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3,8

sur 702 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une tristesse infinie m'habite après avoir refermé ce livre. Triste, amer, d'une terrible violence latente et toujours l'ombre de cette évidente fatalité...oui une lecture dérangeante. J'ai un penchant certain pour les auteurs américains de romans noirs , ceux qui nous parlent de l'Amérique des paumés, ceux qui savent nous décrire les chemins de la quête sans rédemption et Lize Spit est de ceux là. Un petit village flamand, où l'intimité est difficile à gérer, trois enfants nés la même année et qui penseront être amis pour toujours, les familles dysfonctionnelles et bien sûr tous les non dits. Un village perdu où tout se voit mais rien ne se dit réellement. C'est Eva qui , ressent, voit, enregistre et raconte tout . Sa vie, un peu, aujourd'hui à 27 ans, à Bruxelles, puis elle revient sur l'été de ses 14 ans qui nous fera comprendre pourquoi après plus de 10 ans sans y être retournée, elle revient dans son village. En nous racontant la vie à la maison avec le frère, la soeur et les parents alcooliques, elle remonte le temps. Froidement, sans regrets, crûment, Eva nous raconte la fin de l'enfance, l'adolescence et la rencontre avec la sexualité, les amitiés malsaines, l'emprise perverse de ces amitiés, la maladie mentale, les addictions et LA famille...Malgré une narration qui pourrait être un peu plus ramassée, le pari est gagné car en tant que lectrice, je me suis sentie interpellée et non je ne suis pas sortie parfaitement indemne de cette lecture. Débâcle, un bon premier roman noir malheureusement encore trop vrai .
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C'est une écriture hyper réaliste qui peut par moment être crue.
La noirceur de ce roman  est renforcée par cette écriture qui en devient poisseuse, dérangeante. On a par moment envie de dire stop, de détourner les yeux. Cela n'empêche en rien, je dirais même au contraire , de bien saisir la psychologie des personnages,  adolescents perdus, malmenés parfois cruels.
On suit particulièrement Pim, Laurens et Eva, la narratrice. Ces trois enfants,  devenus de jeunes adolescents vont occuper leur été à des jeux de plus en plus "borderline" jusqu'au moment où inévitablement cela dérape.
L'auteur distille les informations avec parcimonie ce qui renforce la tension de ce roman qui offre un climat d'une très grande noirceur.  Les chapitres se partagent deux époques, celle de l'adolescence de ces trois amis durant un été et 13 ans plus tard, lorsque Eva, revient sur le lieu de son enfance pour se venger. On apprend véritablement les raisons de ce retour que vers la fin qui est extrêmement dure.
J'ai lu quelques critiques qui disent ce roman insupportable, ce n'est pas mon avis. Il y a beaucoup de sensibilité dans ce livre . La violence est certes parfois à la limite du supportable mais ce roman nous amène à  creuser l'âme humaine, ses dérives,  le goût pour le pouvoir et l'asservissement.  J'ai aimé ce roman mais n'aimerais pas le voir en film !...
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Bovenmeer, un petit village belge perdu au fin fond de la Flandre, ancré dans un décor rural morose où le malheur semble se planquer dans un coin en attendant son heure, voilà le décor est planté. Glauque et déprimant.
Si l'E313 ne passait pas à proximité, ce bled pourrait tout aussi bien être rayé de la carte. Rien de très réjouissant me direz-vous.

Exilée à Bruxelles, Eva revient pour la première fois dans son village natal 13 ans plus tard. Déterminée, la jeune femme a rendez-vous avec son passé, un bloc de glace dans le coffre de sa voiture.

Flash-back : nous découvrons la jeune Eva, 14 ans qui comme à l'instar de beaucoup de foyers ruraux vit au sein d'une famille O combien dysfonctionnelle.
Entre les loufoqueries de sa soeur Tessie, son frère Jolan et ses parents alcooliques à tendance suicidaire, Eva forme un trio inséparable avec Pim et Laurens. Tous les 3 nés la même année, la bande d'amis fait les 400 coups depuis leur plus tendre enfance. Les « Mousquetaires » abordent d'ailleurs ensemble les trépidations de l'adolescence qui mettent leurs hormones en ébullition.
Rien ne semble briser leur amitié car Eva endosse depuis toujours le rôle de trait d'union entre les garçons. Au fil de la narration, on pressent de manière latente qu'une chose bien plus grave que des jeux d'enfants est arrivée durant ce fameux été 2002 qui restera à jamais gravé dans sa mémoire.

