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Citations sur Le trafiquant d'épaves ou Le Naufrageur (17)

À quoi bon de toute manière se raccrocher à la vie? Si je pouvais me jucher dans le verger du voisin, avoir toujours une douzaine d'années et me goinfrer de pommes volées, je ne dis pas. Mais toutes ces manigances d'adulte ne riment à rien - s'en aller sur la mer, faire de la politique, débiter des bondieuseries et j'en passe. Pour moi, une bonne noyade nette et sans bavures ferait mon affaire.
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Crever la faim n'est nulle part chose plaisante, mais c'est, je crois, vérité admise qu'il n'est pire endroit que Paris pour ce faire. L'existence y revêt de si joyeuses apparences, on s'y croirait si bien dans une immense guinguette, les immeubles y sont tellement beaux et si nombreux les théâtres, l'allure même des voitures y est si enlevée, que l'homme recru de tourment moral ou de souffrance physique y est constamment renvoyé à son triste sort. Il se fait l'effet d'être l'unique créature sérieuse dans un monde d'une épouvantable irréalité ; les quidams qui ressortent, volubiles, d'un café, la queue devant une salle de théâtre, les pleines voiturées du menu peuple qui se rend à ses frairies dominicales, les passantes en toilette voyante, les étalages des bijouteries, toutes ces visions familières se liguent pour moquer son abattement, son dénuement, sa déréliction.
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L'homme ne naît pas borné, il le devient du fait de son degré d'immersion dans une seule occupation. Ce d'autant plus qu'elle sera sédentaire, monotone et d'une sûreté sans gloire. Une bonne part de sa personne, faute d'exercice, ne se développera point ; l'autre part sera boursouflée et déformée par la suralimentation, l'excès de cogitation et la trop grande chaleur des lieux clos. Et je me suis bien souvent étonné de l'impudence de ces messieurs qui glosent et se prononcent sur la vie humaine dans une parfaite ignorance de ses cheminements naturels et de tous les éléments qui lui sont nécessaires. Il se peut que ceux qui passent le plus clair de leur temps au sein d'un cercle littéraire ou entre les quatre murs de leur atelier signent des toiles de grande qualité ou des romans délicieux. Mais il est une chose dont ils feraient bien de s'abstenir, et c'est de statuer sur la destinée humaine, car c'est un domaine qu'ils ne connaissent point. Leur propre vie est une excroissance de l'instant, vouée dans la vicissitude du temps, à passer et disparaître. La vie éternelle de l'homme, vécue sous le soleil et la pluie, affrontée à un effort physique rude, est bien autre chose et n'a guère changé depuis le début.
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Il n'était pas onze heures que l'on prit un troisième ris dans la grand-voile. Johnson déploya dans la chambre une voile suédoise en toile n°1 et, s'asseyant en tailleur sur le plancher ruisselant, entreprit activement de la remettre en état avec l'aide de deux matelots. A l'heure du dîner, j'avais déserté le pont pour descendre m'asseoir dans le coin de la banquette, pris de vertige, incapable de proférer un mot, hébété de terreur. Les bonds désordonnés de la malheureuse Norah Creina, filant comme une biche aux abois, me précipitaient violemment tantôt contre la table tantôt contre les cadres. Là-haut, l'impitoyable chasseur de la tempête passait sans discontinuer dans un vacarme ininterrompu de bruits mêlés : clameur du vent, grincement des membrures, fouettements de cordage, cognements de poulies et bruissements d'écume ; et il me semblait par moments qu'une note plus aigüe, plus humaine, pareille à la plainte d'un ange, venait à s'ajouter à l'ensemble ; j'aurais alors pu me figurer que je connaissais le nom de cet ange et que ses ailes étaient noires. Il paraissait impensable qu'une création sortie d'entre les mains de l'homme pût endurer longtemps ces violences barbares, tant la goélette était projetée d'un flanc de montagne à l'autre, battue, souffletée, tendons tiraillés, articulations tordues, comme un enfant sur un chevalet de torture.
