L'Île au trésor

Nous mîmes le cap vers le port des Antilles le plus proche, car nous ne pouvions nous aventurer à entreprendre le voyage de retour sans avoir complété notre équipage. En l’occurrence, ayant dû affronter des vents contraires et quelques fortes bourrasques, nos arrivâmes à destination complètement exténués.

Le soleil se couchait lorsque nous jetâmes l'ancre dans un golfe splendide bien abrité de tous côtés. Nous fûmes aussitôt entourés par des pirogues pleines de Noirs, d'Indiens du Mexique, et de métis, qui venaient vendre des fruits et des légume, ou offraient de plonger pour aller chercher des pièces de monnaie. La vue de toutes ces figures épanouies (surtout celles des Noirs), la saveur des fruits des tropiques, et surtout les lumières qui commençaient à briller dans la ville offraient un contraste délicieux avec notre sinistre et sanglant séjour dans l’île au Trésor.

Je vivais presque en véritable prisonnier; mais la tête pleine de rêves captivants, je goûtais par avance toutes sortes d'aventures en mer et sur des îles inconnues.
Je passais des heures entières à méditer sur la carte, dont je me rappelais fort bien tous les détails. Assis près du feu dans la chambre de l'intendant, j'abordais cette île, en imagination, par tous les côtés; j'explorais chaque arpent de sa surface; j'escaladais mille fois la haute colline appelée la Longue-Vue, du faîte de laquelle je me délectais à contempler les paysages les plus merveilleux et les plus divers. Parfois, l'île fourmillait de sauvages que nous combattions; parfois, elle était pleine d'animaux dangereux qui nous poursuivaient; mais dans ces songes, il ne m'arriva rien de plus dramatique et de plus étrange que nos aventures réelles.

"Pendant un bon moment, les deux hommes restèrent à fumer sans mot dire, tantôt en se regardant comme des chiens de faïence, tantôt enrenforçant leur tabac, tantôt en se penchant pour cracher. On se serait cru au spectacle."
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yannael

Les premières phrases : C'est à la demande du seigneur Trelawney, du docteur Livesey et des autres messieurs, que je prends la plume en l'an de grâce 17... Ils m'ont prié de coucher par écrit tous les détails relatifs à l'île au trésor, du début à la fin, sans rien omettre à l'exception de la position de l'île, pour la seule raison qu'une partie du trésor s'y trouve encore. Je me reporte donc à l'époque où mon père tenait l'auberge de l'Amiral Benbow, en ce jour où le vieux marin basané, au visage entaillé d'une balafre, prit ses quartiers sous notre toit.

Je me le rappelle, comme si c’était d’hier. Il arriva d’un pas lourd à la porte de l’auberge, suivi de sa cantine charriée sur une brouette. C’était un grand gaillard solide, aux cheveux très bruns tordus en une queue poisseuse qui retombait sur le collet d’un habit bleu malpropre ; il avait les mains couturées de cicatrices, les ongles noirs et déchiquetés, et la balafre du coup de sabre, d’un blanc sale et livide, s’étalait en travers de sa joue. Tout en sifflotant, il parcourut la crique du regard, puis de sa vieille voix stridente et chevrotante qu’avaient rythmée et cassée les manœuvres du cabestan, il entonna cette antique rengaine de matelot qu’il devait nous chanter si souvent par la suite :

Nous étions quinze sur le coffre du mort...
Yo-ho-ho ! et une bouteille de rhum !

Après quoi, de son bâton, une sorte d’anspect, il heurta contre la porte et, à mon père qui s’empressait, commanda brutalement un verre de rhum.

[...] cowardice is infectious [...].

Je me réveille en sursaut et me dresse sur mon lit en entendant la voix stridente du Capitaine Flint crier à mes oreilles:
- Pièce de huit! Pièce de huit!

Un Jolly Roger sans Johnny Deep, mais avec les embruns de l'océan

Pour rien au monde, je ne consentirais à retourner sur cette île maudite. Mes plus terribles cauchemars sont ceux où j'entends le ressac tourner sur ses côtes, et où je m'éveille en sursaut à la voix stridente du capitaine Flint qui hurle à mes oreilles : "Pièces de huit ! Pièces de huit !".

On tint conseil, et il fut décidé qu'on abandonnerait les trois pirates dans l'île [...]. Cela nous fit mal au coeur à tous, je pense, de les abandonner dans cette misérable condition, mais nous ne pouvions nous exposer à une autre mutinerie ; et les rapatrier pour les envoyer à la potence eût été une cruelle forme de bonté.