L'écriture de Lize Spit ne laisse personne indifférent. Il suffit de regarder la couverture choc du roman pour s'en rendre compte. Dérangeant, froid et violent, le roman reflète sa noirceur dans son titre.
Certaines scènes choquent d'ailleurs par leur réalisme cru et une implacable cruauté mais force est de reconnaître que ce roman atypique interpelle par la force de sa narration d'où se dégage une puissante impression de désolation et de fatalité. Si Débâcle n'est à pas à recommander comme antidote à la morosité ambiante, il restera pour ma part une expérience de lecture inoubliable.

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Débâcle est un livre sujet à débat : soit on l'aime, soit on le déteste, mais il ne peut laisser indifférent. On le décrit cru, extrêmement cru, et noir... J'avais envie de me faire ma propre opinion : cette lecture serait-elle dérangeante pour moi ? Allait-elle me heurter jusqu'à la nausée ? Je m'y préparais... et c'est sans doute ce qui m'a permis - beaucoup plus facilement que si je ne m'y attendais pas - de dépasser ces aspects pour y trouver bien plus que de la provocation malsaine.

J'ai véritablement été happée par cette histoire : plus j'en lisais, plus je voulais en connaitre la suite.
J'ai trouvé qu'il y avait une belle intelligence narrative : deux temporalités qui distillent des détails au travers d'une journée particulière ou d'une anecdote qui nous amènent à considérer un ensemble qui s'éclaire de plus en plus vers la fin. Il y a aussi une puissance d'évocation qui nous transporte dans la même pièce que les protagonistes, nous fait visualiser la scène : poisseuse, ironique, pathétique, parfois drôle,... Et la psychologie des personnages est creusée, travaillée au point de leur donner forme et vie.

Toutes ces qualités donnent une réelle profondeur à cette histoire de sales gosses écoeurants qui se transforme en drame et qui n'est qu'un point final à d'autres traumatismes...

A vous de voir où se place le curseur de votre sensibilité personnelle, mais sachez que si l'histoire contient quelques passages choquants, elle n'est heureusement pas faite que de cela et il faut passer un bon trois quart du livre avant que cela devienne par moment difficile.
Pour ma part, la quatrième de couverture évoque "une expérience de lecture inoubliable" et c'est en effet une histoire que je n'oublierai pas de sitôt.

NB : je note au passage une toute petite déception quant à la traduction néerlandais-français : l'auteure étant belge et l'histoire se passant en Belgique j'aurais apprécié que certains mots aient conservé leur belgitude : comme les chicons qui ici deviennent endives, l'essuie qui est traduit par serviette-éponge, la dizaine 70 en soixante-dix, etc. Des détails mais que j'ai remarqués et qui m'ont un peu gênée.
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Deux adolescents qui veulent regarder sous les jupes des filles organisent pour cela un jeu qui finira très mal. Un remarquable roman sur les influences que des jeunes peuvent exercer sur d'autres (sans Internet…), sans en mesurer l'ampleur des conséquences. Je recommande chaleureusement ce premier roman de la belge Lize Spit, même si la langue parfois crue et un chapitre très violent pourraient néanmoins rebuter certains lecteurs.

La gentille personne qui m'a offert ce livre comme cadeau de Noël m'avait ravi l'an passé en me faisant découvrir « Le petit joueur d'échecs » de Yoko Ogawa. J'ai donc abordé « Débâcle » avec des a priori positifs, malgré certains commentaires bien négatifs de lecteurs dont je partage souvent les avis. Sur le fond, j'ai trouvé ce récit remarquable mais sur la forme, je comprends que certains puissent ne pas accrocher, voire décrocher. Je vais m'en expliquer.

