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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman est la suite immédiate du tome 1 (pour mémoire, il est paru en un seul tome dans la VO : un bébé de presque 1 000 pages en anglais et 1 200 pages en français). Nous retrouvons donc Erasmas qui est sorti de sa concente et découvre sa propre planète, mais je ne vais pas trop en dire sur l'intrigue pour ne pas divulgâcher et abîmer le plaisir de lecture de ceux qui n'auraient pas encore lu la première partie.

Disons seulement qu'un énorme rebondissement arrive au milieu de ce tome !

Que dire d'autre ?

Nous retrouvons un long passage de débats philosophiques, mathématiques ou de physique (comme au début du tome 1) de plusieurs dizaines, peut-être plus d'une centaine de pages (je n'ai pas compté). Alors, soyons honnêtes, la lecture est costaude et exige un effort de concentration. L'érudition de l'auteur est indéniable, ainsi que son envie de jouer avec les concepts. Les maintes réflexions peuvent perdre plus d'un lecteur, mais si vous avez apprécié le tome 1, sachez qu'ici on est dans la même veine. Plus surprenant, tous ces débats ont une utilité dans l'intrigue, et servent à expliquer ce fameux rebondissement qui bouleverse le cadre du roman. À ce titre, je trouve que l'auteur a réussi un coup de maître. Les amateurs d'une science-fiction de haut vol s'y retrouveront.

Comme nous sommes dans une « littérature de l'imaginaire », le worldbuiding n'est pas oublié, y compris la fine description de sociétés avec leurs habitudes et leurs non-dits, ainsi que les relations complexes entre les cercles de pouvoir. L'auteur a aussi effleuré la hard SF, notamment dans la seconde partie de ce tome, mais sans jamais tomber dans un texte « écrou et boulon » ardu ou soporifique.

Peut-être peut-on trouver la conclusion un peu moins palpitante que ce que nous imaginions (l'auteur sème des indices pour une piste, et prend un autre chemin). II n'en reste pas moins que ce roman est vraiment à part dans la science-fiction contemporaine : philosophique, théorique, exigeante, fascinante, sans oublier un sens of wonder indispensable au genre.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Si le tome 1 laissait clairement entrevoir un grand roman, le 2 prouve sans conteste possible que nous avons en fait affaire à un des chefs-d'oeuvre du genre, rien de moins. Je conclurai en disant qu'Anatèm dans son ensemble n'est certes pas une lecture facile ou destinée à tous les profils de lecteurs (c'est clairement un ouvrage pour vétérans ou esthètes de la SF), mais que c'est aussi, à mon sens, un des livres qu'il faut avoir lu si on a l'ambition de connaître les oeuvres les plus fondamentales, les plus ambitieuses, vertigineuses, intelligentes, que peut offrir ce genre littéraire. C'est le type même de roman qui donne ses lettres de noblesse à la Science-Fiction, et prouve que, loin d'une sous-littérature, elle n'a en fait strictement rien à envier à la littérature blanche en terme de valeur et d'intérêt.

Ce qui précède n'est qu'un résumé et une conclusion : retrouvez l'argu... enfin disons plutôt cette fois-ci l'absence d'argumentaire sur mon blog !
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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Donc Frère Erasmas vit dans la concentre Saunt Edhar, un des lieux retiré du monde où les érudits prennent le temps d'étudier leur matière de prédilection (maths, astronomie, philosophie,…).

Du moment qu'une personne manifeste un intérêt pour la connaissance, les portes des maths sont ouvertes. Ainsi, est-il possible de se retirer du monde « séculaire » pour un an, afin de parfaire ses savoirs ou un apprentissage, ou plus longtemps. En effet, il y a plusieurs communautés au sein de la congrégation : les annuelles, les décanales (10 ans), les centenariens (les avôts qui souhaitent rester 100 ans…) et même les énigmatiques millénariens (oui…).

Ces personnes, ou avôts, rompent tout contact avec le monde extérieur – et surtout la technologie numérique – pour se consacrer à l'étude, jusqu'à l'ouverture des portes de leur communauté propre. Tous les ans, les dix ans, chaque siècle, ou au début de chaque millénaire, si vous avez bien suivi.

