Citations sur La tristesse des anges (343)
Ses cheveux noirs sont relevés en chignon et une mèche unique lui retombe sur la joue. Une unique mèche brune posée sur sa peau blanche et merveilleusement lisse. Il regarde encore et encore, peu à peu la Terre ralentit son mouvement, elle tourne de plus en plus lentement jusqu’à s’arrêter. Elle demeure dans les ténèbres de l’espace et toute chose devient immobile. Le vent devient transparence, la neige qui volait en bourrasques se pose sur la terre et devient un manteau de silence : au-dessus, le ciel noir et le scintillement d’étoiles aussi vieilles que le temps.
Il ne savait pas qu’on pouvait arrêter la Terre en regardant une unique mèche de cheveux posée sur une joue pâle.
Il ne savait pz sur cette mèche de cheveux pourrait l’amener à percevoir un parfum d’aube des temps.
Il ne savait pas que des épaules pouvaient être si fines, et aussi blanches qu’un clair de lune.
Elle lève les yeux l’espace d’un instant au moment où il entre puis continue à lire les Actualités parlementaires, immobile, sauf quand elle porte le cigare à ses lèvres rouges, « ces ourlets de la bouche gorgés de sang », afin d’inspirer son plaisir.
L’amertume et le cynisme, qu’y a-t-il d’autre que ces deux sœurs dans les crachats du diable ?
Il n'est pas toujours aisé de supporter la poésie, elle peut entrainer l'être humain dans des directions inattendues. On m'a donné des ailes, mais où donc est l'air pou voler ? [...] La poésie nous tue, elle vous donne des ailes, vous les agitez un peu et sentez l'enchantement vous envahir. Elle vous ouvre des mondes nouveaux, puis vous ramène brutalement à la tempête et aux souillures du quotidien.
D'ailleurs il n'est pas non plus bon de se taire, le monde est moins intéressant, et le silence est dangereux car il mène vos pensées sur ce qu'elles doivent justement fuir.
Jamais on n'ose écrire ce genre de chose, on ne décrit pas les décharges électriques qui se produisent entre deux personnes, au lieu de cela on parle des prix, on s'attache à l'apparence, et non au souffle du sang, on ne se lance pas en quête de la vérité, des vers de poésie qui surprennent, des rouges baisers ; on dissimule notre impuissance et notre résignation par énumération de données factuelles
Il existe des livres qui vous distraient, mais ne remuent en rien les destinées profondes. Ensuite il y a ceux qui vous amènent à douter ils vous apportent l'espoir, élargissent le monde et vous font peut-être connaître le vertige. Certains livres sont essentiels, d'autres simplement distrayants.
La vie est assez simple, ce que l'homme n'est pas, ce que nous nommons les énigmes de l'existence ne sont que les enchevêtrements et les forêts impénétrables qui nous habitent.
Il peut y avoir un tel abîme entre la surface d'un homme et sa vie intérieure, et cela devrait nous apprendre quelque chose, cela devrait nous enseigner à ne pas trop nous fier aux apparences, celui qui le fait passe à côté de l'essentiel.
L'homme meurt si on le prive de pain, mais il dépérit et se fane en l'absence de rêves. L'essentiel est rarement bien complexe, et pourtant il nous faut mourir pour parvenir à une aussi simple conclusion.