Le texte fait s'alterner deux histoires. Dans la première, Eva, la narratrice, a quatorze ans. Elle vit dans un petit village imaginaire de Campine où seuls deux autres jeunes, des garçons, sont nés la même année qu'Eva: Laurens et Pim. Ils forment un petit groupe soudé, par exemple parce qu'ils constituaient à eux seul un groupe d'âge à l'école primaire du village.

Cet été-là, curieux de voir ce qui se cache sous les vêtements des filles de leur âge, Laurens et Pim les convient une à une à un jeu malsain: ils leur soumettent une énigme qui peut leur faire gagner un beau cadeau à condition qu'à chaque mauvaise proposition de réponse, elle enlèvent une pièce de vêtement. L'énigme est évidemment fort difficile; c'est Eva qui l'a conçue, elle assiste au jeu. Lorsque se présente la dernière fille, le jeu va tourner mal. Très, très, très mal…

Dans la deuxième histoire, qui chevauche la première, Eva est adulte. Elle retourne dans son village, où se donne une fête. On la voit mijoter un plan, dont on sent qu'il est lié au jeu tragique de son adolescence.

De nos jours, on parle de plus en plus des problèmes de harcèlement subis par certains jeunes; d'aucuns en sortent marqués au fer rouge, allant parfois jusqu'à mettre fin à leurs jours. Dans « Débâcle », il n'est pas question de harcèlement mais plutôt de pressions que certains jeunes peuvent exercer sur d'autres. Internet n'y joue aucun rôle et j'y ai trouvé une piqûre de rappel extrêmement intéressante pour mettre en lumière qu'Internet n'est qu'un moyen, un coupable assez facile à accuser si l'on ne veut pas faire l'effort de chercher des causes plus profondes. L'ascendant que certains jeunes peuvent exercer sur d'autres est ici décrit à l'extrême. Laurens et Pim ne dressent pas des embuscades pour ceinturer des filles et les dépouiller de force de leurs vêtements. Non, les filles s'exécutent « librement », sans que les garçons ne les menacent de quoi que ce soit. Cette influence atteint son paroxysme dans la scène extrêmement violente qui se passe lorsque se présente la dernière fille. Cela se passe comme dans un jeu où des enfants se fixent des règles, auxquelles, pour rien au monde, ils ne dérogeraient.

Le malaise d'Eva est également fort bien rendu: d'un côté, elle se sent soudée aux deux garçons, amis de sa plus tendre enfance, mais d'un autre côté, elle est une fille et elle supporte de plus en plus difficilement leur attitude de jeunes mâles envers les autres filles. Elle les assiste, mais avec une difficulté croissante, surtout pour les filles desquelles elle se sent plus proche.

Et les parents, dans cette histoire ? Eh bien, ils jettent un oeil distrait à leur progéniture, mais sans plus. Et c'est l'occasion de réfléchir à ce qui aurait pu être évité si les relations avaient été plus proches, si le cadre familial avait été plus stable, etc. Je note l'épisode annexe de Tessa, une enfant qui souffre de problèmes psychologiques graves et qui, en fin de compte, est amenée à l'hôpital pour s'y faire aider non pas par ses parents mais par son frère et sa soeur… le texte est d'ailleurs parsemé de petites phrases qui peuvent avoir des airs de révoltes d'adolescents, mais qui sont néanmoins pleine de vérité.

Ce livre m'a secoué par la force des émotions qu'il dégage. En particulier, sans vous dévoiler l'issue finale, je vous dirais qu'elle m'a plongé dans une grande tristesse. Il m'a fallu de longues minutes pour en sortir, après avoir refermé le livre. Maintenant encore, j'en garde une sorte de révolte, de celles que l'on ressent lorsque l'on se dit que des événements tragiques auraient pu être évités.