Ce n'est pas franchement religieux même si nous pourrions comparer Anatèm avec le Nom de la Rose d'Umberto Eco.

Cependant, cette vie n'est pas un long fleuve tranquille dédiée à la connaissance. Chaque communauté a ses factions qui se sont façonnées en fonction de leur perception des sciences, des maths, et même de leur considération des personnes et du mode de vie extérieur. Nous devinons relativement vite qu'il existe des luttes internes pour représenter le groupe d'influence qui régit l'ensemble des maths (en bref, du pouvoir). Lors d'une visite, des inquisiteurs interrogent nos avôts sur leur point de vue sur tel ou tel sujet, notamment sur le courant de pensée majoritaire à Saunt Edhar… Ainsi, les réponses apportées sont-elles cruciales.

Les choses seraient assez simple s'il ne s'agissait que de guerre intestines ou de complots de palais. Hélas, c'est loin d'être le cas, et tout commence à déraper quand un des avôts est appelé par le monde séculaire. Une étrange anomalie a été détectée dans le ciel…

Aussi, sciences et idées ont-elles une place de choix dans le roman, et il est bien possible qu'elles soient au coeur d'une bataille pas simplement fratricide….

D'ailleurs si le premier chapitre (80 pages) fait immanquablement penser au Nom de la Rose, quelques éléments se démarquent pour donner une ambiance plutôt « moyenâgeuse futuriste ». Toutefois, il faut bien patienter une centaine de pages pour que l'histoire s'emballe.
Pour un large public, même les plus exigeants

Le tour de force de Stephenson réside dans sa faculté à prendre en compte un vaste panel de lecteurs, du forçat du space-opera au vétéran de la Sf spéculative. Ce dernier trouvera matière à satisfaire sa soif littéraire.

Là aussi, l'auteur communique tout son humour (et une forme de dérision). Nous ne sommes pas sur Terre, mais sur Arbre qui est une « Terre » plus avancée technologiquement. Pythagore a été troqué par Adrakhonès qui a eu la révélation de CNOUS avec le fameux triangle. Il a deux filles, Déat et Hyléa. La première donne naissance au courant de pensée des déôlatres, méprisés par nos avôts (c'est de l'hérésie) car il favorise une quête transcendantale individuelle. de la seconde découle le monde Hylaéen suivi fidèlement par les frères et soors, basé sur un jugement scientifique reconnu comme (le seul) vrai. Bref, il y a du Kant (et la Vérité, même si l'on peut aller piocher du côté des concepts bouddhistes également) la-dessous, et de quoi satisfaire les plus exigeant en matière d'idées.

Ceci n'est qu'un exemple de comment il est possible de décortiquer le roman si le lecteur souhaite le lire avec ce niveau de lecture, sachant qu'autrement c'est plus simple. Nous comprenons que les déôlatres ne sont pas les bienvenus au sein des maths, qui favorisent largement la pensée s'appuyant sur la rigueur scientifique. La tension est grande et une scission est possible, et surtout malheur à l‘abbé l'avôt qui afficherait un penchant pour le mauvais courant.

Les idées exposées sont indissociables de l'histoire et parfaitement exposées pour notre plus grand bonheur. le rythme s'avère posé, alors ceux qui attendent un roman qui pétarde dans tous les sens risquent d'être déçus. L'intrigue n'est pas si complexe en soi, il y a un mystère à résoudre potentiellement dangereux. Cependant, les protagonistes doivent également faire face au regard des « civils » pas forcément bienveillants, ainsi qu'aux conflits internes de leur communauté, et cela a tendance à chauffer sévère. (La situation se complique également du fait des voeux exprimés).

