Madonna m’accueillit à la porte, ce jour-là. Elle me toisa d’un œil critique, comme pour dire : « C’est à cette heure-là que tu rentres ? Tu aimes vraiment me faire poireauter ? » Elle n’en vint pas moins se frotter à ma jambe, comme pour faire passer un message.
En ressortant, j'aperçus la pièce voisine. Il y avait des lits superposés aux draps bigarrés, de grandes affiches aux murs, des étagères, des cartons de Légos et des caisses remplies de jouets. Comme un reflet de ma propre situation presque trente ans plus tôt, celle-là me rappela que rien n'est plus triste qu'un père divorcé qui a chez lui une chambre pleine de jouets, et personne pour y vivre plus de quelques rares fois dans le mois. Personne pour jouer et rire. Personne pour se plaindre et pleurer. ( p 159)
Quand vous recevez un client, ce n'est pas nécessairement un inconvénient d'être le moins bourré possible.
Très jeune, il m'arrivait d'entourer de rouge les jours du calendrier où il s'était passé quelque chose de plaisant. .../... Au stade de la vie où je me trouvais à présent, j'avais plutôt envie de tirer un trait noir sur la majorité d'entre eux. ( p 79 )
Ils arrivèrent tôt pour me choper au saut du lit. Il était à peine 7 heures quand je fus tiré de mon sommeil par une série de coups de sonnette aussi longue qu'énergique. Je gagnai tant bien que mal la fenêtre, ouvrit et regardai au-dehors.
Quand vous recevez un client, ce n’est pas nécessairement un inconvénient d’être le moins bourré possible. Lorsque cet homme bien mis en costume gris et manteau beige passa la porte entre ma salle d’attente et mon bureau, je restai à mon poste afin de pouvoir me cramponner à quelque chose. Je lui indiquai le fauteuil clients avant de me laisser lourdement retomber sur mon siège, avec Floyen en face et Bryggen derrière, sans autre source lumineuse que ma lampe de bureau. S’il était septique en arrivant, il avait l’air fort peu convaincu à présent.
Je me demandai s'il avait eu besoin de manger pour se rassurer, depuis que je ne l'avais plus vu, car il avait sans aucun doute atteint un poids à trois chiffres, et pas à la suite d'une augmentation de sa masse musculaire. ( p 29 )