Pour tout cela, je vous recommande ce livre, très chaleureusement. Mais la forme pourrait vous faire fuir. D'une part, souvent, la langue est crue. On appelle une chatte, une chatte, oserais-je dire. Peut-être est-ce dû au côté plus terre à terre du flamand, qui est la langue originale du texte, ou peut-être un moyen de traduire le malaise de jeunes adolescents face aux changements de leurs corps. Peu importe, mais il faut s'y attendre. Et puis vous devrez aussi passer au travers des quelques pages fort violentes que j'ai mentionnées plus haut. En plus des images très fortes qu'elles suscitent, elles risquent de vous plonger dans un désagréable malaise: celui d'un spectateur impuissant, qui voudrait intervenir mais qui ne le peut pas. L'auteure aurait-elle pu arriver au même résultat sous une autre forme ? La réponse n'est pas claire pour moi.

Bref, je maintiens ma recommandation à ouvrir ce livre pour découvrir ce premier livre hors du commun de ma compatriote Lize Spit, en vous conseillant de l'aborder dans un esprit positif. Mais si vous n'accrochez pas à la forme, ma foi, ne vous torturez pas à tenir jusqu'à la dernière page: toute lecture doit rester un plaisir !
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Décider de lire ce livre en période de Noël, c'est un peu comme vouloir absolument connaître le secret du Père Noël tout en sachant qu'on va le regretter.

J'ai pourtant longtemps retardé le moment d'entrer dans ce roman car les choix artistiques d'Actes Sud pour ses couvertures ne sont jamais anodins. Cette petite fille triste, cigarette au bec, habillée en adulte me mettait déjà bien mal à l'aise.
Cependant, à force d'entendre par-ci par-là « tu l'as lu ? Pas encore ? Tu vas voir, lis-le, c'est quelque chose ! » moi, ma curiosité littéraire et mon courage avons franchi le pas.

Las ! La révélation des secrets de Débâcle relègue la révélation du secret du Père Noël au rang de souvenir d'enfance heureux.
De fait, cette lecture fut un choc. Ce réalisme flamand pas dutout magique m'a happée alors que je suis plutôt coutumière des récits noirs de noirs. Je n'y ai vu aucune lumière, aucun espoir, juste la souffrance muette d'une enfance malheureuse qui vous pète en pleine figure au moment de Noël avec un relent acide de « Merditure des choses », l'humour en moins.

Si je n'habitais pas un petit village de Belgique où je connais forcément des jeunes qui …, une famille qui …, si le boucher ne me disait pas régulièrement qu'on raconte que, chez ces gens-là, Monsieur … peut-être aurais-je pu prendre du recul, relativiser et garder cette histoire à distance, dans son strict cadre fictionnel. Mais non, le style réaliste et la familiarité des décors du plat pays m'ont donné la désagréable impression que c'est arrivé près de chez moi.

Vous l'avez compris, plaisir de lecture il n'y a pas eu et mon déplaisir se traduit par trois étoiles. Je fus incapable, une fois la lecture terminée, d'extrapoler, de théoriser, de trouver un message, de trouver des mots pour exprimer mon inconfort tiens !

Néanmoins, je mettrais bien quatre étoiles pour la performance littéraire. Le scénario est irréprochable, la construction du roman parfaitement maîtrisée. Bien que je n'ai pas trouvé l'écriture exceptionnelle, elle fonctionne très bien. Sans métaphore ni euphémisme, elle provoque une immersion glaçante dans le récit. Elle participe, par sa simple et froide relation de faits, à la mise en place d'un climat glauque, d'un voyeurisme malsain de la première à la dernière page.

Bref. Licornes, fées, lutins et bisounours, fuyez ! Pour les autres, ma chronique, d'une belgitude assumée, ne doit pas vous empêcher de plonger dans une expérience littéraire intéressante d'une auteure douée et à suivre, sans aucun doute.

Lien : https://belettedusud.wixsite..
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"C'est peut-être à ça qu'on les reconnaît, les familles où ce qui est le plus essentiel va de travers : pour compenser, elles inventent un tas de petites règles et de principes ridicules. (page 326)"

Dès la couverture il y a malaise alors on hésite, on sent que cela ne vas pas être facile et puis il y a le titre : Débâcle et malgré le chapeau sur le "a" on est pas protégé, on est pas à l'abri d'une vague de sentiments. Et on ne se trompe pas : dès le premier chapitre on comprend que l'on entre dans une lecture noire, sombre, poisseuse et à l'ambiance malsaine.

