Citations sur La tristesse des anges (343)
Le sommeil sollicite lentement, inexorablement, ces êtres humains qui reposent sous la neige, à l'intérieur de la maison enfoncée dans la terre.
Cet été, dit-elle, j'irais chevaucher au soleil. (Réponse) Lequel désires-tu que je sois, le cheval ou le soleil ? demande le gamin.
Où est la lumière, où est le printemps, n'existait-il pas autrefois de l'herbe bien verte?
On s'enfonce d'abord dans des songes bleutés qui se muent peu à peu, délicieusement, en une mort noirâtre. Il est tout à la fois beau, triste et terrible de regarder une personne qui s'endort, on voit les traits de son visage se détendre, on distingue les affleurements de son subconscient, paysage intérieur que l'être humain passe sa vie entière à dissimuler, à perdre ou à découvrir.
[...]
Je ne peux pas venir travailler aujourd'hui pour cause de tristesse.
J'ai vu ces yeux hier et ne puis, par conséquent, venir au travail.
Il m'est impossible de venir aujourd'hui car mon époux est si beau quand il est nu.
Je ne viendrai pas aujourd'hui car la vie m'a trahi.
Je ne serai pas à la réunion car il y a une femme qui prend un bain de soleil devant chez moi et sa peau scintille.
Jamais on n'ose écrire ce genre de choses, on ne décrit pas les décharges électriques qui se produisent entre deux personnes [...]
Il est dans la vie de chaque homme des moments où seules quelques lignes de poésie peuvent lui permettre de s'orienter : d'une manière incompréhensible, certains vers renferment en leur profondeur à la fois l'essence, le bon sens, la route à suivre, la résignation face au monde et ce, même si le poète qui les a composés a passé sa malheureuse vie perdu au creux de la paume d'un géant.
Être un homme, c'est savoir où on va et ne pas se perdre en mots. Les femmes n'y résistent pas.
Toutefois celui qui meurt ne nous quitte jamais vraiment, c'est le paradoxe qui nous console autant qu'il nous torture, celui qui meurt est à la fois proche et distant
Celui qui meurt ne revient pas, nous l'avons perdu, aucune puissance dans l'univers n'est capable de nous apporter la chaleur d'une existence engloutie, le son d'une voix, le mouvement d'une main, la douceur d'un humour. Tous ces détails qui constituent la vie et qui lui donnent sa valeur sont disparus pour l'éternité, ils sont engloutis, mais ils laissent dans le coeur comme une plaie ouverte que le temps change peu à peu en une cicatrice boursouflée
Ils marchent et réfléchissent. Mais il n'est pas aisé pour l'homme de maîtriser le cours de ses pensée, elles peuvent être plus incontrôlables que n'importe quelle brebis et s'enfuir dès qu'on se relâche, s'enfuir et disparaître au loin ou encore se disloquer comme un nuage de fumée.