Citations sur Les raisins de la colère (695)
- Tout le monde fait des blagues, dit Casy. Moi le premier.
- Oui, mais vous n'avez pas de péchés sur la conscience, vous.
Casy dit avec douceur :
- Pour sûr que j'en ai. Tout le monde en a. Un péché, c'est quelque chose qu'on n'est pas bien sûr. Tous ces gens qui sont sûrs de tout et qu'ont pas de péchés, eh ben moi, ce genre d'enfants de salauds, si j'était le Bon Dieu, je les foutrais hors du Paradis à coups de pied au cul ! J'pourrais pas les sentir !
Et parce qu'ils se sentaient perdus et désemparés, parce qu'ils venaient tous d'un coin où régnaient la désolation et les soucis, où ils avaient subi l'humiliation de la défaite, et parce qu'ils s'en allaient tous vers un pays nouveau et mystérieux, instinctivement, les émigrants se groupaient, se parlaient, partageaient leur vie, leur nourriture et tout ce qu'ils attendaient de la terre nouvelle...
Le camionneur ruminait rythmiquement, pensivement, exactement comme une vache. Il attendit, pour laisser toute l'importance de l’intermède précédent se diluer dans l'oubli.
Quelqu'un qui a un couple de chevaux et qui leur fait tirer la charrue ou la herse ou le rouleau, il ne lui viendrait pas à l'idée de les chasser et de les envoyer crever de faim parce qu'il n'a plus de travail pour eux.
Mais ça c'est des chevaux ; nous on est des hommes.
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Après avoir prêté leur tente pour permettre à la grand-mère de mourir
Sairy dit:
- Ne vous faites pas de tracas. Nous sommes trop contents de vous aider. Y a longtemps que je m'étais pas sentie aussi ... aussi ... en sécurité. Les gens ont besoin de ça ... de se rendre service.
Man approuva :
- C'est vrai, dit-elle.
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[...] pour n'importe qui ce serait une erreur, mais si vous trouvez que c'est un péché, alors c'est un péché. On monte ses propres péchés soi-même, pièce par pièce.
Je serai toujours là, partout, dans l'ombre. Partout où tu porteras les yeux. Partout où y aura une bagarre pour que les gens puissent avoir à manger, je serai là. Partout où il y aura un flic en train de passer un type à tabac, je serai là. Si c'est comme Casy le sentait, eh ben dans les cris des gens qui se mettent en colère parce qu'ils n'ont rien dans le ventre, je serai là, et dans les rires des mioches qui ont faim et qui savent que la soupe les attend, je serai là. Et quand les nôtres auront sur leurs tables ce qu'ils auront planté et récolté, quand ils habiteront dans les maisons qu'ils auront construites… eh ben, je serai là. Comprends-tu ?
Et craignez le temps où les grèves s'arrêteront cependant que les grands propriétaires vivront... car chaque petite grève réprimée est la preuve qu'un pas est en train de se faire. Et ceci encore vous pouvez le savoir... Craignez le temps où l'Humanité refusera de souffrir, de mourir pour une idée, car cette seule qualité est le fondement de l'homme même, et cette qualité seule est l'homme, distinct dans tout l'univers.
Et ceci encore vous pouvez le savoir...craignez le temps où l'humanité refusera de souffrir, de mourir pour une idée, car cette seule qualité est le fondement de l'homme même, et cette qualité seule est l'homme, distinct dans tout l'univers.
Les propriétaires tremblaient pour leurs biens. Des hommes qui n'avaient jamais connu la faim la voyait dans les yeux des autres. Des hommes qui n'avaient jamais eu grand-chose à désirer voyaient le désir brûler dans les regards de la misère. Et pour se défendre, les citoyens s'unissaient aux habitants de la riche contrée environnante et ils avaient soin de mettre le bon droit de leur côté en se répétant qu'ils étaient bons et que les envahisseurs étaient mauvais comme tout homme doit le faire avant de se battre. Ils disaient : ces damnés Okies sont crasseux et ignorants. Ce sont des dégénérés, des obsédés sexuels. Ces sacrés bons dieux d'Okies sont des voleurs. Tout leur est bon. Ils n'ont pas le sens de la propriété.
Et cette dernière assertion était vraie, car comment un homme qui ne possède rien pourrait-il comprendre les angoisses des propriétaires ?