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3,8

sur 705 notes
J'ai beaucoup aimé ce livre, que j'ai choisi un peu par hasard, du fait de la couverture relativement dérangeante.
Au début de lecture, on se dit que l'histoire est un peu faiblarde, que le style est un peu « sec » et pas très empathique, et qu'il n'y a pas grand-chose qui se passe… mais au fur et à mesure les différents éléments se mettent en place.
Le décor est un village des Flandres, où la vie glisse sur les gens et le paysage, sans vraies aspérités ni sans grand intérêt romanesque, mais l'auteure arrive à créer une sorte d'effet de loupe sur les 3 personnages des enfants. Leur psychologie se révèle, leurs petits démons intérieurs, et finalement leur mal-être, nous apparaissent dans tout ce qu'il y a de plus dérisoire et de plus sombre. Les parents ne sont pas en reste, surtout ceux d'Eva qui compose entre une mère « absente », au sens de peu concernée par sa vie et celle de ses proches, et un père qui semble se forcer à jouer un rôle de chef de famille auquel il ne croit pas lui -même. Les deux ont une forte tendance à l'alcoolisme.
Du côté de Pim, seul le père est encore là, mais lui aussi fait preuve d'absence, se consacrant à ses bêtes et à son exploitation agricole, seul, avec l'aide du fiston souvent, car la mère a mis les voiles après un accident arrivé à l'ainé dont on a connaissance dès le début du récit, sans savoir de quoi il s'agit exactement, mais qui sera révélé dans la seconde moitié du livre. Quant à Laurens, ses parents tiennent la boucherie-charcuterie du village, la position idéale pour entretenir des liens avec toute la population, et leur fils unique semble faire partie de cette petite entreprise qui s'efforce de faire son boulot correctement sans trop se poser de question.
Au fur et à mesure, on perçoit le poids étouffant qui pèse sur la jeune fille, d'autant plus que la narration alterne entre 2002 et nos jours, où Eva adulte est la narratrice. Elle nous relate une vue absurde (Elle fait notamment des pipes à son voisin du dessous, sans y prendre aucun plaisir, peut-être par désoeuvrement!). II y a quelque chose qui sourd dans ce village, dans la relation des adolescents, qui confine au malaise, et dont on sent bien qu'il va conduire à un nouveau drame. En fait, il est question d'un triple drame : celui arrivé au frère de Pim avant le début de l'histoire, celui qui touchera en 2022 Eva et à sa jeune soeur qui développe des tocs dus à la souffrance qu'elle éprouve à trouver sa place, et enfin, celui qui conclura la période contemporaine décrite par la narratrice.
Il s'agit d'une apothéose de violence malsaine, qui pourra choquer certaines personnes, mais cette fin n'est pas gratuite, elle est posée là, sans compassion ni sentimentalisme, avec la brutalité nécessaire qu'il faut pour mettre fin à une situation insupportable.
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Un livre et une histoire bouleversants.
L'écriture peut déstabiliser, assez clinique, et peu adéquat à une enfant.
Ce qui rend d'autant plus tragique les évènements que l'on sent arriver, que l'on devine sousjacents. L'horreur, la pauvreté, des pré ado délaissés, négligés, ça ne peut que déboucher sur un drame, forcément.
Marquant, dérangeant, et très triste, en définitive.
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Un livre long où il ne se passe pratiquement rien pendant 200 pages. Certes le décor s'installe avec son lot de personnages, cette ambiance dans ce village flamand, Bovenmeer, où tous se connaissent et tout se sait. L'histoire est racontée par Eva qui traine avec ses 2 meilleurs copains Pim et Laurens. Eva est aussi la soeur de Tessie et Jolan, une fratrie où on apprend à se débrouiller seul, car la mère picole et le père travaille.
Eva raconte l'été 2002 où tout a basculé entre elle et ses 2 amis et aussi avec la mort du frère de Pim, Jan. Et son récit alterne avec des chapitres avec la Eva actuelle qui retourne au village où elle est invitée à rendre hommage à Jan.
Laurens et Pim ont donné un classement aux filles de leur village et leur ont attribué une note. A l'aide de Eva, ils donnent rendez-vous à chacune à la fois en partant de la moins bien classé. Eva doit raconter une énigme et la fille doit poser des questions pour essayer de la résoudre ; à chaque réponse fausse, elle doit enlever un vêtement. Elles finissent toutes presque nues et/ou renoncent et/ou acceptent un gage. Sauf que cela ne se passe comme prévu avec la dernière Elisa. La cruauté des adolescents arrive à son paroxysme. La fin est atroce, je n'ai pas pris de plaisir à aller jusqu'au bout du livre qui se termine mal.
L'ambiance est bien décrite et les détails fourmillent mais c'est trop lourd et glauque. Et je n'ai pas compris où l'auteure voulait en venir : que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue ? que les traumatismes de l'enfance ne guérissent jamais ? que la famille ne crée que des êtres inadaptés ? je n'ai pas de réponses. La fin est juste sans espoir et il n'y pas de punitions pour les coupables.
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J'ai beaucoup aimé la construction de Débâcle : une journée dans la vie d'Éva, entrecoupée des souvenirs d'un été, 13 ans plus tôt, alors qu'elle était une petite fille traînant avec deux garçons de son âge. Cet été a lui-même été précédé, l'année d'avant, par un drame au village. Vous me suivez ?
On suit très bien Éva en tout cas : cet été a marqué un tournant tragique dans sa vie, on le saisit immédiatement, mais les circonstances ne sont révélées qu'au compte-gouttes.
La narration sème des indices sur la famille d'Éva, sur l'été, sur le drame survenu l'hiver précédent. Tous les personnages sont approchés de façon allusive, par toutes petites touches, avec une grande subtilité.
Ce qui commence comme des souvenirs d'enfance assez lisses va peu à peu se détraquer au fil du récit. Tout concourt à la tragédie finale : deuils, misère sociale, alcoolisme...
C'est sombre, c'est glauque, et c'est splendidement écrit. Une autrice à suivre, à n'en pas douter.
Traduction parfaitement fluide d'Emmanuelle Tardif.