Anatèm de Neal Stephenson n'est pas un texte SF de référence en raison de son travail d'orfèvre (et ludique) sur le vocabulaire, ni de l'exposition judicieuse de concepts philosophiques propices à la réflexion ou encore de son histoire avec des trames à tiroir. Il possède tout cela, c'est un grand roman surtout parce ce qu'il s'adresse à tous les lecteurs curieux, offrant à chacun la possibilité de s'éclater au niveau de lecture choisi. Certes, le récit s'acquiert avec une certaine patience, mais quelle récompense finale!
Lien : https://albdoblog.com/2018/1..
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui vient confirmer tout le bien que je pensais du premier tome. J'attendais de découvrir ce récit depuis des années et je dois bien admettre qu'il a fait plus que répondre à mes attentes se révélant ainsi une de mes meilleures lectures de l'année. Alors je maintiens ce que j'ai déjà dit, Anatèm est un roman exigeant, qui ne plaira sûrement pas à tout le monde tant il se révèle dense et rempli de réflexions et de passages philosophiques, de théorèmes qui, pour ma part, me stimule toujours, mais pourrait en laisser certains de côté. Pour autant cette seconde partie ne manque pas non plus d'action, de tension et d'aventures. L'univers est toujours aussi intéressant à découvrir et gagner franchement en densité principalement dans le parallèle entre les Géomètres et Arbre. Comme je l'ai dit le gros point fort vient des questionnements et des idées que soulève ce roman, mais j'ai aussi trouvé très intéressant la façon dont l'auteur reprendre certaines thématiques classiques de la SF et les utilise dans son roman de façon originale. Concernant les personnages j'ai trouvé l'évolution des personnages de la première partie intéressante et les nouveaux personnages ne manquent pas de se révéler solides et efficaces. Concernant la conclusion elle m'a paru percutante et d'une certaine façon étourdissante. Après, je regretterai peut-être une ou deux facilités dans le passage un peu « spatial » ainsi qu'à un moment un passage qui fait très jeu-vidéo et m'a peu accroché. Franchement des broutilles devant les qualités de ce livre bien porté par une plume soignée, riche et efficace.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Il va être difficile de chroniquer ce tome II, puisqu'il s'agit en fait de la seconde moitié du roman. En effet dans sa version originale Anathem est un pavé de plus de 900 pages. Pour sa publication française, les éditions Albin Michel Imaginaire ont fait le choix de scinder en deux parties ce monstre littéraire de Neal Stephenson.

Si je n'ai qu'un conseil à donner, ce serait de lire ce deuxième opus dans la foulée du premier. L'univers étant bien intégré et le vocabulaire encore bien présent, on ne rencontre plus les difficultés du début. Mais d'autres arrivent... ce second tome est peut-être plus exigeant en matière de réflexion philosophique. En particulier dans la dixième partie où de longs dialogues parfois abscons frisent le génie. Il faut s'accrocher, parfois laisser couler sans essayer de tout comprendre... la trame générale se dessine doucement et l'on découvre toute l'ironie de la situation.

Et je ne vous en dirai pas plus. Si vous avez aimé les aventures de Fraa Erasmas dans le premier tome, vous serez emballé par les épisodes suivants. Si par contre vous avez eu du mal à entrer dans cet univers, je ne suis pas sûr que cela s'arrange en lisant cette seconde partie.

A noter qu'à la fin de ce second tome se trouvent en annexe, trois Calca, c'est-à-dire trois démonstrations, trois explications scientifiques de problèmes plus ou moins simples. Cela cadre parfaitement avec le corps du texte, apporte un plus indéniable et montre bien les difficultés que nous avons de percevoir la réalité.

Un glossaire assez exhaustif est également disponible à la fin de ce second tome. le choix éditorial peut paraître osé mais pour ma part, je suis bien content de ne pas l'avoir eu dans les mains avec le premier tome. Cela m'a permis de savourer pleinement le jeu de la langue et de prendre du plaisir à chercher la signification de tel ou tel terme. La découverte d'Arbre est plus savoureuse sans cette petite aide...

Pour conclure, Anatèm est un livre rare, exceptionnel qui aborde de nombreuses thématiques sociétales, philosophiques, scientifiques. Un livre complexe mais époustouflant qui marque son temps, un livre comme on en croise peu sur sa route. Alors non, je ne suis pas sûr d'avoir tout compris ou plutôt je suis sûr de ne pas avoir tout compris mais cela n'empêche nullement la compréhension globale, ni la lecture. Anatèm est un roman scientifique qui ne laisse pas la place à la croyance ou aux superstitions, un roman qui fait la part belle aux sciences, à la philosophie et à la réflexion. Une bouffée d'air frais dans le monde d'aujourd'hui.

