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Citations sur En lieu sûr (69)

-Charity, glissa Comfort, tu raisonnes comme un tambour.
p.118
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Laissant Wizard paître l'herbe du fossé, nous nous sommes assis sur un mur de pierres sèches. Odeurs lourdes de pousse et d'humus, où se mêle l'acidité tout automnale de végétaux en décomposition. Rumeur assoupie de mouches et de bourdons. De bruns criquets bondissent à nos pieds. Un chemin ombreux s'ouvre dans les bois sur notre gauche, qui ressemble plus à une trouée naturelle qu'à un passage frayé par l'homme et se referme au bout d'une trentaine de pas. Un muret le longe qui disparaît bientôt au milieu des prunelliers, frênes et peupliers. d'entre ses pierres disjointes sortent des arbres gros comme la cuisse. Tout au bout, là où il est mangé par les feuillages, une poche de soleil où palpite ce qui pourrait être un feu follet : plus probablement un nuage de moucherons.
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Jetant un œil sous le capot, j'ai vu qu'il ne s'agissait pas d'un douze cylindres en ligne, comme je me l'étais toujours figuré, mais d'un V-16. Ce moulin aurait tracté une pompe à incendie. À chaque temps un flux d'essence gros comme le doigt devait gicler dans le carburateur. Elle haletait à notre adresse avec le chuchotement whisky-et-emphysème d'une douairière d'Edith Wharton. "Dollar-dollar-dollar-dollar-dollar", faisait-elle.
p366
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Peut-être était-il, comme moi, en train d'imaginer que passait là-haut une part de ce qui avait jadis été la substance mortelle de tante Emily, de George Barnwell ou d'oncle Dwight, absorbée par la racine d'un hêtre au cimetière du village, incorporée dans une faine, dévorée par un écureuil, rejetée dans un pré, passée dans une tige de laiteron, grignotée et assimilée par ce papillon, destinée à être emportée vers le sud pour une longue et hasardeuse migration, happée par un insectivore, ramenée dans le Nord au printemps, déposée dans un oeuf, mangée par un geai chapardeur et incluse dans un nouvel oeuf, précipitée du haut de son arbre par une bourrasque, absorbée par le sol, ressortie en herbe, broutée par une génisse en lactation, une partie se trouvant prédestinée à être, comme Charity l'avait dit, bue au petit déjeuner par ses descendants, une autre déposée dans une bouse pour se fondre derechef dans la terre et, immortelle, en ressortir une fois encore sous la forme d'un nouveau plant de laiteron se préparant à nourrir d'autres danaïdes.
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Laisser notre marque sur le monde. Au lieu de cela, c'est le monde qui nous a laissé des marques. Nous avons avancé en âge. La vie s'est chargée de nous assagir, en sorte qu'aujourd'hui nous gisons dans l'attente de mourir ou marchons avec des cannes ou séjournons sur des galeries où jadis les fluides de la jeunesse circulaient puissamment, et nous nous sentons vieux, mal fichus et désemparés.
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Soudain, une fraîcheur vaporeuse nous souffla au visage, des bruits d'eau montèrent jusqu'à nous, en stéréophonie, en de nombreuses tonalités et parcourus d'échos. Une faille s'ouvrait devant nous et nous plongeâmes le regard dans un ravin fantastique, chatoyant d'ombre et de lumière, où le torrent apparaissait, disparaissait et réapparaissait au long de trous et de cavités aussi lisses et sinueux que le toboggan d'une piscine de parc d'attraction. À nos pieds, sur la droite, l'eau jaillissait du rocher et tombait de trois ou quatre mètres dans une cuvette céladon. Des bulles opalescentes fuyaient le long de la paroi, des courants brassaient l'eau du bassin et, la soulevant par-dessus une lèvre vernissée, la précipitaient dans une deuxième chute, qui échappait à notre vue, mais dont nous voyions l'arc-en-ciel. En aval de ce second bassin, le torrent serpentait, tantôt visible, tantôt masqué.
- Seigneur ! lança Sid. Se peut-il qu'un tel endroit existe ?
p.250
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Une semaine plus tôt, sur un coteau situé de l'autre côté de Middleton, je les ai regardées, elle et l'aristocratique épouse d'un prof associé irlandais, faire une descente en luge. L'Irlandaise s'y est allongée sur le ventre comme une enfant de dix ans. Au moins Charity a-t-elle eu le bon sens de s'y asseoir et de diriger avec les pieds, même si elle n'a pas eu celui de ne pas faire la course. Elles se sont mises à dévaler la pente de concert en poussant des cris aigus. Passant sous un grand chêne, elles ont abordé une zone de poudreuse. Les patins se sont enfoncés, les luges se sont arrêtées et ces dames sont parties en glissade, l'Irlandaise à plat ventre, Charity pesamment sur le derrière. "Mordiou !" a, me semble-t-il, lancé la première. S'essuyant le visage, faisant tomber la neige de leurs moufles et, à grandes claques, de leurs vêtements, riant à perdre haleine, elles ont remonté péniblement la pente en remorquant leurs luges pour faire une nouvelle descente.
p.83
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Non, indigné par cette lamentable incapacité de la loi naturelle à se conformer au rêve de l’homme ; indigné par ce que la femme à laquelle ma vie était fusionnée, par ce qu’était et avait été sa vie .
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« Laisser notre marque sur le monde. Au lieu de cela, c’est le monde qui nous a laissé des marques. Nous avons avancé en âge. La vie s’est chargée de nous assagir, en sorte qu’aujourd’hui nous gisons dans l’attente de mourir ou marchons avec des cannes ou séjournons sur des galeries où jadis les fluides de la jeunesse circulaient puissamment, et nous nous sentons vieux, mal fichus et désemparés. Il m’arrive parfois d’affirmer d’un ton chagrin que nous nous sommes tous fait piéger, alors que bien évidemment piégés, nous ne le sommes pas plus que la majorité des gens. »
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Cela ne commença pas sous de bons auspices. Cela commença, pour tout dire, par un différend sur fond de saute d'humeur et d'entêtement, un éclat pour une vétille, un peu comme un jour dans un volet par lequel on verrait l'incendie qui ravage l'intérieur de la maison.
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