Challenge Globe-trotter (Belgique)
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Avouez que cette couverture est démente. Choquante. Dérangeante. Elle prend au ventre. Débâcle de Lize Spit, c'est un roman de l'enfance mais c'est tout sauf innocent. J'ai adoré suivre les moments tragi-comiques d'Eva la narratrice.

Débâcle se déroule sur 2 époques (en gros) mais c'est clairement celle de l'enfance (12 ans) qu'est le coeur du roman. Lize Spit raconte, avec une langue crue, les angoisses, les affres mais aussi les bonheurs. On rit et on frissonne. Car la jeunesse que l'autrice décrit n'est pas tendre. La violence y est omniprésente, physique comme psychologique. La solitude derrière les amitiés.

Lize Spit signe un 1er roman perturbant. Très bien construit, Débâcle maintient une tension sourde tout du long. On sent que tout y est possible. Certaines scènes peuvent choquer, j'en conviens mais ce n'est pas une raison pour éviter de lire Débâcle.

Je n'ai pas du tout eu l'enfance que décrit Lize Spit et je me fait l'effet d'être un enfant de choeur car si ce que raconte l'autrice peut arriver ou lui est arrivé, j'ai mal à la jeunesse. En tous cas, le ton que donne Lize Spit à ce roman à travers la vision de sa narratrice ne plombe pas du tout l'histoire et l'équilibre est parfaitement trouvé entre le fond et le ton. On est porté par cet âge des possibles, cette période d'insouciance où le drame tutoie les crises de rires.
Lien : http://livrepoche.fr/debacle..
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Débâcle est un livre sujet à débat : soit on l'aime, soit on le déteste, mais il ne peut laisser indifférent. On le décrit cru, extrêmement cru, et noir... J'avais envie de me faire ma propre opinion : cette lecture serait-elle dérangeante pour moi ? Allait-elle me heurter jusqu'à la nausée ? Je m'y préparais... et c'est sans doute ce qui m'a permis - beaucoup plus facilement que si je ne m'y attendais pas - de dépasser ces aspects pour y trouver bien plus que de la provocation malsaine.

J'ai véritablement été happée par cette histoire : plus j'en lisais, plus je voulais en connaitre la suite.
J'ai trouvé qu'il y avait une belle intelligence narrative : deux temporalités qui distillent des détails au travers d'une journée particulière ou d'une anecdote qui nous amènent à considérer un ensemble qui s'éclaire de plus en plus vers la fin. Il y a aussi une puissance d'évocation qui nous transporte dans la même pièce que les protagonistes, nous fait visualiser la scène : poisseuse, ironique, pathétique, parfois drôle,... Et la psychologie des personnages est creusée, travaillée au point de leur donner forme et vie.

Toutes ces qualités donnent une réelle profondeur à cette histoire de sales gosses écoeurants qui se transforme en drame et qui n'est qu'un point final à d'autres traumatismes...