Lien : https://les-lectures-du-maki..
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RELECTURE 2023

Une relecture qui m'a fait voir une autre vision de l'histoire qui m'avait échappé la 1ere fois.
J'avais préféré ce tome la 1ere fois mais cette fois j'ai préféré la partie 1. L'effet de surprise n'était plus là mais cela reste dans le très haut du panier.
J'ai aussi mieux cerné certains passages notamment la fin. Je me suis rendue compte aussi que tout avait été bien préparé par l'auteur depuis la première partie. Je pense m'être plus attachée à Erasmus que lors de la première lecture. Et je suis devenue plus sensible à la critique que fait l'auteur du système mis en place, chose qui ne m'avait pas autant marquée à la première lecture. Mais il faut dire que le roman est tellement riche que cela est difficile de tout encaisser en une fois. Je suis vraiment contente de l'avoir relue. C'est vraiment un roman que je continuerai à encenser tant il est aux antipodes de ce que j'ai pu lire et parce qu'il est juste extraordinaire en tout point.

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AVIS DE 2018
Une de mes lectures preferées et une de mes plus marquantes de ma vie de lectrices Anatèm de Neal Stephenson. Cet avis concerne les 2 tomes car ils ne forment qu'un en VO.
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Voilà ce que j'en disais en 2018
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Ce roman est décrit comme difficilement abordable car il faut accepter d'être bousculé pendant 150/200 pages.  Vous n'êtes clairement pas en terrain connu. Attention, cela ne veut pas dire que c'est incompréhensible, illisible ou WTF, au contraire, c'est en fait fascinant.  Mais je suis consciente qu'il peut être difficile d'entrer dans cet univers. Personnellemenr, j'avais l'impression d'être une chercheuse, lisant un témoignage sur une civilisation éloignée, mais proche de la nôtre qui a développé son propre langage, son propre système, ses propres croyances. Et pendant 200 pages, il fallait que j'apprivoise ce monde. Par la suite, vous êtes complètement immergé et vous entrez dans le coeur du récit et de l'intrigue.
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L'histoire est racontée par fraa Erasmus (fraa=frère), un jeune chercheur qui vit dans un sanctuaire fermé au monde extérieur sauf pendant certaines périodes. Lors d'une de ces périodes des événements anodins vont perturber son quotidien plutôt calme.
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Ce qui est remarquable dans ce roman, c'est que je ne me suis jamais ennuyée.  Tout est bien amené, les explications ne sont pas faites pour annoncer un quelque événement immédiat. Fraa Erasmus est en apprentissage, il fait des rencontres, il participe à des débats, il raconte sa quotidien et celui de ses amis . Tout cela participe intelligemment à nous ouvrir les portes de cet univers.
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Des définitions parcourt le récit en les présentant comme des extraits de leur Livre. Les termes sont ensuite utilisés dans le récit comme s'ils faisaient partis du langage courant du lecteur. le roman est parcouru de néologisme et ce fut assez ludique de deviner à quoi elles faisaient références. J'en profite pour souligner le travail incroyable du traducteur car le résultat est remarquable.
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Les personnages sont attachants. Erasmus reste accessible. Il admet ses incompétences et ses défauts. J'ai tout de suite apprécié Fraa Erasmus. le ton du récit n'est ni distant ni trop érudit ce qui aurait pu
être le cas avec des personnages aussi savant.
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Les personnages qui gravitent autour de lui,
ont chacun leur attrait et ils sont facilement
identifiables. Avec du recul, je me rends compte
que ce n'est pas toujours évident surtout dans un
récit à la 1ère personne. J'ai pu me souvenir de
la plupart des personnages alors que pourtant on
les voit peu. Mais en faisant partir quotidien
Erasmus, ils le deviennent aussi pour nous.

Cela avait été mon roman préféré de 2018.
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J'étais déjà attirée par ce roman en 2 parties dans sa version grand format de chez Albin Michel Imaginaire, aussi lorsqu'il a été annoncé dans sa version poche chez le Livre de Poche (sortie le 13/10/2021), je n'ai pas résisté et je l'ai demandé en SP.

J'ai mis un peu de temps à le sortir car j'avoue qu'il me faisait un peu peur. Il est annoncé comme un incroyable croisement entre Dune et le nom de la rose. "Un roman monumental, d'une extrême exigence. On arrive au terme avec le sentiment d'avoir lu un livre majeur." (Télérama) ou encore "Un chef d'oeuvre de la science-fiction qui met longtemps à déployer son univers, mais ensuite ne vous lâche plus." (Le Parisien).

