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Citations sur Le coeur battant du monde (160)

En affaires, la confiance est une faiblesse.
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C'est d'un banal achevé. Un homme. Une femme. Une envie qui viendrait combler l'ennui. Et les regrets qui suivent, comme un charivari de casseroles et de couverts. Ces choses-là arrivent. Elles se traitent dans le secret.
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L'argent est un vampire sans maître, jamais rassasié.
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La technique est un tyran glacial plus vicieux que les tyrans de chair. La technique n'a pas d'âme. Elle n'a qu'un rendement, coûte que coûte.
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Londres est la ville-monde immonde. Ses rues sentent l'exil et la suie, le curry, le safran, le houblon, le vinaigre et l'opium. La plus grande ville du monde est une Babylone à bout, traversée de mille langues, repue de tout ce que l'Empire ne peut plus absorber. Elle a le cœur des Tudors et se gave en avalant les faibles. Et quand elle n'en peut plus, elle les vomit plus loin et les laisse s'entasser dans ses faubourgs sinistres.
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La victime n’est qu’une pauvre fille. Ses bras sont secs et minces. Ses jambes ont si peu de gras qu’il sent les os à la moindre pression des doigts. Elle mange moins qu’à sa faim et fait plus que son corps.
Extrait du début du roman : "Malte lui murmure qu’il va l’aider, qu’elle ne doit pas s’inquiéter. Il sait qu’en plaçant bien sa voix, au point subtil logé au fond de chaque patient, entre la confidence et l’ordre, il peut faire des miracles. La médecine commence là. Par le ton et le timbre. Les mots tuent, c’est connu. Ils peuvent aussi guérir quand ils sont bien dits.
La victime ouvre les yeux. Elle est déboussolée et cherche mollement du secours, dans le regard, dans la main de Malte. Elle ouvre à peine la bouche. Le choc a dû être frontal. Elle avait la tête dans l’estrade quand on l’a sortie de là.
« Il lui faut un peu d’air », rappelle le docteur.
Le policier sait faire. Il écarte les curieux. Des femmes râlent qu’on les prive des suites de cette affaire.
Malte se tourne vers le jeune policier.
Sa voix devient plus grave.
« Aidez-moi ! »
Le policier plante son récit et s’accroupit près de lui.
« J’dois faire quoi ?
– Tenez bien ses jambes, dit Malte. Bien droites, bien alignées. »
Malte cale la tête de la victime entre ses genoux. Une femme se retourne, indignée par la position du docteur dont l’entrejambe est collé au crâne de cette pauvre fille.
Malte place ses doigts autour de son nez dont le sang ne coule plus. Il le pince. La fille happe l’air comme un poisson sur la table de la cuisine. Elle jette des yeux fous autour d’elle, sans pouvoir bouger la tête. Malte serre ses doigts. Il sent le point de fracture. De sa main libre, il fouille son gilet et sort un portemine en métal, long, étroit. Il fait coulisser la bague qui retenait sa mine, laisse tomber le bâton de graphite et lui enfonce le tube métallique dans la narine.
Avec la chevalière qu’il porte à l’index et le tube creux qu’il enfonce de l’autre main, Malte fait masse autour du nez cassé. Il serre comme un étau. Redresse. Encore. Encore un peu jusqu’à ce qu’un craquement retentisse. La victime a perdu connaissance. Malte se relève en secouant ses poignets couverts de griffures. C’est le métier. Il y est habitué. Les patients font ce qu’ils peuvent pour dévier la douleur.
La pauvre. Ce qu’elle vient de subir n’est rien comparé à ce qui l’attend
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Freddy cale ses mains sur la poignée de l’arme. Il sent les stries, les marques laissées par d’autres mains. Il serre les siennes autour, le doigt sur la détente. Il sent la virgule de métal. Il sent que la petite pression peut déclencher l’enfer. Il bloque ses épaules. Il y enfouit la tête. Il crispe la bouche et plisse les yeux, pas trop. Il place son œil dans l’axe du canon. Il imagine Saltz sur le quai de Liverpool, devant l’USS Barbarian. Il tire. Dans ce brouillard de son, il imagine Halter, l’ami de sa mère qui voulait le faire danser sur les tables, qui s’approchait de lui en riant pour le palper, lui passer les mains sur tout le corps en lui disant de se tenir droit, bien droit. « Oui, comme ça. » Freddy tire. Il imagine le député-mais-chut qui avait rendu si triste Charlotte, et il tire. Il imagine l’huissier de Southgate couché sur sa mère, et il tire.
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« Ce sont les lâches qui partent, dit-il. Je n’ai pas peur. Charlotte, elle disait ça aussi, que ce n’étaient rien que des lâches tous ceux qui s’en allaient. Pas moi. Je suis pas comme eux. »
Freddy est content de sa phrase, de son hochement de menton qui ressemble à une déclaration d’homme. De vrai. De courageux. Bonne-Maman serait fière de lui.
« La lâcheté, Freddy, comme le courage, est une notion abstraite. Certains passent des années à tricoter des phrases, des slogans, des blasons. Méfie-toi de ces grands mots. On ne soigne pas une douleur avec des proverbes. Tu ne devrais pas rester ici. C’est une mauvaise idée. Tu dois partir, ici. C’est une mauvaise idée. Tu dois partir, Freddy.
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Charlotte est revêtue d’une chemise impeccable. Sa tête est maintenue par un petit coussin rouge. Elle est pieds nus, mains croisées sur son ventre. Son visage est couvert d’un voile fin comme celui d’une mariée.
Depuis le début du jour, une dizaine de curieux sont venus. Ce deuil est une mascarade. Où étaient-ils, tous ces gens, quand ils avaient besoin d’aide ? On accompagne les morts. Mais on lâche les vivants. La hantise du néant fait trembler les paupières et parfois même déclenche quelques départs de larmes.
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Tussy s’est renfrognée. Elle tient les bras croisés comme une barrière entre eux. La bulle a éclaté. Mais par où commencer ? Freddy a vu tant d’hommes se présenter chez bonne-maman. Ils avaient des mots plein la bouche. Il les a entendus dire. Beaucoup. Et promettre, encore plus, sans se soucier de tenir. Il a entendu fredonner toutes les fadaises du désir, toutes les conjugaisons de vouloir et d’aimer. Les possessifs. Les démonstratifs. Tout ce que ces hommes lorgnaient vers elle. Sans compter. Sans retenue. Sans lendemain. Des mots d’envie. Des mots pour rien. Des mots qui sonnaient bien et qui finissaient toujours par la flanquer à terre. Malheureuse.
Freddy voudrait connaître les mots cachés qui disent sans abuser. Ceux qui offrent sans reprendre, qui donnent sans promettre.
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