A vous de voir où se place le curseur de votre sensibilité personnelle, mais sachez que si l'histoire contient quelques passages choquants, elle n'est heureusement pas faite que de cela et il faut passer un bon trois quart du livre avant que cela devienne par moment difficile.
Pour ma part, la quatrième de couverture évoque "une expérience de lecture inoubliable" et c'est en effet une histoire que je n'oublierai pas de sitôt.

NB : je note au passage une toute petite déception quant à la traduction néerlandais-français : l'auteure étant belge et l'histoire se passant en Belgique j'aurais apprécié que certains mots aient conservé leur belgitude : comme les chicons qui ici deviennent endives, l'essuie qui est traduit par serviette-éponge, la dizaine 70 en soixante-dix, etc. Des détails mais que j'ai remarqués et qui m'ont un peu gênée.
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Ce roman est bouleversant...

Très noir d'abord, sous des apparences de description tranquille d'une petite communauté de province... d'une noirceur qui colle à l'esprit comme de la boue, et qui s'infiltre très progressivement au fil du récit.

Très surprenant ensuite, car le début ne laisse pas envisager le tournant que prend le récit, un tournant très graduel...

Lize Spit décrit les histoires de l'enfance comme personne, à travers Eva, 14 ans, et ses relations avec ses 2 amis d'enfance, comme avec son frère et sa soeur, ou même avec ses parents. Des histoires d'enfants mêlées aux histoires d'adultes, des histoires d'enfants où les adultes sont trop absents car absorbés par leurs propres histoires.

Ce livre est dérangeant mais il m'a touchée comme rarement...
Ce livre est magnifique car les pensées d'Eva, son "âme", ont trouvé une résonnance en moi.
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Un conte cruel et ordinaire dans la veine hyperréaliste flamande. Bouleversant, désagréable, éprouvant, glauque, violent. Fascinant de désespoir et de noirceur. Long et rebutant. Un chaud et lourd été 2002 retranscrit jour après jour, une famille dysfonctionnelle, un trio d'adolescents qui s'éveille à la sexualité dans l'indifférence des adultes, l'ennui d'un petit village de la région d'Anvers où tout le monde se connait, s'épie et ne voit rien (ou ne veut rien voir) du drame qui se joue. Description heure par heure de la journée du 30 décembre 2015, par où commence et s'achève le roman, avec des retours vers cet été poisseux et glaçant où l'existence d'une adolescente a basculé dans l'horreur. Une claque, cruelle et implacable certes, mais quelle claque ! L'histoire est extrêmement bien construite, la tension est tenue en haleine tout du long, malgré la lenteur avec laquelle les scènes et les décors sont minutieusement rendus, le style est précis, juste, réaliste (trop ?). Certains passages restent longtemps en tête après la lecture. Je pense au film Rundskop (Tête de boeuf en Belgique francophone) de Michaël R. Roskam, avec Matthias Schoenaerts, sorti en 2011. C'est la même ambiance, la même façon de faire monter la tension, la même violence, le même milieu. Nous sommes les témoins muets d'un drame insoutenable et ordinaire mais nous ne pouvons pas détourner le regard. A ne pas mettre en toutes les mains...
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Il y a pas mal de qualités dans ce livre. Des formules puissantes, des descriptions fines. Un oeil intelligent sur les péripéties d'un enfant, d'enfants. Une douleur, des douleurs.
Une description réussie d'une région, la Campine, d'un petit village flamand, avec tout son pathétique, toute sa réalité... réalité hallucinante, on se croirait presque au Moyen-Âge parfois... Pourtant c'est contemporain, fin du 20e, début du 21e siècle... Pour ceux qui ont vu le film La Merditude des choses, vous comprendrez...

Insupportable, le titre !! Si j'aime beaucoup le mot "débâcle", et je dois dire qu'il m'a attiré. Toutefois, le titre néerlandais : "Het smelt" est, au vu de cette histoire, un titre bien plus juste. "Ca fond". Oui, bien plus juste. Pourquoi ces hérésies éditoriales ?

Ce livre n'est pas essentiel toutefois.
Moi, je suis Belge, je suis contemporain de toutes ces références, je ressens beaucoup. Je suis touché, mais ce livre n'est pas un essentiel. (Toutefois, plutôt qu'une.)
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Ce roman d'une jeune flamande belge distribue les pièces du puzzle selon un tempo lent et étourdissant. Il réussit une description absolument désarmante de la perversité juvénile et résonne comme un coup de poing sur le nez. C'est d'une cruauté incroyable. Cela va bien au-delà d'un récit de vengeance ou de cruauté. Ce livre a fait énormément de bruit au moment de sa sortie. Pour l'avoir lu, je peux affirmer que c'est justifié !
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