De fait, ce roman est à mes yeux un ovni. L'action ne démarre vraiment qu'à la moitié de la 1ère partie soit à environ 400 pages sur 787 pages et même ensuite, les choses prennent leur temps. L'ensemble du récit se fait sur 1400 pages, comprenant beaucoup de digressions théoriques, scientifiques, religieuses et philosophiques et pourtant je ne me suis jamais ennuyée ! J'ai trouvé le récit passionnant et addictif. La plume est magnifique, le world building juste dingue et je tiens ici à saluer le travail de traduction qui est incroyable !

Pour vous situer un peu, nous nous situons sur la planète Arbre et nous rencontrons Fraa Erasmas, un jeune chercheur vivant dans la congrégation de Saunt-Édhar, un sanctuaire pour les mathématiciens et les philosophes. Méfiante vis-à-vis du monde extérieur violent, la communauté ne s'ouvre au monde qu'une fois tous les dix ans. C'est lors d'une de ces courtes périodes d'échanges avec l'extérieur qu'Érasmas se trouve confronté à une énigme astronomique. Ce mystère va l'obliger à partir pour retrouver son mentor Fraa Orolo et vivre l'aventure de sa vie. Une quête qui lui permettra de découvrir Arbre dont il ignore quasiment tout.

J'ai effectué la majeure partie de ma lecture des 2 parties de ce roman en audiobook qui est d'excellente qualité et dont l'écoute a été totalement addictive. J'avais effectivement l'intention de n'écouter que la 1ère partie en ce mois de décembre mais je n'ai pu résister à l'envie d'enchainer directement avec la 2nde partie et de découvrir le fin mot de cette aventure épique.

Je vous recommande fortement ce roman mais avec toutefois un bémol : il me parait difficilement abordable pour les novices en SF.
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Néomatière à réflexion

Jubilation de deux tomes que ce pavé-monde des plus immersifs. L'auteur démarre par un avertissent aux non-aguerris à la fiction spéculative. Pour les amateurs de SF, pas besoin d'être prévenus, c'est tout ce qu'on a toujours cherché.
En effet, ce qui peut être rebutant, c'est le nombre de néologismes que l'auteur aligne avec une aisance suffisante pour qu'on le croie réellement habitant de la planète Arbre. Arbre est semblable à la Terre en bien des aspects, notamment par le fait que ses habitants ont des bras, des jambes, des mains et des sciences. Pourtant, le terme « science » ne sera jamais prononcé. Tous les néologismes décrivent un fonctionnement de société propre à ce monde et à son rapport à la connaissance. Ce sont quelques définition de leur Dictionnaire qui ponctuent les chapitres et insistent sur l'importance de (re)définir les concepts. Entre deux péripéties bien visuelles, on plonge profondément dans de longues discussions philosophique/scientifiques. Autour du thème « L'Homme a-t-il découvert les mathématiques, ou les a-t-il inventées ? » (pour simplifier), plusieurs écoles de pensées ont vu le jour. Évidemment, une intrigue prend place, se développe, le monde s'élargit...
Ce livre contient beaucoup de choses rebutantes comme ces longues discussions et de très longues descriptions. Mais ça ne bute jamais car tout y est fascinant. D'abord parce que tout y est nouveau, le vocabulaire, l'architecture, l'organisation sociale, mais surtout parce que chaque discussion même stérile et chaque description même interminable vous en apprend sur ce monde. Rien n'est ordinaire. Ou plutôt, même l'ordinaire paraît nouveau. Certains mots compliqués ont des équivalents simples chez nous mais rien que le mot inventé pour le décrire définit un rapport totalement différent à l'objet ou à la technique qu'il désigne.

Il y a quelque chose d'Umberto Eco et le Nom de la Rose dans ce roman, avec ces ascètes accaparés par leur soif de connaissance cadré et leur Discipline envers un mode de vie, les murs et escaliers entrecroisés dans lesquels ils vivent, avec la différence qu'ici, la grande érudition d'Umberto Eco est en intégralité imaginée.

