Citations sur Delphine (152)
Je ne vous ai parlé que des peines qui menacent le sentiment auquel vous vous livrez ; je ne me suis pas permis de craindre pour vous le plus grand des malheurs, le remords. Ah ! vous avez fait une cruelle expérience de la douleur, et cependant vous ne connaissez pas encore tout ce que le cœur peut souffrir ; vous l’apprendriez si vous aviez manqué à vos devoirs. Aussi longtemps que vous les respecterez, mon amie, la faveur du ciel peut encore vous protéger. (Folio, p.451)
Il faut de longues réflexions ou de fortes secousses pour corriger les défauts de toute la vie ; un repentir de quelques jours n’a pas ce pouvoir. (Folio, p.382)
Ah ! quand on a consacré tant de soins, tant de services, tant d’années à conquérir une amitié pour le reste de ses jours, quelle douleur on éprouve en considérant tout ce temps, tous ces efforts comme perdus ! Loin de vous, qui trouverai-je jamais que j’aie aimé depuis mon enfance avec cette confiance, avec cette candeur ? Une autre amie que j’aurais après madame de Vernon, je la jugerais, je l’examinerais, je serais susceptible de crainte, de soupçon ; mais Sophie, je l’ai aimée dans une époque de ma vie où j’étais si tendre et si vraie ! Je ne puis plus offrir à personne ce cœur qui se livrait sans réserve, et dont elle a possédé les premières affections. (Folio, p.339-340)
On s’attend peut-être, sans se l’avouer, que le temps amènera des changements dans les sentiments passionnés ; mais tout l’avenir repose sur les affections qui s’entretiennent par la certitude et la confiance. (Folio, p.339)
Sous la proscription de l’opinion une femme s’affaiblit, mais un homme se relève ; il semble qu’ayant fait les lois, les hommes sont les maîtres de les interpréter ou de les braver. (Folio, p.327)
Celui que vous aviez daigné préférer, devait-il avoir besoin d'un guide pour vous juger ? Non, il ne vous a jamais aimée, il faut l'oublier et relever votre âme par le sentiment de ce que vous valez ; ma chère Delphine, la vie n'est jamais perdue à vingt ans, la nature dans la jeunesse vient au secours des douleurs, les forces morales s'accroissent encore à cet âge, et ce n'est que dans le déclin que sont les maux iréparables. (Folio, p.224)
Pour conserver son cœur dans toute sa pureté, il ne faut pas repousser l'examen de soi ; il faut triompher de la répugnance qu'on éprouve a s'avouer les mauvais sentiments qui se cachent longtemps au fond de notre cœur, avant d'en usurper l'empire. (Folio, p.100)
La nature a voulu que tous les dons des femmes fussent destinés au bonheur des autres, et de peu d'usage pour elles-mêmes. (Folio, p.80)
Il existe une moyen de prendre tous les caractères du monde, et les femmes doivent la trouver, si elles veulent vivre en paix sur cette terre où leur sort est entièrement dans la dépendance des hommes. (Folio, p.70)
Je crois donc que les circonstances de la vie, passagères comme elles le sont, nous instruisent moins des vérités durables, que les fictions fondées sur ces vérités ; et que les meilleures leçons de la délicatesse et de la fierté peuvent se trouver dans les romans, ou les sentiments sont peints avec assez de naturel, pour que vous croyiez assister à la vie réelle en les lisant. (Folio, p.40)