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L’homme ne nait pas borné, il le devient du fait de son degré d’immersion dans une seule occupation. Ce d’autant plus qu’elle sera sédentaire, monotone et d’une sûreté sans gloire. Une bonne part de sa personne, faute d’exercice, ne se développera point ; l’autre part sera boursouflée et déformée par la suralimentation, l’excès de cogitation et la trop grande chaleur des lieux clos. Et je me suis bien souvent étonné de l’impudence de ces messieurs qui glosent et se prononcent sur la vie humaine dans une parfaite ignorance de ses cheminements naturels et de tous les éléments qui lui sont nécessaires. Il se peut que ceux qui passent le plus clair de leur temps au sein d’un cercle littéraire ou entre les quatre murs de leur atelier signent des toiles de grande qualité ou des romans délicieux. Mais il est une chose dont ils feraient bien de s’abstenir, et c’est de statuer sur la destinée humaine, car c’est un domaine qu’ils ne connaissent point. Leur propre vie est une excroissance de l’instant, vouée, dans la vicissitude du temps, à passer et disparaître. La vie éternelle de l’homme, vécue sous le soleil et la pluie, affrontée à un effort physique rude, est bien autre chose et n’a guère changé depuis le début.
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Tout semblait donc jusque-là parfaitement normal. Néanmoins, le médecin ne laissait pas de m'intriguer. L'individu était grand, la cinquantaine passée, le visage taillé à coups de serpe, le cheveu grisonnant déjà, avec une bouche sans cesse en mouvement et des sourcils broussailleux. Il parlait peu, mais toujours d'un ton enjoué, et son grand rire silencieux était contagieux. Je me rendis compte que, tout en étant l'excentrique du groupe, il jouissait du parfait respect de ses pairs. Je fus bientôt certain qu'il m'observait à la dérobée et je lui rendais assurément la pareille. Si, comme tout semblait l'indiquer, Carthew avait feint d'être souffrant, il était l'homme qui savait tout ou du moins beaucoup. Sa physionomie rugueuse et énergique me persuada peu à peu de sa pleine connaissance des faits. Ce n'était pas là la bouche, ce n'était pas là les yeux d'un homme capable d'agir sans savoir ou de se laisser mener au petit bonheur. Ce n'était pas davantage la physionomie d'un homme prompt à s'effaroucher face à des malfaiteurs ; il y avait même du Brutus en lui, ainsi que quelque chose d'un juge expéditif ne connaissant que la potence. Bref, il ne semblait nullement fait pour le rôle que je lui assignais dans mes spéculations. Perplexité et curiosité rivalisaient en moi.
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La ville endormie se réveilla comme par enchantement. De tous côtés accoururent les indigènes, se renvoyant les uns aux autres ce cri magique : « Un vaisseau ! un vaisseau ! » La reine, sous sa véranda, scrutait l’horizon ; pour mieux voir, elle avait abrité ses yeux sous une main, véritable chef-d’œuvre de l’art du tatouage.
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Les autres se glissèrent sous la tente et jouirent bientôt de ce bienfait qu'est le sommeil, qui échoit en tout lieu et à tout homme, qui étouffe les angoisses et accélère le temps.
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Pinkerton avait une formule bien à lui et qui mériterait d'être gravée en lettres d'or au fronton de toutes les écoles des beaux-arts : « Ce qui me dépasse, c'est que l'on veuille ne faire que cela. » L'homme ne naît pas borné, il le devient du fait de son degré d'immersion dans une seule occupation. Ce d'autant plus qu'elle sera sédentaire, monotone et d'une sureté sans gloire. Une bonne part de sa personne, faute d'exercice, ne se développera point; l'autre part sera boursouflée et déformée par la suralimentation, l'excès de cogitation et la trop grande chaleur des lieux clos. Et je me suis bien souvent étonné de l'impudence de ces messieurs qui glosent et se prononcent sur la vie humaine dans une parfaite ignorance de ses cheminements naturels et de tous les éléments qui lui sont nécessaires. Il se peut que ceux qui passent le plus clair de leur temps au sein d'un cercle littéraire ou entre les quatre murs de leur atelier signent des toiles de grande qualité ou des romans délicieux. Mais il est une chose dont il feraient bien de s'abstenir, et c'est de statuer sur la destinée humaine, car c'est un domaine qu'ils ne connaissent point. Leur propre vie est une excroissance de l'instant, vouée, dans la vicissitude du temps, à passer et disparaître. La vie éternelle de l'homme, vécue sous le soleil et la pluie, affrontée à un effort physique rude, est bien autre chose et n'a guère changé depuis le début.
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Je vais tâcher de trousser quelque chose d'à la fois court et aimable comme KB : « Masquez partout » ou LM « Votre mouillage n'est pas sûr »; ou que diriez-vous de PQH : « Transmettez à mes armateurs que le navire se comporte parfaitement » ?
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