J'aime beaucoup dans un bon livre de Fantasy me référer régulièrement à la carte géographique en début de livre. Ici, c'est une chronologie énumérant brièvement plus de 6000 ans d'histoire. le texte est assez bien écrit pour s'en passer mais s'y référer permet une meilleure compréhension encore. J'ai un regret, faute à l'édition française, c'est de n'avoir accès à cette chronologie que dans le tome 1, et au glossaire rassemblant la bonne centaine de mots inventés qu'à la fin du tome 2. Ce livre contient un cosmos et n'a pas été pensé en deux parties distinctes, c'est simplement un roman coupé en deux, sûrement pour ne pas effrayer les lecteurs devant un gros pavé. Pourtant, je crois que ceux qui seront attirés par ce type de lecture sont des férus de pavés. Pour ma part, j'en aurais bien pris encore plus, arrivé à la fin. En revanche, pour défendre l'édition française, un sacré défi a été relevé par le traducteur (Jacques Collin), car le livre (sorti aux USA en 2008) a été longtemps considéré intraduisible et on comprend pourquoi. En plus d'inventer des mots, ceux-ci forment souvent des petites boutades qui jouent sur la langue. En le lisant, je me suis demandé à quoi ressemblait le livre en anglais, tant j'avais l'impression d'être devant le délire d'un intellectuel francophone. Chapeau.

La prouesse de Neal Stephenson (et de son traducteur) est de réussir à créer une lecture fluide en présence de tous ses ennemis (monde inconnu, nouveaux mots, nouveaux concepts, nouvelles techniques). Les longues descriptions décrivent mine de rien beaucoup de choses, des lieux très grands et labyrinthiques. de même pour les mots et les concepts, c'est riche mais il faut souvent se contenter du minimum de compréhension avant que la suite ne déferle sur les lignes. Il y a donc une qualité propre à un très bon imaginaire : la densité. Deux tomes c'est beaucoup, mais c'est finalement très peu comparé à la richesse du monde décrit, son développement, son intrigue. le point de vue unique à la première personne a quelque chose à voir dans notre confort de lecture, une seule paire d'yeux est amplement suffisante à décrire cela. C'est même assez osé, car derrière la densité il y a le désir de rendre les choses faciles à saisir pour nous immerger. Là où d'autres auteurs choisiraient la polyphonie ou l'éclatement du récit pour une apparente complexité, Stephenson choisit le récit chronologique à la première personne, découpé en chapitre homogènes, à l'intérieur duquel la complexité peut s'épanouir.

Anatèm est un parfait livre de science-fiction par les (nombreux) thèmes qu'il aborde mais surtout par ce qu'il nous apporte. A travers ce monde inconnu, il met à mal notre rapport au savoir, notre rapport à l'autre, aux croyances, au mythique, il questionne notre organisation politique, et dans plusieurs domaines, il pousse très loin la spéculation sans jamais perdre de vue le plausible. Bref, comme un bon roman de l'imaginaire, il nous extériorise. Il nous sort de notre système de pensée, ce qui est indispensable à la santé de l'esprit. Stephenson n'a pas inventé tout ça tout seul, et sans les citer, il sait ce qu'il doit à tous les auteurs passés avant lui.
En plus de ça, on voyage, on en prend plein les yeux, plein les sens et plein la culture, et très souvent, on se marre.

