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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est l'histoire d'un petit garçon, prénommé Déogratias. C'est un Hutu. Il a l'air perdu dans son village, un peu fou, traumatisé par le génocide rwandais qui a eu lieu en 1994 et qu'il a vécu, il en gardera des séquelles. Alcoolique, ne jurant que par l'urwagwa, une bière locale, il erre dans les rues à la recherche de ce breuvage. Au gré de ses rencontres, il se souvient du drame qui a secoué son pays, de l'horreur de cette épuration ethnique à laquelle il n'a pas eu d'autres choix que d'y participer...

Stassen nous fait revivre à travers les yeux de ce petit garçon le massacre qui s'est déroulé en 1994 et qui a fait un million de morts, n'épargnant ni femmes ni enfants. Il nous raconte cette histoire habilement construite, à l'aide de flash-back, la vie de Déogratias, avant et après le conflit.
A mi-chemin entre le conte et la réalité, on se prend d'affection pour cet enfant qui a dû subir ce génocide. Stassen s'est lui-même rendu sur les lieux en 1997 afin de rendre plus crédible son histoire.
Ses dessins, en parfaite adéquation avec le propos, sont parfaitement maîtrisés.

Déogratias.... au coeur du conflit....
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J'ai lu cette BD pour un projet sur les génocides au 20e siècle avec une classe de 3e. J'ai trouvé cette BD à la médiathèque mais elle ne sera pas dans la liste des ouvrages à lire car trop sombre à mon goût. Je l'évoquerai.
J'ai eu un peu de mal à la lire, je venais de lire plusieurs livres sur le sujets. je l'ai trouvé sombre.
Malgré tout, cette BD est à lire car elle témoigne de ce qui s'est passée en 94 au Rwanda.
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Deogratias est une bd de Stassen retraçant le climat qui régnait sur le Rwanda pendant la guerre civile et l'extermination de Tutsi par les Hutus. Ce sujet est dur car il est relativement récent et témoigne d'une inhumanite déconcertante et le personnage de Deogratias dépeint bien tout ça. La raison a quitté les terres du Rwanda et l alcool a sûrement accéléré cet état.
Cette bd est assez dure par le thème et les sujets abordés. On se perd un peu dans le récit avec de nombreux flash-back qui se retrouvent dans des cases sans bord alors que le récit présent a un bord avec un gros liseré noir. Peut-être qu un code couleur aurait été plus judicieux. Cependant cette bd vaut le coup d oeil et nous retourne un peu.
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Comment décrire une chose d'indescriptible comme le génocide du Rwanda ? En décrivant la vie de Déogratias avant et après le génocide via des flash-backs habiles, Stassen parvient à nous faire imaginer l'atrocité de ce qui c'est passé pendant le génocide sans pour autant coller une image dessus et c'est bien là que se situe la force de cette bd ! Comment raconter une folie collective avivée par une propagande raciste des médias et qui fait que l'on tue ses proches, ses voisins et ses amis de façon la plus horrible qu'il soit ?

Même si Stassen a le mérite de décrire un génocide (dont on a trop peu parlé) de façon très habile, j'ai eu du mal à m'identifier au personnage principal qui, plongeant dans l'alcool pour oublier, se déshumanise totalement, errant sans but au milieu d'un décor africain très bien dessiné, ce qui m'a empêché d'entrer totalement dans l'histoire et me donne l'impression d'avoir manqué quelque chose ! J'ai donc apprécié sans accrocher, ce qui m'empêche sans doute de crier au chef-d'oeuvre comme la plupart des lecteurs, mais j'ai tout de même l'impression de presque devoir m'en excuser … bizarre !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Rwanda, 1994. Entre avril et juillet de cette année, 800 000 personnes sont massacrées ; Tutsis pour la grande majorité, elles sont tuées par leurs propres compatriotes rwandais, de l'ethnie Hutu. Dire l'indicible est un oxymore insoluble. Pourtant, c'est ce à quoi s'emploie Jean-Philippe Stassen dans cet album. Témoigner, donner la mesure de l'horreur, un aperçu tout du moins, tant chaque meurtre est épouvantable, tant chaque exaction commise répugne.