Eva est au centre de l'histoire et à travers deux étés, celui de 2002 où avec ses deux amis, Pim et Laurens, ils forment les trois mousquetaires, les seuls à Bovenmeer, village des Flandres, à être nés en 1988 et ont pour devise : Tous pour un, et celui de 2015, enfin plutôt une journée de 2015, où les heures s'égrènent lentement, faisant durer le supplice d'un acte calculé, préparé et attendu mais dont nous comprendrons tout le sens que dans les dernières pages, le tout ponctué de chapitres retraçant la vie de la famille de Wolf, où les parents se noient dans l'alcool et où les enfants Jolan, Eva et la petite Tessa vivent à la fois livrés à eux-mêmes mais également dans la crainte du moindre débordement.

Une enfance de misère, où la plus jeune des enfants souffre de troubles inquiétants dont seuls son frère et sa soeur se préoccupent, où la bande d'amis inventent un jeu stupide dont l'issue sera à l'origine d'un retour sur les lieux 13 ans plus tard.

Alors attention, ce livre il faut s'accrocher, tout au long de la lecture la tension est présente, on ne sait trop pourquoi car cela ressemble à la narration du quotidien et de jeux d'enfants, parfois poussés, mais il faut l'écouter Eva, les petits indices laissés ici ou là  et on comprend que tout cela va mal finir,  qu'elle-même attendait et préparait son retour, qu'elle va mal et que tout cela va prendre un tour que l'on est pas sûr de vouloir connaître.

L'écriture est sèche, épousant les pensées d'Eva enfant, devant pallier à des parents défaillant, mais également femme, une écriture maitrisée pour ne rien laisser transpirer et nous tenir jusqu'à la fin, entretenant une angoisse permanente et grandissante jusqu'à la révélation de la vérité qui sera bien en-deçà de ce que l'on peut imaginer. A la manière d'un thriller, d'un roman noir, mais noir de noir, du glauque, du puant, du poisseux qui vous répugne mais qui vous accroche et restera dans votre esprit très longtemps. Elle "colle" au récit, aux caractères, aux événements, elle distille son venin lentement, on le sent s'immiscer en nous, à travers les mots et les silences. Sans rien savoir, sans rien voir on se dit que l'on devrait refermer le livre, que les digues en nous vont lâcher, que la débâcle va arriver.

Alors on aurait aimé qu'il y ait moins de détails, moins de pages, parce que l'on comprend que cela va devenir insoutenable, mais l'auteure construit son roman en ne nous épargnant  aucune scène, où amitié et abus se mêlent, où une chappe de plomb nous envahit et nous scotche au récit. On tente de comprendre, d'analyser l'ambiguïté d'Eva, amie fidèle et victime consentante voire active, on ne sait pas s'il s'agit d'amitié ou d'un remède à la solitude dans une famille qui n'a que le nom. Comment un milieu familial, le désoeuvrement dans une bourgade rurale peuvent conduire à de telles perversités.

Commencer et lire ce roman c'est se lancer dans ce qu'il y a de plus noir, de plus malsain, vous êtes prévenus, âmes sensibles s'abstenir car vous n'en ressortirez pas indemne. Mais il n'empêche que je suis chamboulée, qu'il va me falloir plusieurs jours pour ne plus avoir en tête certaines scènes, pour laisser Eva à son destin mais qu'il y a comme cela des lectures où vous comprenez qu'il y a un réel travail d'écriture, de construction pour installer une unité, un décor, un univers où les enfants sont parfois des monstres et où les parents ne valent pas mieux. 

A ne pas mettre entre toutes les mains, les trop sensibles, ou alors fermer le livre sans en connaître le dénouement  mais pour cela il faut presque du courage. Moi je suis restée malgré tout, jusqu'au bout, hésitant plusieurs fois entre continuer ou arrêter, parce que je savais que la fin allait être à l'image de la tension installée au fil des pages, qu'il ne pouvait en être autrement, à la manière d'un poison injecté à petites doses mais dont l'effet serait dévastateur. 