Chef-d'oeuvre.
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Anatèm est un roman dont le monde créé est extrêmement dense et détaillé. Il est donc très dur à résumer et ce n'est pas facile de donner un avis qui soit construit, argumenté et le tout sans trop en dévoiler car justement la force de ce roman tient dans tous les éléments mis en place et leur traitement au cours de l'intrigue.
Arbre est une Terre alternative, qui ressemble beaucoup à la notre mais sans l'être. On retrouve la majorité des objets et technologies de notre quotidien mais sous un autre nom. Sur Arbre, la population est scindé en deux : d'un côté les gens qui ont une vie proche de la notre, de l'autre des communautés qui vivent cloîtrées. Les structures fermées ne s'ouvrent selon leur niveau que quelques jours tous les 1, 10, 100 ou 1000 ans. La superstition sur Arbre veut que le seul moyen de développer un raisonnement scientifique viable et fiable est de ne pas interagir avec le monde extérieur. Les consentes sont donc des équivalents de nos monastères et couvents mais pour érudits. Fraa Erasma sort au bout de 10 ans et peut découvrir en vrai les différences de modes de vie. Il se rend aussi compte que certains choses ne sont pas nette et que certains savoirs leur sont cachés. du coup il cherche à comprendre ce qui se passe quitte à perdre ce qu'il considère comme sa vie.
il faut accepter le fait qu'au mieux pendant 150p ce que l'on lit est incompréhensible. Une fois fait accepté on est plongé dans un univers génial et passionnant. Dans ce monde science et religion on plus ou moins inversé leur rôle : la science est devenu un aspect théorique qui ne s'ouvrent qu'aux privilégiés isolés et la religion doit se justifier d'exister et tenter de reprendre sa place. L'association philosophie, maths, sciences et logique est une réussite. le texte est principalement tourné sur les réflexions et débats, il n'y a donc pas beaucoup d'actions mais il y en a.
Tout a été pensé dans les moindres détail, c'est très intelligent. Mention spéciale pour avoir pensé à un détail biologique évident quand on le lit mais jamais évoqué nul part avant. Il n'y a pas que les réflexions philosophiques et scientifiques qui sont passionnantes à suivre, le traitement de la différence, de l'aspect humain et relationnel l'est aussi. Dans un monde où le milieu culturel est scindé en deux blocs hermétiques, on voit apparaitre deux visions du monde et l'on est témoin de la façon dont une rencontre entre personnes n'appartenant pas à la même communauté entre bloc permet ou non la communication. La différence apparait tout en nuance et est bien développée. On n'a pas de personnages stéréotypés ou plutôt pas de communauté stéréotypée.
Anatem est une lecture exigeante avec un fort besoin de concentration mais cela vaut la peine de se lancer.
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Pour sa publication française, Anatèm a été scindé en deux tomes. Il faut donc bien se rappeler que malgré cette séparation artificielle, les deux volumes de Neal Stephenson représente en réalité un seul et unique (monstrueux) roman. Cela présuppose que les défauts et qualités du premier tome en français s'applique bien évidemment au second. Pour les 500 dernières pages d'Anatèm, Neal Stephenson poursuit la pérégrination de fraa Erasmas qui, après avoir quitter Saunt-Édhar suite à la convoxe par le monde saeculier, a finit par partir à la recherche de fraa Orolo lui-même exilé à Orithéna sur l'île d'Ecba.

On prend les mêmes…
Pour ceux qui viennent de terminer Anatèm, ce second volume n'a donc, en toute logique, aucune surprise. Ici, Neal Stephenson continue son exploration/opposition du monde profane (qui inclut également les religieux de tout poil) et du monde mathique (ou scientifique). Cette fois cependant, l'intrigue autour des géomètres prend très clairement l'ascendant sur le reste et l'auteur américain se concentre sur le mystère représenté par la nature même de ces voyageurs venus d'ailleurs. Les conversations philosophiques passent donc dans un premier temps au second plan pour s'attaquer à des considérations plus épiques avec l'intervention directe des géomètres sur Arbre. Anatèm devient alors épique le temps d'une évacuation dantesque avant de revenir à ce que Stephenson fait le mieux : explorer des concentes.

Une visite à Saunt Trédégarh
Pour l'occasion, nous voici parachuté à Saunt-Trédégarh, une concente bien différente dans son fonctionnement de celle de Saunt-Édhar. Neal Stephenson joue avec le feu puisqu'il répète les mêmes mécanismes narratifs que dans sa première partie. le lecteur passe à travers de longs tunnels de dialogues philosophico-mathématico-astrophysique qui passionnent à nouveau grâce à l'habilité de Stephenson pour marier ses propres questionnements métaphysiques à son histoire globale. Autant dire que ceux qui ont décroché au premier tome ne risquent pas d'accrocher davantage au second. La force de cette dernière partie réside cependant dans la confrontation avec les géomètres, dans l'espace et dans le réel, où Stephenson disserte sur l'existence de plans d'existences parallèles et arrive à tirer des conclusions anthropologiques tout à fait passionnantes à ce sujet.

Suite de la critique sur Just A Word : https://justaword.fr/anat%C3%A8m-bf9f4e173704
Lien : https://justaword.fr/anat%C3..
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