Il y a certains livres qui prennent aux tripes et laissent une certaine empreinte sur vous, même après les avoir refermés.
le Consentement en fait partie.
Vanessa Springora nous livre sa version de l'histoire, celle vue de l'intérieur, depuis le point de vue de la victime.
Séduite à 14 ans par un célèbre écrivain - aka
Gabriel Matzneff - elle tombe sous son emprise, coupe les liens avec ses amis et sa famille et devient complètement dépendante de cet homme de plus de cinquante ans.
Après les premiers émois, l'impression de briller enfin aux yeux de quelques uns, la jeune adolescente finit par réaliser la manipulation malsaine et complètement illégale qu'elle subit.
Si les personnages ne sont nommés qu'avec leur initiale, il est aisé de faire des rapprochements avec la réalité.
Quiconque serait doté d'un minimum de bon sens sera mal à l'aise voire dégoûté en lisant certains passages de ce livre. C'est un mélange de colère, d'impuissance et de tristesse qui nous étreint tout au long de la lecture.
Comment un homme si ignoble, conscient et fier de son influence sur les enfants, peut-il être ainsi défendu et acclamé par les foules ? Comment la pédophilie assumée peut-elle être mise en avant et même saluée par des prix littéraires, en dépit de toute morale ?
A travers ce livre,
Vanessa Springora nous dépeint un monde éditorial fermé, où les auteurs ont tous les droits, peu importe ce qu'ils font dans leur vie privée. Je vous invite à visionner l'interview la plus célèbre de
Gabriel Matzneff (émission Apostrophe) où quasiment tous les invités semblent amusés par son goût pour les jeunes adolescents prépubères.
Après ma lecture de ce livre, j'ai très envie de visionner l'adaptation, même si je sens qu'elle sera d'autant plus difficile en voyant de mes propres yeux les actes ignobles que j'ai déjà eu du mal à lire.
Un témoignage nécessaire qui ouvre les yeux et fait réfléchir sur le débat "faut-il séparer l'homme de l'artiste ?"