Débâcle est un premier roman, dérangeant, fort et implacable...... Je suis presque gênée de dire que j'ai aimé, mais oui j'ai aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Ce livre ,vous tient captif
d'un malaise grandissant,
dont l'apogée est fulgurante.
C'est une lecture puzzle
qui fait fi de toute chronologie.
Les temporalités semblent
jetées là au hasard.
Des gamins, sous la dictature
de leurs hormones un été dans les Flandres.
C'est Eva qui nous dit l'indicible.
Eva, bourreau et .....victime...
Des parents toxiques, violents et alcooliques
protégés par le silence et la cécité des voisins.
Une soeur, sous l'emprise de ses TOC
qu'il faut rassurer..
Un cauchemar, ce quotidien qui défile
percé de cruautés et de sinistres épisodes.

La fin est sidérante.
Refermer ce livre nous sort de l'asphyxie .
Quelques longueurs,
mais cette vision de l'enfer servie au microcope
va nous hanter longtemps.





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Le titre et la couverture donnent le ton. L'image de cette jolie fillette, yeux clos, cigarette à demi consumée, m'a légèrement perturbée tout au long de ma lecture et j'avoue mon soulagement d'avoir achevé ce roman... Lecteur envahi par le climat anxiogène actuel, passe ta route ! Lecteur souhaitant échapper à la morosité de l'automne ainsi qu'à la Covid, pareil !
Eva, la narratrice, est la cadette d'une fratrie de trois. Ses parents, sont alcooliques, suicidaires (la perte de leur fille aînée peut-être dont ils ne se remettent pas), totalement désengagés de leurs missions éducatives et peu enclins à créer un environnement affectif secure.
Le roman débute alors qu'Eva se prépare à retourner dans son village natal pour la commémoration du décès de Jan, 17 ans, survenu une dizaine d'années plus tôt. L'occasion pour Eva de se remémorer l'été 2002, époque où sa vie a basculé. Les fils narratifs s'entrecroisent et dès, les premières pages, on entre dans un univers glauque, sombre, d'une tristesse vraiment pesante : des parents inaptes, une petite soeur envahie de TOC, deux camarades - Pim et Laurens - dont elle cherche à se faire aimer, au risque d'être entraînée dans le sordide, de se compromettre, de participer à des jeux qui dérapent... La vie d'Eva n'est pas rose. L'enfance a été mortifère, l'entrée dans l'adolescence va être pire.
Les chapitres s'enchaînent, le drame se noue, le lecteur sait que chaque page le rapproche de l'insoutenable. L'écriture sans fioriture renforce un récit abrupt, âpre, sans concession. C'est un excellent roman mais âme sensible s'abstenir.

Challenge ABC - 2020/2021
Challenge PAVES 2020
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Quel choc ce roman !
Il se passe dans un petit village des Flandres. L'héroïne est Eva, elle a un frère aîné, Jolan et une plus jeune soeur Tessie. Ses parents sont alcooliques et les enfants sont livrés à eux-mêmes. La même année qu'Eva, en 1988, sont nés seulement deux garçons : Laurens, fils des bouchers du village et Pim, qui vit dans une ferme. On les appelle les "trois mousquetaires" tellement ils sont inséparables passant leur temps ensemble à l'école et pendant les congés scolaires.
A l'adolescence, les deux garçons changent et commencent à s'intéresser au sexe et aux filles. Avec la complicité d'Eva, ils organisent des paris et des jeux qui se terminent en strip tease. Jusqu'au jour où ça tourne mal, très mal, un été en 2002.
L'action oscille entre le présent d'Eva, en 2015, elle enseigne à Bruxelles et les événements de cet été-là. Elle revient se venger.
Pour moi, certains événements décrits sont à la limite de l'insupportable. Ce livre est dérangeant, malsain.
C'est un livre fort, une claque !
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