Vladek et Anja (surtout le point de Vladek vu que c'est le papa qui raconte l'histoire à son fils) ainsi que la relation entre le fils et son père, qui est malheureusement difficile. le fils reproche à son père de trop le couver et d'être radin, il est aussi impatient avec lui lorsqu'il se montre radin, qu'il parle de ses disputes avec sa deuxième femme ou qu'il se perd un peu dans son récit. J'ai trouvé qu'Art semblait impatient avec son père et un peu trop dur. Son père avait envie d'être écouté et était évidemment affecté par ce qu'il racontait, il voulait aussi recevoir plus de visites. Aja s'est suicidée quelques années auparavant (mais elle avait eu une phase dépressive avant que le génocide ne commence), tout cela est très touchant car on voit les séquelles psychologiques chez beaucoup de survivants, pourtant les survivants de la Shoah ont pu après plusieurs années d emutisme s'exprimer et voir un intérêt pour leur histoire. Alors quid de ceux dont les traumatisme n'ont jamais été écoutés voire même reconnus ?
L'histoire en elle-même est - malheureusement- pleine de "rebondissements"qu' il serait difficile et inutile de vouloir résumer. le récit est très riche et très intense, et évidemment tragique, même si Vladek et Anja survivent. Vladek est passé par un camp de prisonniers de guerre, puis est revenu auprès de son foyer et de sa belle-famille, ensuite ce fut le ghetto, la fuite du ghetto et les cachettes, puis Auschwitz (l'intuition d'Anja était malheureusement bonne), puis le retour en tant que réfugié ... Presque tous les aspects de la Shoah sont couverts, on voit aussi la montée grandissante de la menace. Il y'a beaucoup de choses très touchantes comme la belle-famille de Vladek et divers personnages rencontrés ...
Les Juifs sont tous dessinés en souris, les Allemands en chats, les Polonais en cochons et les Américains en chiens. Toute la BD est en noir et blanc. Au début, c'est déstabilisant mais on s'y fait très bien et ça rend très bien l'ambiance.
Mais en fait, tout cela relève du détail, car cette BD st avant tout une BD permettant de retracer la Shoah. Rien qu'en cela, la BD est excellente car le "scénario" est magnifique, triste, tragique, mais très instructif, enrichissant et accrocheur. Les dessin sont réussi et les personnages expressifs, même si beaucoup ont las même tête, je trouve même qu'au final, le fait de voir tous ces personnages avec des têtes de souris permet de mieux exprimer leur détresse, leurs émotions et leur ... humanité.
L'autre aspect de Maus, c'est Vladek et sa relation avec son fills : Vladek est bougeon, embêtant, mais touchant, c'est un vieux monsieur qui veut s'exprimer et avoir plus de visites de la part de son fils. Quand il est mort, son fils dit au psy qu'il a l'impression que leurs disputes n'étaient pas si importantes. Vladek, c'est aussi un mensch, un rajel, qui a touours pris soin de sa femme en toutes circonstances, qui s'est débrouillé pour veiller sur elle même à Auschwitz, et qui a été généreux avec ses compagnons et ses camarades, qui a fait preuve de beaucoup d'ingéniosité, le fait d'économiser, d'avoir l'esprit "entreprenant", commerçant, d'être intègre également.
Mais tout cela n'explique pas sa survie (et celle de sa femme), car comme on le voit dans ce récit comme dans celui de beaucoup de survivants, jusqu'au bout du bout de la tragédie, la vie reste suspendue à moins qu'un fil, par exemple ici on voit que même avec les américains dans les parages, en dehors des camps, les Juifs ayant survécu à la marche pouvaient encore se faire tuer par les SS, et on voit même qu'un survivant qui est retourné chez lui en Pologne dans son ancienne maison (volée par des Polonais) a été pendu par les voisins (tout ça pour ça malheureusement).
Je vous encourage vivement à lire cette BD pleine d'émotions, instructive, passionnante et enrichissante humainement. BD qui en plus ne parle pas que de la Shoah mais qui à travers le récit de Vladek parle aussi de la relation d'un père avec son fils et de dépression, deuil, voeillesse ...