Stassen ne heurte pas frontalement le génocide rwandais. Dans Deogratias, il le contourne, en montre les causes, en déplore les conséquences et, seulement à la fin de l'album, en expose sa cruauté et son ignominie. Pour cela, Stassen se met à hauteur d'hommes : la statistique, si impressionnante soit-elle, ne parle pas. L'expérience humaine, elle, permet l'identification, ouvre à des sensations tels que le dégoût, la tristesse, la colère, la consternation. Deogratias, le personnage qui donne son nom à l'album, est un jeune Hutu (mais Rwandais avant tout, comme il le précise) qui aide à la mission catholique. Un peu gouailleur, un peu rêveur, un peu dragueur aussi, Deogratias est amoureux d'Apollinaire et, à défaut d'en être aimé en retour, séduit sa soeur, Bénigne. Si certaines émissions radios qualifient déjà les Tutsis de cancrelats, si les professeurs d'école pointent avec froideur les différences ethniques du pays, aucune violence physique n'est encore à déplorer. Mais après l'assassinat du président, les massacres commencent. D'eux, on ne verra rien : parti pris de l'auteur qui peut étonner (parler d'un génocide et ne pas le montrer) mais trouve sa justification dans la construction de l'oeuvre.

Car la narration se construit justement sur la comparaison entre l'avant et l'après génocide. Deogratias est devenu fou : il erre dans les rues de sa ville, quémandant de la bière de banane, rencontrant et empoisonnant les hommes qu'il a croisés durant les mois de tuerie. Deogratias délire, se sent persécuté par les chiens qui dévorent le ventre des gens, se sent même devenir chien à la nuit tombée. Stassen, ici, ne se contente pas de la métaphore littéraire : on voit physiquement Deogratias se transformer en chien : preuve effrayante de la perte d'humanité, constat terrible de l'homme fait bête. La folie, comme la boisson (cette quête continuelle de l'urwagwa), sont le refuge de Deogratias. C'est la peur qui l'habite et le dirige après le génocide. Car Deogratias n'en a pas été seulement le témoin : il en a été l'acteur.

Sans doute manque-t-il - et c'est là le principal manque de la bande-dessinée - des éléments pour comprendre comment Deogratias, qui se dresse d'abord contre ces bandes de tueurs pour sauver Bénigne qu'il cache, commet les actes odieux qui le conduisent à la folie. Sans doute les menaces de mort qu'il reçoit le convainquent-elles, et peut-être la propagande radio joue-t-elle aussi un rôle. Toujours est-il que, pour sauver sa vie, Deogratias abandonne son humanité. Il n'est pas le seul. Les hommes d'Eglise fuient, eux aussi, laissant le pays à ses démons. On observe aussi avec impuissance le rôle ambigu des armées occidentales qui laissent faire, à l'image de ce lieutenant ou adjudant que retrouvera Deogratias après les événements. Il y a donc, tant dans l'armée que dans l'Eglise, ce double discours, antinomique, de la prétention paternaliste qui se transforme en fuite éhontée ou en indifférence sitôt que les massacres commencent.

Graphiquement, Stassen use d'un trait rond et appuyé, à la manière, en quelque sorte, des comics. La couleur, toutefois, ajoute une profondeur qu'il convient de ne pas négliger. Certaines cases sont magnifiques, notamment quand Stassen travaille sur le ciel à l'aube ou au coucher. Les nombreux détails finissent de solidifier le décor d'un Rwanda déchiré par ses habitants. Oui, les drames se jouent parfois dans de vertes vallées, et le firmament ne se teint pas plus de noir si ce qu'il observe est terrifiant. A défaut d'être exhaustive - mais c'est là un défi bien colossal et probablement irréalisable -, la bande-dessinée garde en mémoire ces événements marquants de la fin du 20ème siècle, et ouvre des pistes de réflexion multiples. C'est par cela, et aussi parce qu'elle rappelle avec acuité et émotion ce que furent ces cent jours de malheurs au Rwanda, que Deogratias est une bande-dessinée précieuse.
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